Coucou,
Merci pour vos réponses.
Ce n'est pas tant l'existence du site que je questionne, car il a en effet la bonne fonction de mutualiser des infos sur nos droits. Mais c'est ce je ressens sur les échanges à travers les interventions de chacun qui peut me gêner.
Quelque chose qui rejoint l'été de notre société. Ceux qui le fréquentent ardemment par exemple, montrent combien ils peuvent aimer leur travail, trouver des solutions pour l'améliorer, pour se former, se diplômer... En même temps c'est souvent à travers 2 grilles de lecture. Soit une sorte de fatalisme, "on a fait 5 ans et basta, on nous vire, quelle désolation d'en arriver là, pourtant j'aime mon travail", soit juste une stratégie individuelle pour s'en sortir, point barre. Non que construire son propre avenir est une connerie (au contraire!) mais cela ne dispense pas (justement aussi parce que nos boulots relèvent du service public) de s'engager plus globalement sur la question des statuts, de la précarité, de la casse de l'éducation, etc...
:chine: Je veux quand même dire que concernant les premiers, je comprends le défaitisme devant la précarité institutionnalisée, l'isolement est fort en plus, je l'ai bien vécu dans la lutte emploi jeune avec les copains. Peu d'unité syndicale auprès de nous. Mais jusqu'où allons-nous accepter de voir nos droits progressivement laminés, nos publics davantage précarisés car supprimer les AE aura des conséquences directes et sur les apprentissages et sur le cadre des études. Et quels élèves seront les plus touchés? Ceux dont les parents n'auront pas les moyens de les mettre dans le privé! Il y a une vraie question de "Défense de l’éducation publique gratuite et laïque."
Il y a plein de questions à travers cette expérience d'emplois jeunes. Car au final, pour l'immense majorité d'entre nous ( AE comme EJ de divers secteurs) l'utilité de nos missions a été reconnue (publics, collègues, employeurs).
Ce que je veux dire, et cela rejoint des discussions que j’ai avec des profs et des CPE en ce moment, c’est que « à force de dégrader le service public (donc le droit à l’éducation, santé, … pour Tous) chacun de nos actes dans notre travail, pour ceux qui restent encore dans le public, perd de son sens ». Les copains CPE m’expliquent que les lois sécuritaires qui s’accumulent ne leur permettent plus d’exercer correctement leur travail qui consiste à prévenir les conflits, plutôt que de recourir plus systématiquement à la police. Que les suppressions des postes d’AE et de Surveillants entraînent une vie scolaire plus difficile, l’encadrement étant de moins en moins important et de plus en plus précaire. Que les profs, face à l’école de Fillon qui veut réduire les savoirs à la lecture, l’écriture, le comptage effaçant de fait toute la culture qui peut former un citoyen critique (du moins le minimum commun que peut transmettre l’école même s’il est critiquable), hé bien ces profs, face à cela, se questionnent sur leur propre rôle de « transmetteurs de savoirs ». Que peuvent-ils encore faire, avec quels moyens ? Ils sont comme vous, souci pour leurs élèves.:AieAieAie!:
Alors pourquoi ce petit discours ? Quel rapport avec la fréquentation du site ?
Je vis comme une contradiction. Aujourd’hui, il me semble très difficile de se projeter dans l’avenir, dès lors que l’on fait un boulot qui nous intéresse c’est en effet très enthousiasmant, les questions de missions, de formation émergent. Je suis passée par toutes ces étapes, EJ dans une mairie, au service culturel, j’accompagne des publics dans des projets souvent autour de l’art contemporain, je travaille également pas mal avec les écoles, collèges, lycées. J’ai fini mon EJ en septembre et depuis mon poste ayant été créé, je suis contractuelle et je dois passer le concours pour intégrer définitivement la fonction publique territoriale.
