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travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 02 juil. 2012 19:54
par Christine
11ans que je bosse dans le social...11ans que je me demande combien de temps on peut tenir dans ce domaine...11 ans que je vois de + en + de collègues sombrer dans la dépression, l'usure, le burn-out...11ans que j’essaie par tous les moyens d'exercer ce job du mieux possible tout en me protégeant à minima...et 2 ans au total ( 1an 1/2 y'a 10 ans puis depuis 6 mois) que je prends des antidépresseurs...et vous c'est quoi votre remède antidéprime? avez-vous réussi à quitter ce domaine ou à être un travailleur social épanoui et équilibré?
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 04 juil. 2012 10:54
par Baleste
Question récurrente. Universelle dans les monde du médico-social. Toujours sans réponse et qui fait toujours aussi mal.
On peut se demander pourquoi, malgré cette image déplorable, il y a tant de candidats aux écoles d'éducs alors qu'ils s'orientent vers la déprime, les conflits, le découragement.
Ceux que j'ai vu tenir avec le plus d'humanisme ont fini par être dirlos et ont pu mettre en place des idées intéressantes pour le bien et les progrès des usagers, mais les autres ??,
Beaucoup d'éducs, épuisés, changent provisoirement de métier. Pour ma part, j'ai vendu des livres en porte à porte. Je me suis fais un blé terrible et je suis revenu tout tranquille vers le job d'éduc en relativisant les difficultés car... chez les autres c'est pas mieux. Des cons, il y en a partout.
J'ai un copain qui a vendu des jambons (il faut le faire, aucune relation entre éduc et les jambons sinon quelques grosses cuisses d'éducatrices sans diplôme)
Il est revenu.
Un autre qui a vendu des voitures, un autre qui a monté une boutique de produits de beauté.
il est revenu.
Mais beaucoup sont partis définitivement : comme ce type parti élever des chèvres sur le causse. Il est satisfait car il est parti sans amener sa rancœur, et je pense que c'est le plus important : laisser tomber le malais, oublier les cons (et dans notre corporation, ils se montrent. Mieux, ils s'étalent, se répandent..."
Bon courage et tiens le coup si tu as des convictions !
PS pour mieux comprendre, tu vas sur Google et tu tapes "Penses impertinentes d'un mortel atypique". Tu comprendras mieux, lorsque je parle de cons partout !!! Ce sont des manchots de ce genre qui arrive à démotiver les éducateurs un peu humanistes.
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 04 juil. 2012 10:56
par Baleste
Je reviens sur le post une seconde pour te dire de laisser tomber les antidépresseurs. Vas plutôt faire un footing trois ou quatre fois par semaine. Une heure et demie de bonne course te feront produire de l'andoamporphime (je crois que ça s'écrit comme ça) et c'est un dopant naturel.
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 04 juil. 2012 18:19
par Christine
Merci beaucoup d'avoir répondu!!
Je ne sais pas encore si je vais devenir directeur ou vendre du fromage de chèvre mais ce qui est sure c'est que je reduis peu à peu les antidépresseurs et vais continuer à refaire le monde!!Quand au footing, je l'échange contre piscine/marche et sortie avec les proches

En tout cas maintenant, je suis rassurée et je sais que tout est possible. En plus j'ai pas mal de lecture en vu avec le lien du site de Renatus en attendant que ma demande de Congé Individuel de Formation aboutisse!
Merci pour ces notes d'espoir.
Je vous souhaite un bel été!!
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 10 juil. 2012 20:16
par almerla
Bonjour,
Cela fait 10 ans que je suis diplômée après un déménagement j'ai accumulé les CDD et donc j'ai rencontré de nombreux professionnels proche du burn out et même des équipes entières. Ces professionnels exerçaient depuis 10-15 ans. Ce qui m'a "sauvé" c'est le fait que j'ai travaillé dans différentes structures (foyer, aemo...)et différents publics et puisque je n'étais que de "passage" je pense que je prenais les chose avec beaucoup plus de recul même si voir mes collègues dans ces états me faisaient prendre conscience de toute la difficulté de nos métiers. A l'inverse j'ai vécu la précarité ce que je ne souhaite pas revivre . Maintenant je suis en CDI j'ai fait le "choix" d' être dans un structure ou je suis moins enclins a voir de la violence physique, de l'agressivité au quotidiens... J'ai une partie administrative et gestion qui me plait. Je reste dans le sanitaire et social tout en étant un peu moins sur le terrain.C'est un bon compromis.
Je pense que la voix de la formation est la meilleure pour prendre du recul et pourquoi pas changer de structure et même de fonction. Une de mes anciennes collègues l'a fait elle a entamer un master "responsable de formation" et très franchement cela lui a fait un bien fou autant dans sa vie perso que sur le terrain.
Bon courage!!!
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 26 juil. 2012 02:39
par Juliette
Bonjour,
Perso, cela ne fait que quelques années que j'exerce mon métier de conseillère ESF mais longtemps que je travaille. Je suis passée par d'autres diplômes (rien à voir dans la gestion financière!!!) et occupé de nombreux emplois, tous aussi motivant les uns que les autres, en passant par la gestion de foyer, la direction de services d'aide aux femmes victimes de violence et même le recouvrement..Je crois que la diversité de mes activités m'a permis de me rendre compte des limites de chaque domaine d'activité dans lequel j'ai exercé et aujourd'hui j'aspire à me poser.
