Le Social

Bonjour,

J'aimerais pouvoir échanger les souvenirs et ressentis avec des enfants d'hier placés en famille d'accueil ou foyer qui sont devenus des adultes aujourd'hui.

Qui êtes vous aujourd'hui ? est-ce que vous vous sentez différents ? avez vous déjà échangé avec d'autres personnes ayant été placés ? existe t'il une association ? un lieu de rencontre ?

Je suis une jeune femme de 28 ans qui vient tout juste de s'interesser à son passé. Un choc emotionnel récent a fait ressortir des emotions et sensations desagréables ; qui s'avèrent n'avoir aucun lien avec ce choc mais avec mon passé d'enfant placé.
Alors, aujourd'hui je souhaite comprendre mon passé, pour mieux me comprendre, mieux me ressentir, savoir pourquoi je me sens fragile, blessée, abandonnée, trahie et pourquoi j'ai cette angoisse du "et demain ?".
J'ai été placée à 4 ans d'abord en foyer puis en famille d'accueil pendant 13 ans. Je me suis toujours considérée comme chanceuse puisque j'ai passé des moments extraordinaires avec ma famille d'accueil et entretiens encore aujourd'hui de forts liens familiaux. J'ai grandi comme une petite fille heureuse. J'ai egalement eu des bonnes relations avec ma mère naturel. j'ai jamais "demandé des comptes".. ni posé des questions.. sentant beaucoup de souffrance de son coté. je suis une personne qui deteste les conflits et je n'assume pas le mal que mes interrogations pourraient faire.
Mais malgré cela pour mon bien être et celui des personnes que j'aime j'ai commencé à rechercher les réponses à mes questions. Ce n'est pas facile, je me rend compte que j'ai vécu et survécu à tout cela simplement parce que je ne voyait que ce que je voulais voir. J'ai toujours été très positive et surtout eu "la rage de vivre".
Petit à petit tout se deconstruit... les bases sur lesquelles je me suis appuyée pour avancer ! Je suis souvent envahie par la tristesse et la colère. Je sais et sens que c'est juste une période desagréable mais qu'au bout m'attend le soleil.

Y a t'il des personnes qui ont vécu cela ? ou le vive à présent ? ou font des demarches pour comprendre ce qui s'est passé ?

au plaisir de vous lire très bientôt..

Sonia

Bonjour Sonia,
Je ne suis pas un ex enfant placé mais un responsable de centre educatif exercant ce métier et auparavant celui d'éducateur depuis maintenant de nombreuses années.
Je reste en communication avec de nombreux anciens et suis parfois amené à reparler avec eux de leur vécu antérieur....
cette question m'intéresse aussi en tant qu'acteur de cet acte non banal d'accueillir des jeunes dans des structures qui ne peuvent aussi bien soit -elle, remplacer une famille, compenser des manques, des absences, des démissions, .....
Je veux bien échanger avec vous si vous le souhaitez
bon courage à vous
FB

bonjour,
pour mon cas si cela peut t'aider? j'ai demander mon placement a 14 ans car je sentais que je dérivais.je confirme que la reconstruction n'est pas évidente.
je suis aussi actuellement en crise identitaire avec certainement les même questions que toi.quand tu dis que tu ne veux pas en discuter cela ne me parait pas judicieux car pour se construire il faut connaitre ses origine et l'origine de nos maux, moi non plus je n'arrive pas à discuter avec ma mère car c'est douloureux pour tous.
voila un aperçu de mon passé si tu veux discuter, je suis disponible .
joelle
35 ans

Bonjour,

Etudiante en formation assistante de service social, je fais actuellement mon mémoire sur la maltraitance envers les enfants, et plus particulièrement sur les conséquences qu'a la maltraitance sur la construction identitaire d'une personne.

Je recherche donc des personnes qui désirent témoigner. Les témoignages sont anonymes. N'hésitez pas à me contacter.

Merci.

