Page 3 sur 4

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 27 juin 2011 16:54
par johar
Bonjour Nina,

Oui ... Et je sais que d'autres ML ont des approches bien différentes et autrement organisées, et humaines.

La réalité des ML est que chaque structure, donc chaque direction, définit son fonctionnement et s'organise pour l'atteinte des objectifs ...

La saisie de faux entretiens passe encore, mais ce que j'observe depuis que j'ai mis les pieds dans cette structure là est à tomber de haut !

Travailler dans le social ou dans tout métier d'aide à la personne doit être une vocation et non un option de carrière par opportunisme et un service de bon copinage ...

C'est bien la réalité du terrain : le réseau, joli mot pour cacher la réalité du copinage voire du délit de faciès, a permis de mettre en place des gens totalement inadaptés à des postes qui EXIGENT une posture humaine OUVERTE ET AUTHENTIQUE.

A +

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 27 juin 2011 23:31
par nina
J'envisage comme toi ce métier et j'ai peur par ton témoignage d'avoir une désillusion, non pas que tout va bien dans le meilleur des mondes mais je pensais que c'était plus nuancé au niveau des professionnels. Tu travailles dans quelle ville?

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 28 juin 2011 07:54
par Prune
Je confirme!
Pour rentrer dans les structures c'est essentiellement le réseau qui marche (comme partout d'ailleurs!), j'y ai rencontré en tant que "cliente" des dispositifs cible emploi, trajectoire, etc, des CIP qui en fait étaient arrivés là par hasard... l'un venait d'une formation dans la viticulture et l'autre de paysagiste!

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 28 juin 2011 23:59
par johar
Nina,

C'est un super métier,je t'encourage à poursuivre ton projet; et je nuance mon propos car je sais que les pratiques sont pas les mêmes dans chaque structure.

Mais c navrant parfois de se dire : "je dis ça aux jeunes alors que je suis en train de lui servir une soupe indigeste" parce que c comme ça que la Direction a décidé d'atteindre c objectifs.

J'ai connu d'autres structures avant de débarquer en ML et de me former. Rien à voir, au contraire, mais mon expérience dans cette ML ne se poursuivra pas plus longtemps dans ces conditions.

Je travaille dans une campagne en Bourgogne, la Direction justifie ses choix par le contexte rural du bassin et la crainte de ne pas atteindre ses chiffres donc obtenir ses financements... Du coup, tous les contournements sont permis et au détriment le plus souvent des jeunes.

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 29 juin 2011 11:21
par sabine
Bonjour,


Aujourd'hui, le métier de CIP est difficile. Effectivement, la précarité est présente, il faut être en mesure d'accepter des CDD à répétition et passer d'une structure à une autre...Les conditions de travail sont parfois très limites et on ne parlera pas des outils pédagogiques. De notre déontologie personnelle que nous devons voiler pour respecter les directives données par les institutions ...

On peut être alarmiste, certes.

Toutefois, c'est un très beau métier sur lequel je m'accroche depuis quelques années. Vous avez la fibre alors foncer et ne pensez que l'on vous recrutera parce que vous avez obtenu le titre de CIP qui n'est pas reconnu. Parlez de vos capacités, de votre parcours, de vos stratégies pour rechercher un emploi. Sachez quels sont les besoins des différents publics, les mesures ...

Osez proposer une EMT aux structures sur lesquelles vous vous positionnez.

Bon courage à toutes et tous

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 01 juil. 2011 16:19
par moh
Bonjour,

Tout ce que dit Johar est vrai...mais cette situation est favorisé par qui? par quoi?
les missions locales sont asphyxiées par des contraintes budgetaires. Elles fonctionnent ainsi pour leur survie et si certaines pratiques ne sont pas mise en place, elles perissent et doivent licencier!

On est sur des siege ejectable, meme en CDI on peut etre mis à la porte!...quant au detournement de fond public, je ne pense pas qu'on puisse generaliser ainsi, l'argent n'est pas toujours utilisé pour son objectif premier, mais il passe dans le fonctionnement général...

Ce n'est que depuis 3 ou 4 ans que les ML recrutent en CDD ou en contrat aidés. Les financements ne sont plus les memes, la CPO en est la principale cause! On est obligé d'aller chercher des fonds de financement (10000 par ici, 5000 par la, 1000 la bas...memes certaines villes ne suivent plus!)

