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désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 05 oct. 2012 00:41
par nico
je voulais partager avec vous mon amertume suite à la lecture du dernier ASH avec le sujet sur les CDS et mon expérience personnel.
Je trouve qu'il y a de plus en plus de directeur non issus du travail social (et également sans diplome sociaux) et cela m'inquiète de voir notre secteur évoluer comme cela.
Comment un directeur peut-il savoir comment se situer (à quelle réunion assitée, positionnement vis à vis des usagers, etc) si personne ne lui a montré?
de plus, un ami a moi vient de postuler en tant que CDS et le directeur lui a dit qu'il aurait 130 salariés à gérer (planning, etc.) et 65 projets individualisés à coordonner!!!!!! comment en est-on arrivé là?
Je trouve cela triste et franchement désastreux pour le secteur et les jeunes.
Et vous?
Cordialement
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 05 oct. 2012 13:03
par regine
Eh oui, mutualisation des moyens, on est un secteur qui côute cher! J'ai pour ma part 65 personnes accueillies (donc projets), mais "seulement" 14 salariés (milieu ouvert).
De plus en plus de directeurs non issus du secteur? ben oui, de plus en plus de profils "gestionnaires", ce qui rejoint ce que je disais...
Comment en est-on arrivés là? En laissant faire, en ne réagissant pas... (ANESM remplacée par ANAP : agence pour la performance etc...)
Comment un directeur peut gérer des équipes et des usagers sans connaissance du secteur? soit il est assez intelligent pour s'appuyer sur les cadres qui savent et leur délègue, soit c'est massacre! Entre nous soit dit, de plus en plus de caferuisiens pas du secteur non plus...Et Cafdésiens non plus...C'est la crise, les gens vont dans les secteurs porteurs d'emploi avec sécurité de l'emploi..;les motivations ne sont plus les mêmes...
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 14 oct. 2012 19:28
par diva
Bonsoir,
Cela me rappel la réforme de la formation de cadre de santé. J'entends par là le rapport de C de singly. On peut avoir peur de tous les changements. Il faut quand même continuer à poursuivre nos objectifs personnels de formation. Personnellement je ne pense pas entamer une formation en fonction des décrets ou loi. Cet investissement est de l'ordre : où je veux aller pour ma vie professionnelle. Cordialement
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 15 oct. 2012 21:22
par regine
Oui, je vous rejoins sur "la peur de tous les changements" (qui est humaine et pas forcément bonne conseillère...). Il y a certes les objectifs "personnels" de formation et de carrière professionnelle, mais dans nos secteurs, la question des motivations se pose...Inévitablement, puisque l'éthique se situe au centre des accompagnements....Nous ne sommes pas dans un secteur de business, mais avec bien plus de responsabilités à mon sens...Et porter ces responsabilités humaines sans moyens pour atteindre les objectifs (non pas les nôtres perso, mais ceux d'un accompagnement de qualité)revient à regarder sa fiche de salaire en faisant fi des plus démunis que nous sommes sensés soutenir voire défendre...Or, faire fi de la souffrance humaine dans notre secteur n'est même pas immaginable...Donc, la question n'est pas là la formation ou le poste que nous souhaitons atteindre, mais dans quel objectif? Pour remplir quelles missions? Les missions étant définies par les textes de lois et les décrets...Donc incontournables...C'est le cadre même que nous posons quand nous sommes... cadres...Mais avec quels moyens?
cordialement
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 20 oct. 2012 22:17
par diva
Personnellement, je n'ai pas de mission...j'ai des objectifs personnels (de bien faire mon travail) et professionnels (comment je peux accompagner l'usager, moyens techniques, humains etc...). J'accompagne avec les moyens mis à ma disposition (peau de chagrin...) Bien sûr pas de business dans l'accompagnement humain. Mes responsabilités s'arrêtent là où!!!!!les moyens s'arrêtent.
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 25 oct. 2012 00:11
par Nathalie
Pour ma part, il existe des missions et des moyens alloués à celles-ci. Quand les financeurs décident de réduire de façon drastique les budgets, deux solutions : se révolter voire démissionner ou alors d'effectuer les missions au regard des budgets. J'ai choisi la deuxième, en faisant l'accompagnement en fonction des budgets et je ne suis pas responsable de cela. En cela je rejoints diva.