Les conséquences?? Dur de répondre au nom de tous.. Chaque être est différent, vit différamment les événements, et ne les surmontons pas de la meme façon. Dans une meme fratrie avec les meme mauvais traitements les souvenirs qui restent en chaque adulte en devenir sont incroyablement différents!! Nous naissons avec certains traits de caractère, certaines fragilités etc. Donc forcement nous ne pouvons éprouver les mêmes conséquences d'un vécu douloureux. G vraiment beaucoup de chose a dire et pourrais passer des lustres a ne finir d'en parler... Pour moi, je trouve la vie injuste jusqu'au bout puisque, je vais donner l'exemple qui m'a toujours posé question; les personnes handicapées ont une reconnaissance de leur handicap, pour celle qui souffre d'une maladie mentale, c'est presque aussi bien reconnu. Par contre quelqu'un qui a souffert ou qui souffre de l'impact moral de mauvais traitement récent ou passé ne bénéficie d'amenagement, de reconnaissance a moins que ces mauvais traitement n'aient rendus fous. Je ne sais pas si je suis claire mais dur a exprimer clairement. Autre chose; c'est l'enfant que l'on retire de sa famille et choisi ou non par celui-ci, c'est dur a vivre, les maltraitants eux restent en place et continuent généralement a percevoir les allocations pour l'enfant eh bien sachez que ce détail est dur a digérer mais n'est presque rien a cote de la violence du reste! Une fois adulte.. Manque d'estime de soi, crise identitaire, échec scolaire et pro.., méfiance envers les autres, risque de surinvestissement ou désinvestissement de ses enfants, choix du conjoint étrangement lie a un père lui meme défaillant, dépression a répétition ou bien une force incroyable de vie a toute épreuve rage de vivre et compagnie.. Rien n'est une fatalité tant que l'espoir d'une vie meilleur subsiste. C'est pour ça que toutes ces professions sont nécessaire dans l'accompagnement de ces enfants maltraites ou a risque mais ce qui est parfois négligé.. C'est que un accompagnement éducatif etc certe mais n'oubliez pas qu'avant toute chose ces enfants jeunes et moins jeunes ont besoin plus que tout d'aaaaamour. Ce qui me parait être un tabou!! Mais!? Si les parents maltaitent, l'ase, juge les placent, les educ éduquent, la maitraisse de maison de bon ptits plats ou presque reste a savoir qui va les aimer???? Inchallah les familles d'accueil!!! Et encore j'ai quelques malheureux témoignages. Si vous regardiez au fond de vous meme, dans la mesure ou vous n'avez pas vecus ce genre de traumatisme qu'est la maltraitance sure que pourriez affirmer en toute conscience que, vos parents vous ont élevés mais ils vous ont surtout aimés et qu'ils vous aiment encore!!? C'est a mon sens la conséquence la plus désastreuse d'un mauvais traitement et qui plus est sans amour. Car se savoir aimé donne sens a la vie. Donne toute la force pour surmonter des faiblesses mais il n'y a pas de fatalité. Car, si je prend mon exemple un educ qui me tend la main la ou il la prise en charge n'a plus lieu c' est aussi de l'amour du moins un intérêt réel d'humain a humain. C différent d'un accompagnement éducatif ou le soutien s'arrête quand prend fin la prise en charge.. Un coup de fil, un resto, un joyeux anniversaire bref la rencontre qu'il fallait au bon moment et qui dure encore aujourd'hui. Grosse pensée a ma marraine de cœur. Cendrillon

Vous autres qui lisez ceci, qu'en pensez-vous? Et vous aud avez-vous avancé dans votre memoire?Domages, j'aimais bien ce theme pour une fois qu'on nous donne la parole... Cordialement, sand.

J'ai été placé en famille d'accueil/foyer et oui c'est dur le manque d'affection/ d'amour reste ancré très profondément.
Il y a une association qui aide les ex enfants placés ("les pupilles de l'Etat, les personnes admises ou ayant été admises dans les services d'Aide à l'Enfance")quelque soit l'âge que vous avez aujourd'hui, c'est l'ADEPAPE, il y en a plusieurs en France.
J'y suis allée un peu, je voulais rencontrer d'autres personnes comme moi ici, et comme le manque d'une famille est très présent je me disais que j'aimerais bien essayer de m'en construire une avec d'autres qui sont aussi en manque de famille. Mais apparemment il ont essayé à une époque ils faisaient des rencontres mais ont laissé tomber car ça ne fonctionnait pas.
Voilà, si tu veux qu'on communique, n'hésite pas.

Bonsoir lilou, suis ouverte a l'échange si tu repasse par la laisse ton mail!!! Merci. Sinon continuons sur ce forum mais..

Il existait une institution le parrainage qui tout en conservant les liens avec la famille élargie d'un enfant mais qui ne peut l'assumer pour des raisons économiques ou d'âge, le confie à une famille qui souhaite le considérer comme le sien même si les liens juridiques ne sont pas établis.
Je ne sais pas où cela en est actuellement.
voir avec l'EFA.

Cendrillon, je ne peux qu'approuver ce que tu dis.
Ce n'est pas anodin d'être placé. Dans la mecs où j'ai passé mon adolescence nous avons toutes vécu des choses horribles et tout dans nos comportements (auto-mutilation, dépendances a des toxiques, tendance a se retrouver dans des relations ''amoureuses'' abusives) indiquait que ces violences avaient eu un impact desastreux sur nos vies.

Pourtant, les éducateurs ne nous aidaient en rien. Ils étaient là pour punir, juger. Avec souvent un sexisme intolérable a l'encontre de jeunes filles souvent victimes de violences dites sexuelles.

C'est très dur de se construire a partir d'une Histoire de violence. Le fait que ces ''professionnels'' ( et le reste de la société...) s'entête a nier l'impact des traumatismes sur nos vies tout en nous condamnant pour nos comportements de survivant-e-s révèle une tendance a blâmer les victimes mais pas leurs bourreaux.

J'ai l'impression que la formation des éducateurs et leurs préjugés ne leur permettent pas d'assurer une prise en charge constructive, structurante pour les ''jeunes''.


Pour celles et ceux en recherche de réponses honnêtes sur leur passé, le ''rôle''de la violence dans la construction, je recommande le site du docteur Muriel Salmona.