Re: Distribution des médicaments dan sles établissements sociaux et médico sociaux
Publié : 18 oct. 2008 10:10
(suite et fin... désolé de la coupure involontaire)
Le travail social n'est il pas d'accompagner des personnes vulnérables afin qu'elle puisse vivre (à domicile ou en établissements) "un-petit-bout-de-vie-tranquillement"?
Pour répondre à cette question voici une anecdote en guise de conclusion et afin d'illustrer mon propos...
Deux personnes, diabétiques, sont accueillies temporairement dans l'établissement...temporairement car à la base ils vivent dans leur appartement et sont accompagnées par le SAVS, et suivies dans ce cadre par des IDE qui viennent faire les dextros 2 fois par jour (matin et soir) et préparer les piluliers et/ou semainiers. L'une des deux est encore active et travaille à l'ESAT (Mr âgé de 54 ans), l'autre à la retraite (Mme âgée de 64 ans). Pour des raisons de sécurité et de santé, ils sont actuellement hébergés au foyer des travailleurs, car Mr à fait deux comas diabétiques successifs en juillet qui ont faillies lui coûter la vie car Mme n'ayant pas réagi , n'a pas fait le nécessaire pour prévenir les secours (voisins, pompiers, police ou savs) . Il s'en est suivi une hospitalisation durant qques jours puis une prise en charge hospitalière pendant la fermeture de l'établissement durant le mois d'août. au mois de septembre pour des raisons de manque de solutions ils sont donc accueillis au foyer. Depuis, il revient donc aux travailleurs sociaux de l'établissement de préparer sur ordonnances à jour, les semainiers de ces deux résidents. Voici donc ce qu'il m'arrive (fin septembre environ).
En suivant l'ordonnance à jour, je prépare le pilulier de madame, et PAR HASARD (en fouillant dans sa réserve de médicaments) je tombe sur l'ancienne ordonnance datée de début septembre...je compare donc les deux ordonnances....et me rend compte, qu'il y a un autre médicament qui n'apparaît pas sur la nouvelle ordonnance ( donc je me dis " IL MANQUE OU IL Y A EN PLUS? ") . L'infirmier venu faire les dextros étant encore présent sur le site , je profite pour lui demander des explications. "IL manque un médicament très important qui complète un autre médicament"" me dit-il. ( à savoir un diurétique - "LASILIX" - pour faire évacuer par l'urine le potassium """"diabétisé"""" donné le matin , en complément d'un """""fournisseur de potassium sain""""" - DIFFU K- donné le soir, ceci permettant une bonne fonction du système cardio vasculaire).
L'infirmier vérifie et termine de préparer le pilulier. Je fais une note pour mes cadres afin de les informer de la situation et de prendre le relais dès le lendemain et de rapidement prévenir le médecin traitant pour qu'il envoie dès que possible une ordonnance à jour pour le "LASILIX" en question. Qques jours plus tard, je rencontre mes cadres qui me félicite sur la prise en main de la situation mais qui rapidement se déchargent et me décharge des responsabilités en me confiant que de toute façon "NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABLES, NI NOUS, NI TOI", mais que "c'est une FAUTE du médecin traitant de madame".
"Tu es félicité, remercié, et déchargé des responsabilités, que veux tu de plus?" me direz-vous...Ben moi rien de plus, bien que cette situation m'interroge sur le devenir des enjeux éthique et professionnels du travail social...car au milieu de ce mic mac de responsabilités une vieille femme déficiente et diabétique aurait pu mourir dans un établissement par manque de vigilance. Si par hasard, car il s'agit bien de hasard, nul ne se rend compte de ce défaut de traitement, que serait il advenu, si admettons qu'il y ait eu un incident avec cette personne suite à ce manque?
Il y aurait eu enquête(s), accusations, défenses, puis finalement un ou des responsables aurait (ent) été nommés. UN travailleur aurait pu avoir sa responsabilité civile voire pénale engagé, ou un médecin, ou un directeur.
Par ce récit il ne s'agit nullement d'accuser l'un ou l'autre d'incompétences, mais peut être d'énoncer un peu plus les dérives actuelles du travail social...à force de se couvrir, et de chercher où se trouve les responsabilités, les personnes accueillies ou accompagnés peuvent devenir des objets, des enjeux, les travailleurs sociaux (cadres et personnels) des juristes en herbe qui se protègent et en même temps sont complètement à découvert....
Tant qu'il y aura des situations de ce genre, et que les préoccupations des uns et des autres seront de se couvrir plutôt que de se rassembler et de trouver des solutions viables ensemble, les cloisonnements resteront tels, les insititutions et établissment vont peut être devenir des monstres froid, insensibles aux événements humains. Tant que ce débat autour de la préparation et de la distribution des médicaments restera coincé entre "L'INTERDIT" et "LE TOLERE" , les pratiques et donc les praticiens du quotidien (les cadres, les travailleurs sociaux ) s'exposereont jusqu'au jour où peut être une jurisprudence verra un(e) EDUC, un(e)AS, un(e) AMP, un(e) ME.
Continuons à faire vivre ce genre de forums et à débattre- mais pas trop- car il me semble que l'entraide et l'échange d'information s et des solutions sontdes impératifs beaucoup plus importants actuellement.
Le manque de financement pour embaucher des IDE est une réalité.
Pour exemple la solution de la pharmacie me paraît intéressante...serait-il possible d'avoir des explications plus détaillées pour la construction de ce partenariat efficace, viable et sécurisant pour tout le monde? De plus, l'idée d'être partenaire avec un commerce de quartier m'apparaît tout à fait sympathique.
D'avance merci. Bonne continuation.
Le travail social n'est il pas d'accompagner des personnes vulnérables afin qu'elle puisse vivre (à domicile ou en établissements) "un-petit-bout-de-vie-tranquillement"?
Pour répondre à cette question voici une anecdote en guise de conclusion et afin d'illustrer mon propos...
Deux personnes, diabétiques, sont accueillies temporairement dans l'établissement...temporairement car à la base ils vivent dans leur appartement et sont accompagnées par le SAVS, et suivies dans ce cadre par des IDE qui viennent faire les dextros 2 fois par jour (matin et soir) et préparer les piluliers et/ou semainiers. L'une des deux est encore active et travaille à l'ESAT (Mr âgé de 54 ans), l'autre à la retraite (Mme âgée de 64 ans). Pour des raisons de sécurité et de santé, ils sont actuellement hébergés au foyer des travailleurs, car Mr à fait deux comas diabétiques successifs en juillet qui ont faillies lui coûter la vie car Mme n'ayant pas réagi , n'a pas fait le nécessaire pour prévenir les secours (voisins, pompiers, police ou savs) . Il s'en est suivi une hospitalisation durant qques jours puis une prise en charge hospitalière pendant la fermeture de l'établissement durant le mois d'août. au mois de septembre pour des raisons de manque de solutions ils sont donc accueillis au foyer. Depuis, il revient donc aux travailleurs sociaux de l'établissement de préparer sur ordonnances à jour, les semainiers de ces deux résidents. Voici donc ce qu'il m'arrive (fin septembre environ).
En suivant l'ordonnance à jour, je prépare le pilulier de madame, et PAR HASARD (en fouillant dans sa réserve de médicaments) je tombe sur l'ancienne ordonnance datée de début septembre...je compare donc les deux ordonnances....et me rend compte, qu'il y a un autre médicament qui n'apparaît pas sur la nouvelle ordonnance ( donc je me dis " IL MANQUE OU IL Y A EN PLUS? ") . L'infirmier venu faire les dextros étant encore présent sur le site , je profite pour lui demander des explications. "IL manque un médicament très important qui complète un autre médicament"" me dit-il. ( à savoir un diurétique - "LASILIX" - pour faire évacuer par l'urine le potassium """"diabétisé"""" donné le matin , en complément d'un """""fournisseur de potassium sain""""" - DIFFU K- donné le soir, ceci permettant une bonne fonction du système cardio vasculaire).
L'infirmier vérifie et termine de préparer le pilulier. Je fais une note pour mes cadres afin de les informer de la situation et de prendre le relais dès le lendemain et de rapidement prévenir le médecin traitant pour qu'il envoie dès que possible une ordonnance à jour pour le "LASILIX" en question. Qques jours plus tard, je rencontre mes cadres qui me félicite sur la prise en main de la situation mais qui rapidement se déchargent et me décharge des responsabilités en me confiant que de toute façon "NOUS NE SOMMES PAS RESPONSABLES, NI NOUS, NI TOI", mais que "c'est une FAUTE du médecin traitant de madame".
"Tu es félicité, remercié, et déchargé des responsabilités, que veux tu de plus?" me direz-vous...Ben moi rien de plus, bien que cette situation m'interroge sur le devenir des enjeux éthique et professionnels du travail social...car au milieu de ce mic mac de responsabilités une vieille femme déficiente et diabétique aurait pu mourir dans un établissement par manque de vigilance. Si par hasard, car il s'agit bien de hasard, nul ne se rend compte de ce défaut de traitement, que serait il advenu, si admettons qu'il y ait eu un incident avec cette personne suite à ce manque?
Il y aurait eu enquête(s), accusations, défenses, puis finalement un ou des responsables aurait (ent) été nommés. UN travailleur aurait pu avoir sa responsabilité civile voire pénale engagé, ou un médecin, ou un directeur.
Par ce récit il ne s'agit nullement d'accuser l'un ou l'autre d'incompétences, mais peut être d'énoncer un peu plus les dérives actuelles du travail social...à force de se couvrir, et de chercher où se trouve les responsabilités, les personnes accueillies ou accompagnés peuvent devenir des objets, des enjeux, les travailleurs sociaux (cadres et personnels) des juristes en herbe qui se protègent et en même temps sont complètement à découvert....
Tant qu'il y aura des situations de ce genre, et que les préoccupations des uns et des autres seront de se couvrir plutôt que de se rassembler et de trouver des solutions viables ensemble, les cloisonnements resteront tels, les insititutions et établissment vont peut être devenir des monstres froid, insensibles aux événements humains. Tant que ce débat autour de la préparation et de la distribution des médicaments restera coincé entre "L'INTERDIT" et "LE TOLERE" , les pratiques et donc les praticiens du quotidien (les cadres, les travailleurs sociaux ) s'exposereont jusqu'au jour où peut être une jurisprudence verra un(e) EDUC, un(e)AS, un(e) AMP, un(e) ME.
Continuons à faire vivre ce genre de forums et à débattre- mais pas trop- car il me semble que l'entraide et l'échange d'information s et des solutions sontdes impératifs beaucoup plus importants actuellement.
Le manque de financement pour embaucher des IDE est une réalité.
Pour exemple la solution de la pharmacie me paraît intéressante...serait-il possible d'avoir des explications plus détaillées pour la construction de ce partenariat efficace, viable et sécurisant pour tout le monde? De plus, l'idée d'être partenaire avec un commerce de quartier m'apparaît tout à fait sympathique.
D'avance merci. Bonne continuation.