Le social est passé d'une logique ou l'on défendait des projets pour les personnes (parfois au delà des missions confiées - côté novateur) et nous négociions des budgets à une approche essentiellement budgétaire en décalage avec les missions. Cette nouvelle approche nécessite à mon sens une redéfinition des actions en fonction des moyens. Cela entraîne de nombreux changements dans le style de management et sur le terrain.
Maintenant, je m'interroge sur les centres de formation qui forment des CAFERUIS/CAFDES avec des logiques budgétaires et qui forment également des diplômes de Travailleurs Sociaux avec des logiques de projet en faisant fi des moyens. Les Travailleurs Sociaux sortant de ces écoles semblent découvrir la dure réalité de notre secteur !!! Peut-être faudrait-il qu'ils s'interrogent sur leurs sélections à l'entrée et/ou au contenu de la formation (essentiellement effectuée par des TS du terrain qui ne sont pas toujours en phase avec la réalité).
Pour terminer on peut être un très bon TS issu du terrain et devenir un mauvais cadre tout comme on peut être issu d'un autre secteur et être un très bon cadre.... c'est aux équipes de l'accepter, équipes qui bien souvent voient d'un mauvais oeil celui ou celle qui ne serait pas du sérail.
Pour terminer, je suis du sérail (ES de formation)et j'ai des collègues CDS issus de différents milieux et je ne les trouve pas plus "déconnant" que moi, je trouve même parfois qu'ils ont un bon sens que le social n'a pas toujours eu. En espérant que ma contribution puisse apporter débat constructif.
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 25 oct. 2012 20:48
par régine
Je vous rejoins aussi Nathalie, j'ai aussi choisi de rester...Heureusement, toutes les écoles ne forment pas les cadres uniquement sur un axe budgétaire...Mais certaines oui...Et effectivement regrettable que les TS ne soient pas à minima sensibilisés à cette réalité...Gros écart entre les apports reçus (idéaux) et la réalité du terrain...Et oui, il y a des cadres très bons et pas du "serail" mais néanmoins souvent "formés" (cafdes ou caferuis").Après, tout dépend des approches des écoles...Et des raisons du recrutement! car une asso peut rechercher un cadre "gestionnaire" pour un établissement en chute...Oui, les équipes ont plus de mal à "faire confiance" à quelqu'un extérieur au milieu...Mais cette méfiance n'existe t-elle pas dans tous les milieux? Ayant déjà oeuvré en tant qu'éduc avec des profs et instits, ce n'était pas facile non plus!!!Il a fallu faire tomber les représentations, et je me sentais un peu seule pendant 1 an (après, ça a été très bien)J'imagine que quelqu'un recruté comme chef des vendeurs de voiture sans diplôme ou avec un diplôme tout frais et sans expérience dans un garage aura aussi ses preuves à faire!
Notre secteur n'échappe pas à la règle...
Changement de management oui, passer d'une logique de prise en charge à une logique d'intervention social, d'intégration à insertion à inclusion peut mettre à mal les équipes...Avec un sentiment de frustration, de "saupoudrage d'aide pour éviter que les situations explosent mais plus les moyens, le temps de travailler vraiment avec les familles" (discours de la semaine dernière d'un éduc...Pas toujours faux, il faut le reconnaître...)Donc faire du mieux qu'on peut avec ce qu'on a (et c'est déjà bien!). Il faut reconnaître aussi qu'on ne faisait pas toujours mieux avec plus de moyens.... Dans une certaine mesure (dont le nombre de mesures...)
Cordialement
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 25 oct. 2012 22:31
par Nathalie
Oui Régine, on ne faisait pas forcément mieux avec plus de moyens...
La Loi 2002-2, cela fait + de 10 ans, n'a pas été au centre de nombreux services sociaux du fait d'un blocage des institutions (directeurs et équipes sociales). Après, il ne faut pas s'étonner à ce que nos financeurs demandent des comptes et réagissent sur l'opacité des actions engagées auprès des publics....
