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des explications s'il vous plait...
Publié : 22 juin 2004 19:53
par calliopee
éduc spé dans un service,voilà 12 jours que notre équipe se préoccupe des confessions d'1 jeune fille de 13 ans, déficiente intellectuelle,qui évoque des atouchements de la part de son frère ainé et évoque également une pénétration.
A la suite de nôtre première réunion ,j'apprend que:
- Pour le moment ,et malgré les propos très alarmant et précis de la jeune fille,l'équipe prend du temps pour en reparler car dit-on"il faut rester vigilant","très prudents"face à ces propos.
L'aide éducatrice qui avait reçu les confessions intimes de la jeune a:
-comme il se doit, parlée à notre direction, ce qui a entrainé la concertation de notre équipe.
à l'occasion de cette première réunion il fut donc difficile de connaitre le contenu préci des paroles de le jeune fille comme si "une chappe de plomb" venait de s'abattre sur nous.
La seconde réunion(une semaine plus tard) fût un révélateur car les atouchements évoqués en premier lieu devenaient ,finalement,un acte sexuel en bon et duforme.
bien informée de notre obligation de signaler la situation de cette mineure de moins de 15 ans je décide après 10 jours d'en parler à la direction et évoque mon étonnement et mon incomprehension face au délai de notre réflexion d'équipe,qui, à mon sens ,risque de maintenir la jeune dans un climat familial potentiellement dangereux.
A ces mots,on me répond que la mère de le jeune fille va être rencontrée par le psychologue du service(comme convenu en réunion,dans trois jours)et que le psychologue du service évaluera si risque il y a.
Je me remémore mes cours de droit qui stipule le délai du signalement ,qui évoquent les limites des établissements et services où le personnel n'est pas mandaté pour évaluer les risques dans le cadre d'une telle situation,qui rappellent la place des service de la protection de l'enfance et leur fonction ,j'insiste sur la loi du 10.07.1989...
Et je me vois "rembarrée"par ma direction qui m'explique qu'il va falloir que j'apprenne à travailler autrement,que la décision d'agir est celle-ci et que ,de toute façon ,nous n'avons aucune certitude sur le fait que la jeune n'affabule pas et que , de plus ,étant donné la médiatisation actuelle de ce "genre" d'histoires il vaut mieux éviter de trop se saisir de ce type d'affaire.
Enfin ,étant donné que nous sommes un service "de proximité" il vaut mieux atendre et agir en interne , évaluer et signaler ou...PAS.
J'explique que pour moi et au vu des propos tenu en réunion d'équipe:
-(doutes,hypothèses,jugements de valeur...) la proximité n'est pas, de mon point de vue ,un outil de travail efficace face à la gravité de la situation.
J'aimerai connaitre votre point de vue de chefs de service et ou directeur.Et surtout qu'elle conduite à tenir?
J'en perd mon latin ,la loi peut-elle être ainsi contournée ou adaptée aux situations???
Re: des explications s'il vous plait...
Publié : 23 juin 2004 22:24
par FB
Le signalement doit être à mon sens immédiat (au procureur de la République) et la JF rapidement accompagnée dans un service de police ou de gendarmerie où elle pourra être auditionnée avec éventuellement le concours d'une assistance...
Si des doutes existent quant à la réalité des faits, rien ne vous empêche d'en faire part et la procédure tiendra compte de ceux-ci (expertises...)
A mon sens en aucun cas des travilleurs sociaux fusent-ils directeur, Chef des service , psychologues ne peuvent modifier, adapter...et encore moins transgresser la loi.
La non dénonciation de tels faits peut être qualifiée de délit et exposer les responsables à des poursuites judiciaires!
en quoi la médiatisation actuelle permet de ne pas signaler: là je n'ai rien compris...
bonne continuation et bon courage
FB
Re: des explications s'il vous plait...
