cas de conscience...
Publié : 18 mai 2004 22:15
j'exerce dans un service d'action éducative en milieu ouvert.Depuis 1999,je suis une une famille dont les parents étaient séparés dans un cadre judiciaire.
Dûrant ces années je n'ai cessé de conforter le père dans son rôle,en lui expliquant que nous n'étions pas là pour prendre sa place mais pour "l'aider à faire" et effectivement il s'est mis à assurer, éducation des enfants (15, 13, 12, 8 ans) contacts avec les établissements scolaires, suivis médicaux, à chaque fois qu'il y avait une dificulté, il était là.
En septembre, il se réinstalle avec son ex- femme. les enfants étaient tous hyper épanouis. Ils décident d'avoir un bébé...Et là c'est la cata...La fille aînée Lise "pète un cable", elle est totalement insécurisée par rapport à sa place, pense qu'on va la délaisser et exprime son mal être partout. Je la vois la rassure, rencontre les parents, leur demande de la rassurer eux aussi, d'être vigilants.
Juste avant je pensais arrêter la mesure, dans l'idée de leur faire confiance, et de souligner l'équilibre familial qui avait été remis en place.
Compte tenu de la destabilisation des enfants provoquée par la future naissance, je revois les parents pour leur exposer mon intention de poursuivre avec un mandat de courte dûrée pour aider à la mise en place d'un nouvel équilibre, tout le monde est OK, les parents et les enfants.
48 heures avant l'audience, alors que j'avais envoyé mon rapport souligant les efforts des parents, appel du collège : Lise a fait des "révélations" à l'A.S. scolaire, elle accuse son père d'inceste, alors qu'elle ne m'a rien dit dans le cadre de l'AEMO. l'AS ne "sent" pas ces déclarations, pas plus que moi d'ailleurs. Elle demande l'avis du médecin scolaire, qui après avoir entendu l'enfant décide de signaler.
Compte tenu de l'imprévu de cette situation je préviens le juge des enfants, demande que l'ado soit entendue seule. Ce qui est fait. Elle maintient ses accusations, explique qu'elle en a parlé à sa mère la veille qui ne la pas crue.
Les parents sont entendus. Le père s'éffondre, disant qu'il n'y comprend rien, que jamais il n'a eu un geste déplaçé, la mère s'effondre à son tour expliquant qu'il est impossible que son conjoint ait agi ainsi, qu'il a toujours eu des relations père-fille saines et correctes... l'ado pendant ce temps réfléchit dans la salle d'attente.On lui explique que si pour x raisons elle ne se sent pas bien dans sa famille, elle n'a pas besoin d'accuser son père, qu'une mesure de protection sera prise car elle exprime un profond mal être.
La fille revient, persiste et signe. Le signalement du médecin scolaire n'est pas arrivé. On me demande de placer la jeune à la sortie de l'audience. Les parents sont sous le choc,les frères et soeurs aussi.
La jeune est acueillie dans un foyer d'urgence, je retourne la voir aucun changement.
Mon "intime conviction" me dit que ça n'a pas pu arriver pourquoi ne s'est elle pas confiée à la personne là pour la protéger? elle ne peut pas me répondre.Elle confirme tout en bloc.
Je n'ai aucun moyen pour infirmer ou confirmer... Si c'était vraiment arrivé? je ne peux pas remettre en question la parôle de l'enfant sans preuve.
De la même manière, j'ai beau être persuadée que le père n'a pas commis ces actes, en aucun cas je ne peux en apporter la preuve. Quant à ma conviction tout le monde s'en fout...
Il va y avoir une enquête de la BM c'est sûr,
la famille est totalement dévastée, ne comprend pas ce qui lui arrive...Les parents
n'entendent plus rien, sont persuadés que j'ai agi dans le sens d'un placement, puisque c'est bien le juge qui a pris cette décision.Les frères et soeurs sont afollés, pensent qu'on va les placer eux aussi.
j'ai décidé de jouer sur la transparence, de lire mon rapport in extenso à la famille( de toutes manières, ils peuvent avoir accès au dossier depuis septembre 2003,)
J'ai demandé au collège de recevoir les parents ( ça n'avait pas été fait) car lorsque l'on signale on doit avoir la correction de dire pourquoi.
Je trouve que l'on "encaisse" beaucoup dans ce métier,mon équipe ne sent pas non plus la culpabilité du père...
