Re: Grève des AED
Publié : 29 janv. 2011 17:18
Ouais je suis A.E.D., dans ma quatrieme année de plein-temps.
"ampute LA PAYE", pas LE PAYS.
"Et amputer le pays(ce que je n'ai pas dit donc..) en gelant la scolarité des enfants pendant une semaine ou deux ne me semble pas dramatique !!! moins que la sncf ou les routiers..."
Alors là, si 15 jours de fermeture des ecoles te semblent moins dramatique qu'une greve de la SNCF ou des routiers... pas de doute, ta place est dans le privé.
Voila pourquoi je ne ferai jamais greve. Fidele au poste, contre vents et marées.
Un sacerdoce. Pas un metier. Ce n'est pas un metier.
Je savais en prenant ce train qu'il avait un terminus.
En effet ca n'engage que toi, ceux qui se cassent le dos, qui rentrent chez eux crades, qui font les 3/8 avec 5 semaines de repos, qui vivront moins longtemps apres la retraite, qui cumuleront les maladies professionelles, qui nous payent et qui nous confient leurs enfants n'ont pas a etre moins payés que nous... faut pas pousser.
Viens pas me dire le contraire face a face...
Un an de magasinier, c'est pas 40 piges de travail a la chaine.
Defi relevé :
- L'ambiguité du poste, c'est le point crucial :
Je suis categoriquement contre voir des gens s'installer durablement dans la fonction.
Il faut que ca tourne, sinon ca va pantoufler comme en salle des prof. Et là c'est la catastrophe si on perd pied dans la cour.
Les surveillants sont adultes, mais parlent la meme langue que les gamins.
Les surveillants sont appelés par leurs prénoms par les gamins(dans mon bahut on a même des surnoms).
Les surveillants sont les seuls adultes qui ne sont pas regardés de travers dans la cour... et quand un adulte "inconnu" s'y retrouve, les élèves nous tombent dessus : "c'est qui lui ?"... et nous lui tombons dessus :"Vous etes qui vous ?".
Les surveillants n'interviennent pas ou peu aupres des parents.
Les surveillants sont, aux yeux des enfants, membres de la cour.. le risque de voir les surveillants s'y oublier est trop grand.
C'est trop ambigu comme fonction.
- Un etablissement scolaire est un espace blindé, tout sauf un espace public, personne ne rentre, personne ne sort. J'en repond au portail.
C'est une microsociété.
Titulariser les surveillants, c'est transformer le lieu en oppidum, tourner en rond, ne plus evoluer, voir des gens (sans qualification) regner et exercer un pouvoir enorme.
Il faut un fusible.
Le surveillant doit rester sous tension et savoir que l'erreur de pardonne pas.. sans quoi les abus et comportements je-m'en-foutistes sont garantis.
- Les surveillants doivent etre proches des enfants, plus que n'importe qui dans le bahut, donc assez jeunes tant qu'a faire.
Chaque année c'est une nouvelle fournée de gamins de 10 ans qui arrive, et le monde change si vite que le surveillant doit etre à la page pour ne pas etre dépassé ou vu comme un vieux con par les gamins.
Il faut connaitre et comprendre leur quotidien, connaitre et comprendre le jargon. Etre capable de le traduire pour les pontes du bahut.
Il faut également être dynamique, remuant, imposer, renvoyer une image jeune, apporter qqchose de personnel qui leur parle.
Ceci impose un roulement, donc le C.D.I. n'a pas lieu d'etre.
- La structure pédagogique d'un etablissement scolaire :
Nous sommes là face a des enfants, ca doit etre tres clair (alors que justement la posture du pion est ambigüe) dans leurs tetes.
Une hierarchie tres nette et visible doit se degager à leurs yeux, ils doivent sentir que ceux qui sanctionnent(meme si on ne fait pas que sanctionner) sont sanctionnables, sentir que c'est un espace de droit.
Ils doivent avoir confiance en nous et savoir ce que nous coutent nos reussites et nos erreurs.
On est en bas de la chaine, en premiere ligne.
Les pions, comme sur un jeu d'echec, sacrifiables.
C'est le principe, et notre plus grande force, que les enfants nous soient reconnaissants et se sentent proches de nous.
- La nature même du contrat que nous avons signé.
Pas d'accord ? Fallait pas signer !
En signant tu t'engages... quand tu t'es engagé, tu fermes ta gueule. On le sait que c'est un C.D.D., si ca ne plait pas, faut pas signer.
- En lisant les posts des différents sujets, rares sont ceux qui n'ont pas la dent dur contre certains de leurs collegues. Donc de l'aveu même des gars en poste, pas mal de surveillants font mal leur boulot.
Et les surveillants ne sont pas unis. Je vois mal aller revendiquer ceci ou cela avec des gars qui cassent du sucre sur le dos des collègues.
- "Ca fait 5 mois que je bosse et je pense que je vais pas tarder à me mettre en congés maladie, rien que pour les embêter..."...
Merci encore Patou... heureusement que ca ne fait pas 15 ans... Moi ca fait 3 ans et 5 mois, 0 absence. Bon courage..