La situation de la ML où tu travailles Johar est plus que précaire apparement donc ne blame pas ta direction si elle doit justifier ses financements, alors que la conjoncture economique ne se prete pas au plein emploi!... il s'agit la que d'un simple instinct de survie, et c'est partout pareil!...


Dans les premiers temps, mes amis me disaient: tu travailles dans quoi? En mission locale...c'est quoi ca?? aaah pour les jeunes...c'est pas trop dure? en plus sur le 93?

Bref, cette meconnaissance du reseau par la populations, des entreprises et par les jeunes aussi a fait de nous des acteurs invisible qui n'ont jamais eu de crédibilité, car faute de resultat probant, faute de partenariat local efficace et faute de politique vraiment efficace. Normalement nous devrions etre connu par l'Educ Nat, par les entreprises du territoire etc...mais nous ne sommes connu que par les services sociaux, par les educateurs de rue (et encore on est pas tout a fait bien vu..enfermé dans nos bureaux, les conseillers ne savent pas qui ils recoivent, car ils ne connaissent meme pas les conditions de vie sur le territoire) Je travaille beaucoup avec des educateur de rues et parfois ils se foutent de notre gueule: vous etes dans des bureaux, vous proposez des formations bidons, vous ne faites pas au confiance aux jeunes...Tout cela est vrai..C'est vrai qu'on voit la jeunesse comme un probleme, c'est vrai que lorsqu'un ou une jeune nous dit: je veux etre programmeur et qu'il a un niveau de 4eme, on a tendance à lui rire au nez (interieurement) et à le mettre sur une plateforme de mobilisation...machin qui sert à rien parfois...Les ML aussi ne servent a rien pour la plupart des jeunes!...et c'est malheureux a dire, mais dans ce que je vois autour de moi, les CIP ML deviennent trop formaté par des formations bidons qui leur apprennent à bidonner des parcours...m'enfin,c'est mon avis...

j'espere ne pas avoir été trop long ou choquant.

Bon courage a toutes et a tous!

Re:

Publié : 01 juil. 2011 21:07
par Johar
Moh,

Je ne peux que partager ton intervention.

D'autant plus que tu analyses parfaitement la teneur des relations avec les partenaires notamment les éducateurs de rue.

Dans ma structure, les jeunes suivis par les éducateurs de rue viennent à la ML chercher des allocs et demander une prescription tant la ML a la réputation que tu décris : des gens dans le bureau qui proposent des trucs qui servent à rien ...

Je me rends compte de mon côté que les éducateurs de rue parviennent à valider des projets et à trouver des employeurs aux jeunes avec lesquels la ML n'a pas su, ou voulu selon les représentations de certains conseillers, les aider dans leurs démarches.

Du coup, ces jeunes reviennent pour une prescription SEP, Région ou autre avec le Package clé en mains de la validation de projet : enquêtes métier, connaissance formation, employeurs pour lieu de stage ou alternance ... grâce u travail des éducateurs.

Là, l'accuei ML se fait avec une rapidité édifiante, et les éducateurs nous prennent pour les guignols que nous sommes finalement.

Je blâme ma Direction,qui fait des choix de dépenses sur des actions qui ne mobilisent pas et renouvelées systématiquement, le bilan financier de 2010 est éloquent de mensonges et de fausses statistiques sur la participation réelle des jeunes sur ces actions.

Je m'étalerais pas sur les dépenses pour voiture de fonction, équipement portable pc qui ne concernent pas les jeunes mais les salariés, et quelques salariés ...

Il y a même des actions dont nous n'avons jamais entendu parler qui ont été énoncées lors de l'AG, des achats informatiques jamais vus etc etc

Que la CPO pervertisse le travail, fragilise les structures et leur fonctionnement, je l'entends et le conçois; mais qu'elle puisse pervertir l'accompagnement réel des jeunes que nous recevons car nous en recevons en triant les plus employables, le travail perd tout son sens...

Je crois en des valeurs que seules quelques directions de ML portent lors du dialogue de gestion; quand d'autres mettent la pression à leurs conseillers pour accepter de transformer leurs pratiques d'aide en pratiques de rapace ...

Trop de mensonges, de triches, j'ai pas signé pour ça ... Et je ne signerai plus jamais pour ça ...

Excusez la longueur mais j'attends vivement la fin de mon contrat et les vacances !

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 04 juil. 2011 17:31
par jojo93_28@hotmail.com
re,

Tout a fait vrai: on rigole au nez des jeunes qui viennent avec des projets qu'on pense irrealisable, mais que finalement des educateurs (plus impliqués et plus conscient des problematiques de la jeunesse), arrivent à placer en formation alternante...travail pour lequel nous sommes payés!!...
On accueil les jeunes à bras ouvert lorsqu'ils nous disent: j'ai trouvé un employeur ou une formation mais il me faut une fiche de liaison...(ca on sait faire taper des fiches de liaisons, faire le guichet et le tiroir caisse...)
Le reseau s'est endormi, et ce matin j'en parlais avec une collegue, plusieurs operateur privé et associatif se placent sur notre creneaux de jeune, et ils sont efficace, les subventions n'existent plus et sont remplacées par des appels d'offres (marché public oblige!), et bientot on sera tout simplement mis à l'ecart et on ne s'occupera plus que des jeunes infra VI!! On aura plus cette mixité de diplome...m'enfin bon!...

Concernant les problemes de ta structure, je ne peux malheureusement te dire ce que j'en pense...

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 04 juil. 2011 22:20
par johar
Jojo 93,

J'irais plus loin encore, l'avenir des missions locales ce sera une antenne jeune du pole emploi, qui se contentera de radier et de suivre des portefeuilles virtuels.

Une petite cellule sans intérêt ni pour les jeunes, ni pour les entreprises.

Quant aux jeunes niveau VI, il serait grand temps et urgemment de s'occuper vraiment de leur parcours après l'intégration forcée au civis ...

C'est la fin des ML et quand je vois le travail de destructuration de certains parcours par ces pratiques, je souhaite vivement que les éducateurs de rue retrouvent toute la noblesse de leur engagement.

Hallucinant le nombre de dérives de cette institution qui se voulait le relais de la jeunesse ... Que dalle, même pour une alloc, on leur sort tout un baratin à deux balles pour ne pas la verser parce que ils ne seraient pas assez investis dans leurs démarches avec la ML.

Pour cela, faudrait il encore que l'on ait quelque chose à leur proposer ...

Re: Travail précaire et titre de CIP

Publié : 25 nov. 2011 07:26
par heimilh
Bonjour,

CIP en Mission Locale depuis plusieurs années, je me propose (très modestement) de mettre un peu d'optimisme à ce débat.
Il est vrai que les directives de l'état ne va clairement pas dans le sens du public que l'on accompagne...Je suis conscient d'avoir la chance d'être dans une structure qui lutte, direction comprise, et des élus locaux qui nous soutiennent!J'y trouve mon compte à titre personnel. Tout n'y est pas parfait, mais travailler avec de l'humain est à chaque fois très enrichissant ! ça vaut le coup de s'investir, si on à la fibre !Mais les frustrations, paradoxe et autres P3 font parti de ce métier.
Le marché caché n'est pas un piston à mes yeux. Il s'agit des offres d'emploi non présentées à pôle Emploi (80% des offres quand même) Entretenir son réseau et le meilleur moyen de se tenir informé par rapport à ses offres.
Le titre de CIP n'est pas reconnu ! Ah bon ? auprès de qui ? des professionnels , Certainement pas, car ce sont eux qui ont sollicité l'AFPA pour former les conseillers dans les années 2004-2005 (je crois)On peut enchaîner sur un licence pro avec un titre pro, le niveau étant reconnu. Il est vrai qu'il n'est nullement obligatoire pour travailler dans l'insertion,mais il donne des bases et des outils non négligeable.....Surtout, il permet une bonne immersion dans le champ de l'insertion, et c'est la meilleure occasion pour s'y constituer son propre réseau, notamment par les stages. Enfin, c'est une très bonne passerelle pour ceux qui sont en reconversion professionnelle et non aucun autre moyen de se rapprocher de l'insertion (ce qui a été mon cas)
:wink: