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Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 04 avr. 2008 15:18
par Muriel
Mathis,
Je voudrais juste apporter quelques précisions qui me semblent importantes sur ce que tu dis.
Bien entendu je parle en mon nom. D'autres personnes peuvent très bien penser autrement.
Je ne crois pas qu'on puisse "évacuer" ses souffrances : on apprend juste à vivre avec. Il reste toujours une cicatrice, comme pour une appendicite, qui ne fait plus vraiment mal mais qui nous rappelle qu'il y a une blessure à tel endroit et que certaines situations peuvent raviver la souffrance.
Je ne crois pas non plus qu'on puisse se "réconcilier" avec son passé : on ne peut que l'accepter, lui faire sa juste place dans l'aujourd'hui puisque c'est avec ce passé que nous nous sommes construits, et surtout cesser d'avoir honte de soi, de se sentir "sali", non aimable..etc... Cesser finalement de se sentir coupable de ce qui nous est arrivé lorsque nous étions enfants.
Je ne crois pas non plus que nous soyons "purs". Nous avons tous des tendances parfois cruelles, parfois sadiques : ça ne sert à rien de l'ignorer. Mieux vaut l'accepter comme faisant partie de nous et, le cas échéant, y faire attention. C'est là seule manière d'être entier et de ne pas vivre dans le déni (ce n'est pas de ma faute, c'est toujours l'autre qui est méchant)
Pour ce qui est d'apprendre à faire confiance à l'autre, ça s'apprend : c'est juste long et ça demande aussi et surtout de SE faire confiance
Pour le reste, je vous rejoins assez...
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 05 avr. 2008 10:52
par patrick
merci pour vos reponses ..
C'est vrai je suis constement attiré vers ses personnes instables .. la precedente etait tres depressive ... celle avant etait aussi depressive et a fait plusieurs TS ... et celle que je connais maintenant souffre d'anorexie mentale .....
Surement que je devrais reprendre une therapie ...je suis conscient de mon état.. mais je ne pense pas que j'ai cette envie de changer . Cela fait 1an que je me ferme a tt rencontre ... et ici c'est vraiment le hasard ... et je m'en veux , car je souffre deja alors que rien ne s'est encore passé . C'est ridicule mais je trouve n'importe quoi pour que cela court a l'echec et que je puisse m'enfouir . Ici je l'analyse et lui trouve tt les pires defauts .. en plus de me noircir... Je connais la fin et je suis certains que cette relation va avorter ..... une fois que je disparaitrai j'aurai vraiment une bouffée de vie .. comme si j'etais passé pres du plus grand malheur qu'il puisse y avoir . Comme cette impression que je ressent quand je suis avec elle .... se mettre en péril ...savoir que je vais souffrir enormement , et ensuite je m'enfouis .. et suis heureux car j'ai l'impression d'etre "sauvé" et tt mon anxiété a disparus ...
Je suis vraiment tres triste dans ma vie , mais tres heureux de ce syndrome qui me protege de cette souffrance attroce de l'abandon ..
J'en suis arrivé dans ma vie a vivre dans une maison tt a fait sordide ... continuellement en travaux pour que justement aucune personne n'aie cette envie de vivre avec moi ... Pourtant j'ai un excellent travail et tres bon salaire ... et je vis a l'opposé de ce que pourrai me permettre ...
Une drole de vie .....
Est ce qu'une therapie de groupe est recommandée pour ce syndrome ?
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 05 avr. 2008 14:53
par Julie
"Je suis vraiment tres triste dans ma vie , mais tres heureux de ce syndrome qui me protege de cette souffrance attroce de l'abandon .. "
Voilà, vous avez franchement bien résumé ce que vous ressentez. Comment voulez-vous sortir de ce foutu engranage si vous êtes persuadé que quelque part, vous êtes heureux de d'avoir ce syndrome, car il vous protège. Je comprends tout à fait mais peut-être (si vous voulez vraiment en sortir) devriez vous établir une liste des points négatifs qui vous pourrissent la vie, et des points positifs qui découlent de ce syndrome.
Lisez peut-être "Je réinvente ma vie", et travaillez votre schéma de l'abandon. Quand on veut, on peut. Seulement on doit d'abord 1/ avoir envie de changer, 2/ avoir le courage d'affronter ses traumtismes et de se remettre en question (le courage d'être soi!) 3/être conscient que nos mécanismes de défense peuvent nous détruire, socialement, même si c'est vrai que ça nous "protège"...
Et votre maison est le reflet de votre mental. Envie de construire quelque chose, de bâtir un endroit où vous vous sentez bien, mais trop peur de partager votre espace avec quelqu'un, trop peur de prendre le risque d'être encore abandonné (je suis peut-être carrément à côté de la plaque, ce n'est que MON interprétation...).
En tout cas, vous êtes déjà conscient de ce qui vous bouffe la vie, c'est déjà un grand pas, le plus dur reste à venir... Si vous voulez des références de bouquins sur l'abandon, y'a pas de soucis. Mais, êtes-vous vraiment prêt à changer de vie??
Héhé...