Apres quoi, je me rappelle tres bien avoir été frappé par la facon dont les autres surveillants semblaient souffrir de leurs relations avec leur hierarchie.
Quand, lors de ma premiere année, on m'avait envoyé aux journées de formation, c'est vrai, j'ai mesuré ma chance d'etre dans un etablissement où les pions sont soutenus.
Le C.P.E. formateur qui etait là nous a demandé d'imaginer une devise des surveillants, j'ai ecrit au tableau "Donne-moi ton carnet !", puis j'ai eclaté de rire avec mon collègue présent a la même formation, pour briser la glace pendant que les autres pleuraient misère.
Ce C.P.E. m'a dit qu'il me plaignait de souffrir a ce point de mon boulot, il avait rien compris, c'est lui qui souffre.
J'ai été heureux de retrouver ma C.P.E..
Et je mesure aussi ma chance d'etre pote avec mes collègues.
Ca, ce n'est pas un probleme inhérent à la nature du contrat mais a la personnalité des gens en place.
Je crois qu'il n'y a pas deux etablissements où les choses se passent de la même facon.
Tout ca pour dire que la greve faut meme pas y compter.
Et puis juste un peu d'agitation, et les conditions seront durcies davantage.
Je me permet de vous rappeler que des fonctionnaires titulaires voient l'Etat rogner leurs acquis.
La tendance n'est pas vraiment au progres social.
Les titulaires perdent batailles sur batailles.
Mesurer le rapport de force, c'est aussi un signe de clairvoyance politique, et on fait pas le poids.
C'est bien beau de causer là, mais jamais le telephone n'a sonné dans notre bureau.
D'abord etre en contact, élire des representants(ouais des délégués de classe quoi), etablir une revendication realiste dans la conjucture actuelle, assurer un service impeccable, et commencer par s'asseoir et parler avant d'appeler a la greve.
Le temps que certains d'entre vous semblent passer a se plaindre, ou a eplucher les lois pour leur compte, moi je le passe a pister sur les reseaux sociaux, a chercher les risques, a depister les problemes des enfants, a dormir pour avoir la peche.
Le seul truc injuste, c'est la non-reconnaissance des efforts, du travail, de l'experience.
Là oui, je marche.
Un C.D.I. d'A.E.D. est un non-sens, "hors sujet".
C'est le principe du truc que d'etre temporaire.
A la limite, la prime de precarité est negociable... mais j'aurais pas le culot de la demander, je veux pas faire honte a ma mère.
Ca va me faire mal le jour où je rendrai mes clés.
Mais il faut aussi laisser sa place, pas dans l'interet de mon remplacant mais dans l'interet des enfants.
Qui est surveillant ?
"ampute LA PAYE", pas LE PAYS.
"Et amputer le pays(ce que je n'ai pas dit donc..) en gelant la scolarité des enfants pendant une semaine ou deux ne me semble pas dramatique !!! moins que la sncf ou les routiers..."
Alors là, si 15 jours de fermeture des ecoles te semblent moins dramatique qu'une greve de la SNCF ou des routiers... pas de doute, ta place est dans le privé.
Voila pourquoi je ne ferai jamais greve. Fidele au poste, contre vents et marées.
Un sacerdoce. Pas un metier. Ce n'est pas un metier.
Je savais en prenant ce train qu'il avait un terminus.
En effet ca n'engage que toi, ceux qui se cassent le dos, qui rentrent chez eux crades, qui font les 3/8 avec 5 semaines de repos, qui vivront moins longtemps apres la retraite, qui cumuleront les maladies professionelles, qui nous payent et qui nous confient leurs enfants n'ont pas a etre moins payés que nous... faut pas pousser.
Viens pas me dire le contraire face a face...
Un an de magasinier, c'est pas 40 piges de travail a la chaine.
Defi relevé :
- L'ambiguité du poste, c'est le point crucial :
Je suis categoriquement contre voir des gens s'installer durablement dans la fonction.
Il faut que ca tourne, sinon ca va pantoufler comme en salle des prof. Et là c'est la catastrophe si on perd pied dans la cour.
Les surveillants sont adultes, mais parlent la meme langue que les gamins.
Les surveillants sont appelés par leurs prénoms par les gamins(dans mon bahut on a même des surnoms).
Les surveillants sont les seuls adultes qui ne sont pas regardés de travers dans la cour... et quand un adulte "inconnu" s'y retrouve, les élèves nous tombent dessus : "c'est qui lui ?"... et nous lui tombons dessus :"Vous etes qui vous ?".
Les surveillants n'interviennent pas ou peu aupres des parents.
Les surveillants sont, aux yeux des enfants, membres de la cour.. le risque de voir les surveillants s'y oublier est trop grand.
C'est trop ambigu comme fonction.
- Un etablissement scolaire est un espace blindé, tout sauf un espace public, personne ne rentre, personne ne sort. J'en repond au portail.
C'est une microsociété.
Titulariser les surveillants, c'est transformer le lieu en oppidum, tourner en rond, ne plus evoluer, voir des gens (sans qualification) regner et exercer un pouvoir enorme.
Il faut un fusible.