Publié : 23 juin 2004 23:05
par lolo
Normalement, le signalement est obligatoire, c'est de la responsabilité de la direction, elle n'est pas apte à dire s'il y a affabulation ou non.. Maintenant, il est vrai qu'il y a de moins en moins de personnes qui prennent leur responsabilité et font ce signalement, car s'il y a mensonge.... mais, si ce n'est pas un mensonge!!
la direction est censée faire un signalement, mais parfois c'est le courage qui manque: la réputation de l'établissement si c'est faux, celle de la direction... il est plus facile de dire "je savais pas " que "je croyais car on m'a dit et en fait c'est faux.."
Le signalement peut être fait anonymement, et je parle là d'une chose que j'ai faite personnellement: si la direction ne prend pas ses responsabilités, on peut toujours signaler, comme tout citoyen, anonymement, pour déclencher l'action et du coup, lorsque la direction sera interrogé, elle sera obligé de réagir... en ce qui me concerne,ça a sauvé un enfant...
Voilà, parfois, l'interet et la réputation rendent faible, surtout quand la direction se met en sellette! :triste: :frown: :hein?:
Re: des explications s'il vous plait...
Publié : 24 juin 2004 19:12
par calliopee
merci pour vos témoignages.
Depuis mon entretien avec ma direction pour lui rappeller la loi ,j'ai reçu des excuses concernat les propos et le ton de l'entretien, le signalement s'est mis en place.
J'ai interpellé mes collègues durant les 15 jours durant lesquels cette "affaire" a duré.
Aujourd'hui je me situe comme étant en faute.
Les collègues avec lesquels j'en ai parlé revendiquent leur droit à ce délai qu'il justifient comme étant le temps necessaire pour signaler la gravité des faits.
J'ai parlé à la psy du service des difficultés que j'avais rencontré pour obtenir les propos exacts de la jeune,tant de sa part que de celle d'autres professionnels.
J'ai évoqué ma difficulté à entendre certains propos empreints de jugements de valeurs , de la part de l'équipe.
J'ai explicité que j'étais coupable de ce silence , de ma lenteur à réagir , de ma méconnaissance aussi et ,(je ne l'ai pas dit mais le pense ),de ma crainte de ne pas voir renouvellé mon CDD.
Avec le peu de recul que j'ai , je me demande comment en tant que professionnel il est à ce point possible de nier ou de trouver toute sorte d'arguments pour "justifier"ses fautes.
Je compte aborder ce sujet en équipe afin de voir s'il peut être parlé.
Je voudrai simplement pouvoir affirmer à mes collègues que la loi est passible de nous condamner par rapport au délai pour signaler(mais est- ce aussi certain? car tous le mette en doute).
J'ai l'impression que tous se sentent "blanchis"du fait d'avoir agit même tardivement , et la psy n'a eu de cesse de me rappeller que nous n'étions "que des humains" (???)
Je comprend mal cette difficulté à admettre ses erreurs et leurs conséquences.
J'ai l'impression de remettre en cause un fonctionnement où nous sommes tous impliqués mais où personne ne le reconnait , alors qu'il s'agit quand même, et surtout , de la protection d'un mineur de moins de 15 ans qui nous était confié.De ma place je suis coupable car j'ai eu connaissance de la conduite à tenir ,j'avais un positionnement professionnel mais il s'est vu complètement chamboulé par une sorte de "toute puissance "du soin (psy et médecine)à l'occasion des réunions et devant laquelle je n'ai pas su me positionner .
A l'heure d'aujourd'hui , les personnes qui revendiquaient leur droit au délai ,pour réfléchir;Avant de signaler,ont "changé leur fusil d'épaule" en expliquant que le signalement allait de toute façon être fait(même si délai il y a).
Enfin,je m'accuse de ne pas avoir adressé d'écrits à ma direction .De ne pas avoir su exposer les faits qui m'alertaient, à l'équipe.
Je m'interroge sur cette difficulté d'équipe à:"se dire".
Evidemment j'ai alerté(le 119 notamment),essayé de comprendre mais j'ai eu peur(peur, malgré la loi, de ne pas être dans mon droit et devoir!),(peur de ma hiérarchie,de la pression que je risquais d'endurer au travail...
Des arguments devenus incohérents pour moi, en ce moment même où j'écris!.