Bien que je suis confrontée comme vous et peut être plus (je travaille en Martinique maintenant et vraiment il y a un énorme retard dans l'approche du travail social) à l'usure professionnelle du fait du niveau de pauvreté, au sens large du terme, des familles mais aussi des institutions (complètement sclérosée par ce "i bon kon sa" autrement dit "n'en faisons pas plus, c'est suffisant) , je garde espoir car des témoignages, rares mais riches, me parviennent des personnes que j'aurai, un tant soit peu, permis d'avancer et de poursuivre leur progression que je suis convaincu du bien fondé de mon action. Il faut dire aussi que j'exerce dans une structure ou j'ai (mais je pense que cela tient aussi de mon caractère) une certaine marge de manoeuvre. De fait, la diversité de mes missions me permets de mener les projets que j'ai à coeur et qui je pense (j'espère) sont porteurs d'espoir pour les personnes qui en bénéficient. Il faut vraiment que ceux qui s'engagent dans la voie du travail social, le fassent avec conviction et acharnement. Ne pas se laisser corrompre par la lenteur du système ou toutes les embuches qui sont sur notre chemin, ne pas toujours écouter nos directions (qui n'ont pas les mêmes objectifs que nous souvent, même parfois complètement à l'opposer des nôtres) et résister plus que tout.
Car en réalité, si l'on réfléchit bien, nous sommes souvent le rempart entre les aberrations de notre système (dont tous nous participons pourtant) et l'évolution des personnes pour éviter qu'elles ne sombrent dans la machine qui broie tout: les potentialités comme les espoirs de devenir.
C'est ainsi, en tout cas, que je me rassure. (dernière petite chose: se barricader dès que l'on a fermé la porte de son bureau ou du lieu ou l'on intervient et s'offrir un peu de bon temps. Pour ma part, c'est le bon petit punch le vendredi soir entre amis ou regarder les nuages passés, je vous assure c'est très reposant!!!)
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 06 août 2012 17:41
par christine
"Vraiment partir ou vraiment rester" il n'y a pas d'autres possibilitée!! Car rester résignée, blasée, découragée, anesthésiée ou sclérosée par le système, c'est mourir un peu!Ca c'est certain!!J'ai déjà beaucoup changé aussi à la poursuite de mes utopies, boostée par mes convictions...Rempart, éponge, tampon, lien,garant, goutte d'eau, peut importe l'image, j'aspire à la vie et non la survie. Je continue ma quète, les formations, les réunion DP/CE, demande de CIF,la peinture, les loisirs, la famille, les amis...et essaie de ne pas trop abuser du Tipunch ou autres apéros pour éviter de devenir aussi alcoolique que mon public!! J'espère aussi ne pas sombrer dans la folie!! Merci pour vos témoignages!! ca fait plaisir de voir qu'on n'est pas seul à se (dé)battre!!
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 23 août 2012 14:15
par marie
Vous avez remarqué comment les travailleurs sociaux parle de "leur rôle", ou "leur public"?serions-nous tous les acteurs d'un théatre du social? dans ce cas, serions-nous tous obligatoirement à l'aise avec n'importe quel scénario ?
certaines actrices ne jouront jamais les jeunes vierges éffarouchées, certains acteurs sont plus taillés pour des rôles physiques qu'intello (perso, j'imagine mal stalone dans le rôle de woody allen) : je pense qu'il en va de même dans le social. Si tu es mal dans ton poste, c'est peut-être plus lié au poste qu'à toi, changer de scénario donc de poste est à tenter. Si tu est mal dans le social, après avoir tenté plusieurs postes, c'est peut-être la reconvertion qu'il faut envisager.
Mais dans tout les cas, notre rôle professionnel ne devrait jamais pourrir notre équilibre personnel ; après la pièce de théatre, rideau !
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 24 août 2012 18:55
par Christine
Belle réplique merci! je connais bien mon texte mais mon jeu d'acteur commence à fatiguer...je vous tiendrais au courant quand j'aurais trouver un nouveau rôle (de composition j'espère...)En attendant je continue de signer des autographes de " mandataire judiciaire à la protection des majeurs"
Re: travailleur social et burn out...et vous?
Publié : 24 août 2012 23:57
par juliette
Mais c'est une réalité, quelque soit le monde dans lequel nous sommes, travail, personnel et quelque soit nos interlocuteurs, enfants, adultes, nous jouons un rôle et dès la naissance.
C'est bien ainsi que sont inscrites les interactions entre nous et le monde. Le tout, et tu l'as dit marie, est de jouer le rôle qui nous convient le mieux à un moment T.
Car, pour poursuivre ta réflexion et dans la suite de ce que je viens de dire, nous ne maitrisons pas notre environnement mais nous y adaptons, tant bien que mal, en fonction de nos forces, de nos faiblesses et surtout de nos convictions.
C'est là ou le bas blesse pour le travailleur social, un peu (passez moi l'expression) le cul entre deux chaises, entre les objectifs, affichés ou non, des individus (moi je dis "du" public et pas de "mon" public) et de ses hiérarchies.
Il pourrait même y avoir trois chaises puisque nous pouvons aussi compter sur les objectifs du Travail social. On se retrouve ainsi comme dans un jeu de chaises musical!!!