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 13 avr. 2008 17:55
par dan
bonjour julie khadija et muriel
cela fait maintenant plus de 2 ans que je tente de surmonter un divorce provoqué par mon ex femme dont j ai réalisé qu elle presentait une personnalité narcissique perverse( ce dont je n avait jamais entendu parlé ).cela faisait 12 ans que nous nous connaissions, notre relation etait fusionnelle et nous elevions ensemble 2 enfants. cette rupture me plonge au coeur de ma problematique existentielle celle d un profond sentiment d abandon et elle m a fait comprendre que ma mere etait egalement une personnalité narcissique perverse ( avec laquelle je ne suis jamais vraiment rentré en contact ) et que mon pere presentait un espece de syndrome depressif chronique lié lui aussi a une enfance abandonnique;
j ai consulté plusieurs psychiatres j ai fait une therapie analytique et je crois que je vois les choses assez clairement aujourd hui mais je reste ancré dans un profond sentiment d abandon et de solitude qui m empeche de reconstruire ma vie ( qui par ailleurs presente tous les signes de reussite sociale )
mon entourage me percoit souvent a raison comme quel qu un de triste ce qui m empeche de renouer de nouvelles relations amoureuses mais j ai l impression que c est ancré en moi
comment faire pour changer cette perception de moi qu on les autres et donc changer moi meme ?
je passe souvent de longues heures dans mon lit, a eviter mes amis de peur de paraitre "lourd a porter "
j ai l impression que seule une nouvelle relation me sortirait de mon etat mais
mon etat m empeche d aller vers les autres
que pourriez vous me conseillez ? peut etre des lectures ?
dan
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 14 avr. 2008 09:37
par Muriel
Dan,
Vous avez tout à fait raison : d'un coté il y a ce besoin d'amour,justifié, pour avoir le sentiment d'exister et d'autre part la peur d'aimer due à notre enfance.
Pour ma part, le savoir intellectuel ne m'a jamais libérée. J'ai aussi essayé les techniques des psychiatres qui ne m'ont pas vraiment aidée. C'est bien trop au niveau cérébral : ben oui, j'ai souffert, et après ?
Si je peux vous conseiller, sur son site Alice Miller donne une FAQ pour bien choisir son thérapeute : je m'en suis servie, grand bien m'en fasse !
Après 2,5 ans et demi de thérapie, avec un thérapeute qui travaille avec les "trippes" enfin, je me sens libre. Comme je le disais plus haut, je n'ai pas "oublié" mon passé, je n'ai pas "réparé" non plus, il est tel qu'il est, il fait partie de moi et de ma personnalité : mais, et ce n'est pas rien, il ne m'empêche plus de vivre, d'aimer, d'être. Ce n'est plus un boulet que je traîne.
Il existe d'autres personnes qui ont un regard bien plus sain que ma mère sur la vie, des gens qui savent aimer, donner, rire. C'est vers eux que je vais aujourd'hui.
Alice Miller est aussi écrivain, sinon un très bon livre "le corps retrouvé en psychothérapie" de James Kepner
Bon courage à vous
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 14 avr. 2008 10:39
par Khadija
Bonjour Dan,
je partage l'avis de Muriel : Alice Miller est pour moi une reference pour les abandonniques bien plus que peut ne l'etre Cyrulnik. Le concept de resilience comme le decrit Cyrulnik est soumis à bien trop deconditions pour etre effectif.
"Le regard triste" des enfants qui ont vecu l'abandon reste parfois (pour ne pas dire souvent) à vie mais ca n'est pas pour autant que l'on est triste en societe. Ce regard date de notre enfance et puis il y a notre vie apres, notre caractère. Moi , par exemple, j'ai toujours le regard vide , triste, et je me marre souvent pour un oui pour un non. Mes copines viennent constamment chercher du reconfort aupres de moi!
Croyez en vous : vous avez reussi professionnellemnt, vous avez fait un long travail therapeutique, ne vous excluez pas tout seul meme si vous avez besoin de vous isoler quelquefois pour vous ressourcer.
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 14 avr. 2008 21:05
par dan
bonsoir muriel et khadija
merci pour vos conseils je vais aller consulter le site d alice miller
ce que je retiens de vos conseils c est l importance d aller vers des gens qui vous font du bien parfois c est totalement insurmontable tellement le sentiment d abandon est fort
la difficulté vient d une image souvent triste que je leur adresse cette image j ai du mal a la changer
je pense souvent a celle d un enfant qui attend désespérément a la garderie sa maman qui ne viendra jamais le chercher
je me sens toujours en insécurité
je ne suis jamais sur de moi même si professionnellement je suis reconnu pour mes qualités et que mes amis me trouvent pleins de qualités
je n ai jamais entendu un compliment ou une phrase affectueuse de la part de mes parents et ma mere n a jamais cessé de me comparer a d autres en permanence en mettant en avant leurs qualités mais jamais les miennes ( peut on en guerir ?)
merci en tout cas pour vos reponses
dan
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 14 avr. 2008 22:29
par Khadija
Bonsoir Dan,
Moi j'ai trouvé un petit palliatif (je n'ai jamais entendu quoique ce soit de positif de la bouche de ma mère et meme dans ma vie quand on me fait des compliments, je n'y crois pas vraiment) : trouver des meres de substitution. J'ai souvent eu des amies qui auraient pu avoir l'age de ma mère, je les ai aimées et elles me l'ont bien rendue. Bien sur le manque sera toujours là mais on peut apaiser le manque. Parfois la vie fait bien les choses : je te souhaite de rencontrer un "palliatif de mère" en la personne d'une voisine, de la mère d'un ami, que sais je encore. Les belles rencontres existent.