Je n'ai pas eu la conscience professionnelle de signaler alors que c'était mon devoir de professionnelle et de citoyenne.
Pourquoi?
Je remet énormément en cause ma pratique professionnelle mais n'en reviens pas de constater que l'équipe n'est pas plus affectée que ça .
Ce qui me semblait pouvoir devenir un moteur pour justement interroger et remettre en cause notre pratique me semble aujourd'hui anéantit par le dénie des autres professionels et l'impossibilité d'appeller une faute professionnelle par son nom.
Je déplore d'avoir le sentiment que mon directeur ai réagi par crainte des retombées plus que par conscience professionnelle.
Re: des explications s'il vous plait...
Publié : 26 juin 2004 21:46
par ber
Les textes sont trés clairs: la dénociation des faits connus par un professionnel reléve d'une attitude citoyenne et ne concerne en rien l'institution.
En clair: Tu as reçu des confidences évoquants un abus; tu t'en ouvres à ta direction; si celle ci ne fait rien, tu contactes toi même le proc.
Re: des explications s'il vous plait...
Publié : 29 juin 2004 15:05
par Moon
Bonjour Calliopee
Je venais de terminer d'écrire ce que j'avais envie de te dire et mon ordinateur a zappé... bref, je recommence tout à zéro.
Ce que tu écrits ici me fait penser à mes trois ans de formation ES (je viens de passer le diplome, j'attends les résultats).
En entrant en formation, j'étais bien naïve, je croyais en des valeurs qui animaient l'ES telles que la tolérance, l'ouverture d'esprit, pouvoir passer au delà des jugements de valeur, la capacité à remettre en question et à parler de sa pratique, etc... même si tout ceci est encore profondément ancré en moi, je me suis rendue compte au travers de diverses expériences (stages, échanges avec les autres étudiants...) à quel point c'était utopique d'y croire...
Je pense que tu as réagit, et c'est ce qui est important, même si c'était un peu "maladroit" (je n'aurais sans doute pas fait mieux). Je comprends que tu sois déboussolée, et au travers de certaines questions qui me sont venues en te lisant, je pourrais peut-être ouvrir des pistes de réflexion : tout porte à croire (et ce que je dis ici n'engage que moi) que tu as été manipulée, sinon pourquoi aurais tu peur de subir des pressions (en passant au delà de la perte d'emploi et de revenus...), pourquoi te sens tu coupable, pourquoi as tu l'impression d'avoir mal agit, pourquoi es-tu seule contre "tous" (ou presque)...?
Lorsque tu dis que tu remets en cause ta pratique, je trouve que c'est bien plus sain que de se voiler la face et déployer des parapluies afin d'éviter des retombées judiciaires. Parfois, certaines institutions ont le don de manipuler et de faire douter d'eux-même les plus vaillants emmerdeurs, au sens positif du terme, en particulier lorsqu'ils manquent d'expérience (là je parle de moi...). C'est justement cette capacité à te remettre en question qui te permettra d'y voir plus clair, mais il faut aussi du temps et je pense qu'une certaine prise de recul est nécessaire. Lorsque j'étais en formation, j'ai fait un écrit concernant la protection de l'enfance. Nous devions partir d'une situation de danger existante ou imaginaire et expliquer ce que nous ferions en tant que professionnels... J'évoque dans ce devoir que si la hiérarchie ne réagit pas par rapport aux événements que je leur transmet, et que j'estime qu'il y a un réel danger, je passerais outre et ferais le signalement moi-même... Réponse du correcteur: "tu ne peux pas faire ça, tu dois passer par la hiérarchie"...

Je suis restée songeuse face à cette remarque...
Je pense que tu as fait ce que tu pensais juste, en ton âme et conscience et que tu n'as pas grand-chose à te reprocher. En tous cas, ne reste pas seule dans cette situation, essaie de trouver au moins une personne ressource, même en dehors du social. Quand on doute, il est important de trouver un soutien, et une écoute solide...
J'espère t'avoir un peu éclairée, et si tu souhaites discuter, j'ai laissé mon mail.
Courage!
Moon