Re: désilusion quant au nouveau statut de CAFERUIS
Publié : 26 oct. 2012 23:34
par régine
Je pense que le problème est plus complexe que le serail qui bloque et qui est opaques, Nathalie...
La loi 2002-2 est avant tout une loi contre les maltraitances institutionnelles (scandales médiatisés dans des EHPAD+ livre "l'enquête interdite : handicapés : le scandale humain et financier", P. gobry l'auteur ayant même été entendu par le Sénat (rapport disponible sur leur site).
Elle correspond aussi à l'évolution de la définition du handicap par l'OMS (CIF), à la politique générale de notre pays se rapprochant de celle d'amérique du nord (inclusion qui, à mon avis, a ses limites dans "les mêmes droits que tous", dont droit de vivre dans la misère là-bas (les revenus des handicapés sont équivalent au RSA là-bas...Choquant d'en voir faire la manche...Je l'ai vu...Excellent livre de G. Zribi traitant du sujet...
Et surtout, surtout, récession économique donc reprise en main de l'état sur les assos, mutualisation des moyens, intervention sociale plutôt que prise en charge...De très bonnes choses aussi, à mettre en avant et que je défends totalement. Donc voilà...
Par contre, des familles entières dormant dans la rue ou dans les couloirs des hôpitaux en hiver car 1/4 du budget hébergement d'urgence sucré, des personnes malades psychiques faisant la manche, à la rue, car lits de psychiatrie fermés et services ambulatoires insuffisants, coutant trop cher, c'est aussi une réalité aujourd'hui en France...
Je ne sais pas dans quel secteur vous exercez, mais j'ai oeuvré autant dans le social que dans le médico-social, on peut dire que le médico-social tire encore son épingle du jeu...Mon conjoint bossant dans le social pur à ce jour, je peux dire que ça n'a rien de réjouissant actuellement...Donc oui, qu'il n'y ait plus les excès qu'il y a eu, on ne peut pas être contre (et de toute façon pas le choix). Mais ces moyens étaient surtout donnés car l'économie du pays était florissante, pas parce que les assos imposaient quoique ce soit, asso que l'état a financé car ayant construit tout un réseau qu'à l'heure actuelle il veut contrôler de plus en plus mais à qui il avait "délégué" les missions de politique sociale.
Assos à la base de bénévoles (PEP, ADAPEI etc...)qui ont oeuvrées pour les démunis. Donc je trouve injuste maintenant de tant leur tirer dessus. Quant aux travailleurs sociaux, il a fallu des années pour professionnaliser ces métiers, car la bonne volonté ne suffit pas pour aider la souffrance, cerner les problématiques complexes...
Que le secteur ait besoin d'effectuer une mutation, sans doute, ça ne me choque pas...Que l'Etat qui finance demande des comptes, ça ne me choque pas. Etonnant qu'il ne l'ait pas fait avant, non...? ça laisse à réfléchir...
Quant aux opacités des actions engagées, c'est vraiment jeter le bébé avec l'eau du bain, à mon avis. C'est oublier que pour quelques affaires dramatiques très médiatisées (lire l'excellent livre "la télévision" de P. Bourdieu sur la manipulation des médias), l'opprobe a été jeté sur tout un secteur et des miliers de salariés qui dans la très très large majorité faisait du bon boulot.
Le tort a sans doute été de ne pas assez communiquer sur les actions (mais personne ne le demandait! pas même les financeurs!ou si peu...)
Je suis ahurie de voir que la démarcue qualité et l'évaluation ne sont pas en place dans certains établissements publics (foyers de l'enfance par exemple dans ma région) quand je vois ce qu'on nous demande à ce niveau!!! Les éducs passent un temps fou à remplir des grilles, des indicateurs, des tableaux de bords (combien de fois pour tel action, combien de temps pour telle autre etc...)... Il serait intéressant de comptabiliser le temps passé à cela et de le chiffrer...Aucun excès n'étant bon, j'espère que nous arriverons, bientôt, à un équilibre sensé...Pas vous?
Cordialement