Le surveillant doit rester sous tension et savoir que l'erreur de pardonne pas.. sans quoi les abus et comportements je-m'en-foutistes sont garantis.
- Les surveillants doivent etre proches des enfants, plus que n'importe qui dans le bahut, donc assez jeunes tant qu'a faire.
Chaque année c'est une nouvelle fournée de gamins de 10 ans qui arrive, et le monde change si vite que le surveillant doit etre à la page pour ne pas etre dépassé ou vu comme un vieux con par les gamins.
Il faut connaitre et comprendre leur quotidien, connaitre et comprendre le jargon. Etre capable de le traduire pour les pontes du bahut.
Il faut également être dynamique, remuant, imposer, renvoyer une image jeune, apporter qqchose de personnel qui leur parle.
Ceci impose un roulement, donc le C.D.I. n'a pas lieu d'etre.
- La structure pédagogique d'un etablissement scolaire :
Nous sommes là face a des enfants, ca doit etre tres clair (alors que justement la posture du pion est ambigüe) dans leurs tetes.
Une hierarchie tres nette et visible doit se degager à leurs yeux, ils doivent sentir que ceux qui sanctionnent(meme si on ne fait pas que sanctionner) sont sanctionnables, sentir que c'est un espace de droit.
Ils doivent avoir confiance en nous et savoir ce que nous coutent nos reussites et nos erreurs.
On est en bas de la chaine, en premiere ligne.
Les pions, comme sur un jeu d'echec, sacrifiables.
C'est le principe, et notre plus grande force, que les enfants nous soient reconnaissants et se sentent proches de nous.
- La nature même du contrat que nous avons signé.
Pas d'accord ? Fallait pas signer !
En signant tu t'engages... quand tu t'es engagé, tu fermes ta gueule. On le sait que c'est un C.D.D., si ca ne plait pas, faut pas signer.
- En lisant les posts des différents sujets, rares sont ceux qui n'ont pas la dent dur contre certains de leurs collegues. Donc de l'aveu même des gars en poste, pas mal de surveillants font mal leur boulot.
Et les surveillants ne sont pas unis. Je vois mal aller revendiquer ceci ou cela avec des gars qui cassent du sucre sur le dos des collègues.
- "Ca fait 5 mois que je bosse et je pense que je vais pas tarder à me mettre en congés maladie, rien que pour les embêter..."...
Merci encore Patou... heureusement que ca ne fait pas 15 ans... Moi ca fait 3 ans et 5 mois, 0 absence. Bon courage..
Apres quoi, je me rappelle tres bien avoir été frappé par la facon dont les autres surveillants semblaient souffrir de leurs relations avec leur hierarchie.
Quand, lors de ma premiere année, on m'avait envoyé aux journées de formation, c'est vrai, j'ai mesuré ma chance d'etre dans un etablissement où les pions sont soutenus.
Le C.P.E. formateur qui etait là nous a demandé d'imaginer une devise des surveillants, j'ai ecrit au tableau "Donne-moi ton carnet !", puis j'ai eclaté de rire avec mon collègue présent a la même formation, pour briser la glace pendant que les autres pleuraient misère.
Ce C.P.E. m'a dit qu'il me plaignait de souffrir a ce point de mon boulot, il avait rien compris, c'est lui qui souffre.
J'ai été heureux de retrouver ma C.P.E..
Et je mesure aussi ma chance d'etre pote avec mes collègues.
Ca, ce n'est pas un probleme inhérent à la nature du contrat mais a la personnalité des gens en place.
Je crois qu'il n'y a pas deux etablissements où les choses se passent de la même facon.
Tout ca pour dire que la greve faut meme pas y compter.
Et puis juste un peu d'agitation, et les conditions seront durcies davantage.
Je me permet de vous rappeler que des fonctionnaires titulaires voient l'Etat rogner leurs acquis.
La tendance n'est pas vraiment au progres social.
Les titulaires perdent batailles sur batailles.
Mesurer le rapport de force, c'est aussi un signe de clairvoyance politique, et on fait pas le poids.
C'est bien beau de causer là, mais jamais le telephone n'a sonné dans notre bureau.
D'abord etre en contact, élire des representants(ouais des délégués de classe quoi), etablir une revendication realiste dans la conjucture actuelle, assurer un service impeccable, et commencer par s'asseoir et parler avant d'appeler a la greve.
Le temps que certains d'entre vous semblent passer a se plaindre, ou a eplucher les lois pour leur compte, moi je le passe a pister sur les reseaux sociaux, a chercher les risques, a depister les problemes des enfants, a dormir pour avoir la peche.
Le seul truc injuste, c'est la non-reconnaissance des efforts, du travail, de l'experience.
Là oui, je marche.
Un C.D.I. d'A.E.D. est un non-sens, "hors sujet".
C'est le principe du truc que d'etre temporaire.
A la limite, la prime de precarité est negociable... mais j'aurais pas le culot de la demander, je veux pas faire honte a ma mère.
Ca va me faire mal le jour où je rendrai mes clés.
Mais il faut aussi laisser sa place, pas dans l'interet de mon remplacant mais dans l'interet des enfants.
Qui est surveillant ?