On est bien peu reconnus eu égard à de telles situations, et les chocs affectifs que cela déclenche,y compris lorsque l'on tente de faire peuve de professionalisme et le distances, je pense que l'on est profondément atteints...
Dûrant ces années je n'ai cessé de conforter le père dans son rôle,en lui expliquant que nous n'étions pas là pour prendre sa place mais pour "l'aider à faire" et effectivement il s'est mis à assurer, éducation des enfants (15, 13, 12, 8 ans) contacts avec les établissements scolaires, suivis médicaux, à chaque fois qu'il y avait une dificulté, il était là.
En septembre, il se réinstalle avec son ex- femme. les enfants étaient tous hyper épanouis. Ils décident d'avoir un bébé...Et là c'est la cata...La fille aînée Lise "pète un cable", elle est totalement insécurisée par rapport à sa place, pense qu'on va la délaisser et exprime son mal être partout. Je la vois la rassure, rencontre les parents, leur demande de la rassurer eux aussi, d'être vigilants.
Juste avant je pensais arrêter la mesure, dans l'idée de leur faire confiance, et de souligner l'équilibre familial qui avait été remis en place.
Compte tenu de la destabilisation des enfants provoquée par la future naissance, je revois les parents pour leur exposer mon intention de poursuivre avec un mandat de courte dûrée pour aider à la mise en place d'un nouvel équilibre, tout le monde est OK, les parents et les enfants.
48 heures avant l'audience, alors que j'avais envoyé mon rapport souligant les efforts des parents, appel du collège : Lise a fait des "révélations" à l'A.S. scolaire, elle accuse son père d'inceste, alors qu'elle ne m'a rien dit dans le cadre de l'AEMO. l'AS ne "sent" pas ces déclarations, pas plus que moi d'ailleurs. Elle demande l'avis du médecin scolaire, qui après avoir entendu l'enfant décide de signaler.
Compte tenu de l'imprévu de cette situation je préviens le juge des enfants, demande que l'ado soit entendue seule. Ce qui est fait. Elle maintient ses accusations, explique qu'elle en a parlé à sa mère la veille qui ne la pas crue.
Les parents sont entendus. Le père s'éffondre, disant qu'il n'y comprend rien, que jamais il n'a eu un geste déplaçé, la mère s'effondre à son tour expliquant qu'il est impossible que son conjoint ait agi ainsi, qu'il a toujours eu des relations père-fille saines et correctes... l'ado pendant ce temps réfléchit dans la salle d'attente.On lui explique que si pour x raisons elle ne se sent pas bien dans sa famille, elle n'a pas besoin d'accuser son père, qu'une mesure de protection sera prise car elle exprime un profond mal être.
La fille revient, persiste et signe. Le signalement du médecin scolaire n'est pas arrivé. On me demande de placer la jeune à la sortie de l'audience. Les parents sont sous le choc,les frères et soeurs aussi.
La jeune est acueillie dans un foyer d'urgence, je retourne la voir aucun changement.
Mon "intime conviction" me dit que ça n'a pas pu arriver pourquoi ne s'est elle pas confiée à la personne là pour la protéger? elle ne peut pas me répondre.Elle confirme tout en bloc.
Je n'ai aucun moyen pour infirmer ou confirmer... Si c'était vraiment arrivé? je ne peux pas remettre en question la parôle de l'enfant sans preuve.
De la même manière, j'ai beau être persuadée que le père n'a pas commis ces actes, en aucun cas je ne peux en apporter la preuve. Quant à ma conviction tout le monde s'en fout...
Il va y avoir une enquête de la BM c'est sûr,
la famille est totalement dévastée, ne comprend pas ce qui lui arrive...Les parents
n'entendent plus rien, sont persuadés que j'ai agi dans le sens d'un placement, puisque c'est bien le juge qui a pris cette décision.Les frères et soeurs sont afollés, pensent qu'on va les placer eux aussi.
j'ai décidé de jouer sur la transparence, de lire mon rapport in extenso à la famille( de toutes manières, ils peuvent avoir accès au dossier depuis septembre 2003,)
J'ai demandé au collège de recevoir les parents ( ça n'avait pas été fait) car lorsque l'on signale on doit avoir la correction de dire pourquoi.
Je trouve que l'on "encaisse" beaucoup dans ce métier,mon équipe ne sent pas non plus la culpabilité du père...
On est bien peu reconnus eu égard à de telles situations, et les chocs affectifs que cela déclenche,y compris lorsque l'on tente de faire peuve de professionalisme et le distances, je pense que l'on est profondément atteints...