Bien à toi
Khadija
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 15 avr. 2008 09:46
par Muriel
Bonjour Dan,
Je connais bien ce sentiment d'insécurité, cet enfant qui sait qu'il ne pourra de toute façon jamais compter sur ses parents, qui se sent bien seul au monde.
Peut-on se construire malgré tout une sécurité suffisante pour mieux vivre ?
Oui, par le biais d'un long travail sur soi même avec un thérapeute compétent. Vous n'êtes plus ce petit garçon qui attend sa maman et qui doit souffrir en silence, vous êtes aujourd'hui cet adulte qui peut trouver la force de rassurer ce petit garçon et rassurer l'adulte que vous êtes devenu. Si vous rencontrez un problème aujourd'hui, contrairement au petit garçon, vous êtes en mesure de trouver une solution.
Pour vos parents, je pense à un travail de deuil, que je sais douloureux pour l'avoir traversé mais ô combien libératoire !
Ce que votre mère/père ne vous a pas donné petit, ell/il ne vous le donnera pas aujourd'hui et, de toute manière, VOUS N'EN AVEZ PLUS BESOIN. Ce travail sur soi ne se fait pas en un jour : je ne me suis pas levée un matin en me disant "génial ! ma mère n'a plus aucune influence sur ma vie"
Il m'a fallu du temps, mais aujourd'hui je suis heureuse de pouvoir écrire : "Je me fiche complètement de ce que pense ma mère, c'est son problème pas le mien ! Tant pis pour elle si elle n'est pas capable de faire autrement, moi je peux et je le fais"
Tant pis aussi pour vos parents s'ils n'ont pas su voir quel petit garçon formidable vous étiez. Tant pis pour eux s'ils n'ont pas su prendre tout l'amour que vous aviez à leur offrir
Tant pis pour eux s'ils n'ont pas voulu se remettre en question et ne pas reproduire l'éducation de leur parent
Tant pis pour eux s'il ne voient pas l'homme que vous êtes devenu.
Tant pis pour eux car vous, vous vous avez le courage de vous poser les bonnes questions et vous avez soif de vivre et d'aimer. Vous allez vous en sortir, vous allez y arriver.
Trouvez vous un bon thérapeute qui vous soutienne, vous guide, ne vous laisse pas enfermé avec tout ces ressentis, vous aide à reprendre confiance en vous et vous verrez, votre regard sur la vie sera différent, vous découvrirez VOTRE force ainsi que tout cet amour intact au fond de vous.
Vos parents ont pris un autre chemin, vous n'êtes pas obligé de prendre le même qu'eux : tant pis pour eux
Je vous souhaite bon courage, accrochez vous et dites vous chaque jour : "Je ne suis coupable de rien, c'était LEUR vision de la vie, moi je sais qu'il existe autre chose" (je vous le confirme d'ailleurs

)
Sur mon frigidaire j'ai accroché un mot : "je suis la fille de cet homme là et cette femme là" Ca m'a aidé à me sentir plus légère : chacun est remis à son juste niveau.
Re: enfant abandonnique et sentiment d'abandon
Publié : 15 avr. 2008 11:34
par Muriel
Ce qui est important à savoir, et que j'ai mis du temps à comprendre/réaliser pour ma part, c'est que lorsque les parents nous "traitent" d'idiot, de nul, etc.., ce n'est pas à nous qu'ils s'adressent. Ils s'adressent à quelqu'un d'autre : eux-même parfois, ou leurs parents. C'est comme s'ils parlaient au-dessus de nos têtes. Ils ne peuvent pas nous voir tels que nous sommes, ni nous aimer, car ils sont enfermés dans leur passé, dans leur déni.
Nous, enfant, nous le prenons pour nous. Nous pensons vraiment que nous ne valons rien et nous en souffrons parce que nous pensons que nous sommes "coupables" de ne pas être aimé.
Je pense que ce qui peux libérer l'adulte d'aujourd'hui de cette emprise parentale toxique c'est d'arriver à se rendre compte, toujours par un travail sur soi-même qui prend du temps, de ce phénomène.
Aujourd'hui moi, ça me paraît évident. Je ne souffre plus des "piques" de ma mère (que je vois très peu), je ne souffre plus de ses paroles assassines lorsque j'étais petite, de son regard sombre sur la vie : ce n'est pas à moi qu'elle parlait, ce n'est toujours pas à moi qu'elle parle : je le sais aujourd'hui, j'en ai la certitude. Et je me sens enfin libre de vivre