Arrivée en 1999, je suis passée par la recherche d’info sur le net, les liens syndicaux, la création d’un collectif EJ à St Denis en Idf, et avec les copains c’était souvent la même chose. On s’était démerdé chacun pour obtenir les formations que nous voulions (soit par la lutte, soit par la négociation), mais cela ne nous suffisait pas pour répondre à la question des fins de contrats. Ils nous semblait tout à fait contradictoire de bâtir un poste durant 5 ans, de s'y former, avec je le rappelle reconnaissance de tous de notre utilité sociale, pour finalement finir à la case chomdu. Que de frustrations engrangées…Il me semble qu’il faut lier les difficultés d’aujourd’hui à s’insérer vraiment dans un boulot reconnu à une politique plus globale de précarisation de nos vies. Que cette précarisation nous concerne en tant que salariés précaires, ou qu'elle concerne également l’ensemble des services publics et implique donc une qualité de vie moindre pour Tous.
Donc c’est vrai des fois, quand je lis des contributions, ça me donne l’effet d’un poisson qui étouffe dans un aquarium où l'oxygène vient à manquer, alors qu’il s’agirait de rejoindre la rivière. Des stratégies individuelles dans un monde qui nous attaque pourtant collectivement. On ne pourra pas faire l’économie de l’engagement si on pense défendre sincèrement les principes d’équité devant le droit à l’éducation, la santé, la culture … Ce serait même un contre-sens, car l'histoire nous rappelle que la plupart des acquis ont été gagnés par des movements sociaux, collectifs. Les mêmes acquis qu'aujourd'hui ont nous détruit (ex statut de pions datait de 1937). :blabla:
J’ai bien aimé ta contribution Ann, je parle des réponses que tu as apportées au député UMP, c'est très juste! Tu pouvais aussi lui dire, qu’il avait sans doute lui-même voté la création des Assistants d’Education tandis qu’il supprimait les Pions (recrutement de jeunes dans les bahuts sur critères sociaux avec des avantages pour pouvoir étudier). Pas si innocent que ça le gajo ! – 80 000 encadrants en mois par rapport à 2002, bravo l’Assemblée nationale où ils ont en effet les pleins pouvoirs ... de tout casser dans l'éducation ! Quant à l’avantage de l’âge, personnellement, je pense à une phrase de Paul Nizan : "J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. " Vu l’âge avancé de notré député, je suppose qu’il n’a pas connu les joies de la crise, suite à la fin des 30 glorieuses, et subit la longue liste des petits boulots, les jobs à 2 balles, la création de postes dans le public, sitôt créés, sitôt supprimés....
Il y a aussi une question de génération, la première qui ne gagne pas plus que celle de ses parents, l’ascenseur social en panne, le savoir "partagé" de 80% d’une classe d’âge au bac, et les déceptions "isolées" à son arrivée dans le monde actif. Si actif que ça le monde ? :hein?:
Y aurait franchement des choses à changer, ça manque d'air tout ça. Peut-être ici, est-ce à l'image d'ailleurs? Je me dis juste qu'on a la chance d'avoir un outil pour échanger, mais que nous restons le nez surle gidon. Marre d'avoir la tête dans les paquerettes !(et je suis polie hein!)
Bon, pour finir plus nice, j'étais à la manif jeudi à Paris (gréviste) il y avait du monde (50 000 personnes) le même taux de grévistes dans l'éducation que lors des plus forts jours des grèves du printemps 2003. Une AG a suivi le soir à la bourse du travail de Paris, dans les 400 personnes, la plupart de l'éducation. Une autre AG est prévue mercredi prochain, même lieu, il parait que la gueule de bois est finie, et qu'on se remet enfin de la défaite d'il y a 2 ans. Moi perso, je rêve que ceux qui n'ont pas bougé il y a 2 ans, s'y mettent. Car c'est vraiement maintenant que tout se joue, quand les services publics auront perdu la plupart de leurs missions de prévention et d'accompagnement, il sera alors trop tard.
Allez, bien à vous! :smoke: