Le Social

Bonjour,

J'aurai aimé savoir selon vos expériences d'animateur ados, quelque soit votre structure, s'il vous arrive de rentrer dans un rapport de force (physique ou verbal) avec un ou des jeunes à un moment donné ou si vous évitez ce genre de situation.

Je me suis fait rentré dedans récemment par ma hiérarchie pour avoir fini en tête-à-tête avec un jeune, mais pour moi la situation n'avait pas d'autre alternative.

Je précise que le sujet n'est pas pour dire que la baffe est un outil pédagogique ou que maltraiter régulièrementles jeunes est indispensable.
Je voudrais juste savoir s'il vous arrive de rentrer dans des rapports de force dans certaines situations un peu tendues.

Merci

Salut Djelil,

moi aussi j'ai eu une expérience de ce genre avec en prime une baffe de la part de l'ado qui a failli partir mais il s'est arrêté a temps. j'ai bien peur que malheureusement le rapport de force soit des fois inévitable suivant les jeunes. ce jeune là a en effet un passé "chargé" avec l'autorité. et le fait d'en passer par là avec lui a remis les pendules a l'heure :frown: je m'explique : cet incident a permis a tous de voir que je ne me dégonflais pas face à eux qu'il y avait des limites et depuis les relations avec ce jeune sont excellentes car il avait besoin de voir que des adultes peuvent fixer des limites et s'y tenir. Depuis dès qu'il en a besoin il vient discuter... comme toi je pense que malheureusement il a des fois on ne peut pas y échapper
si j'ai bien compris ta hiérarchie te reproche d'avoir tenu tete ??? ils auraient voulu que tu fasses quoi ???

à plus :bye:

En ce qui me concerne, j'ai deux expériences très différentes :
- l'une sur un accueil libre (= sans inscription nécessaire), où c'était assez compliqué, avec des jeunes qui cherchaient le rapport de force, et qu'en plus on (l'équipe d'animation) ne connaissait pas forcément très bien.
- l'autre sur un accueil avec inscription obligatoire en présence des parents et signature d'un contrat, et jamais aucun problème.
Cette seconde solution peut paraître coercitive, mais il est évident pour moi que c'est pour elle qu'il faut opter ; ça permet de mieux connaître d'entrée de jeu les jeunes accueillis et leur famille, et de poser un cadre.
D'une part, le cadre est hyper important chez les ados (cf. vos cours théoriques sur le développement de l'adolescent). D'autre part, d'un point de vue plus pragmatique, il me paraît inconcevable d'accueillir des mineurs sans avoir l'autorisation de leurs parents, donc sans connaître les familles... ce qui peut être très utile en cas de conflit.

Salut Al,

J suis bien d'accord avec toi, le rapport de force est dans certains cas nécessaire pour fixer le cadre. Quand j'ai dit ça en formation BPJEPS je me suis fait incendié par les formateurs et la plupart des stagiaires, mais j'en reste convaincu.
Dans le cas dont je te parle j'ai du mettre une balayette à un jeune qui se controlait plus tellement, pour le mettre à terre. Il crachait sur un jeune juif et s'est mis à m'insulter quand je lui ai dit de stopper ça tout de suite. Je pense aussi qu'on est humains avant tout et quand ça dépasse les bornes comme ça, les mots ne suffisent pas.
Ma hiérarchie m'a dit que j'aurai du passer le relai à quelqu'un de l'équipe ou plus dialoguer avec le jeune. Je suis pas d'accord, si je passe le relai à un autre animateur qui n'a pas assister à la scène, le jeune va s'en sortir avec un petit sermon et basta. Quant au dialogue, il y a des situations ou la personne n'est plus réceptive aux mots et ou il faut la bloquer avant que ça ne dégénère.
Ce n'est pas la 1ère fois que je m'embrouille avec mon directeur pour une action de ce genre.

Salut Cécile, on pratique aussi ce fonctionnement sur les créneaux des mercredis et j'avoue que c'est très utile et que ça se ressent dans la relation aux jeunes. Mais ça ne garantis pas non plus à 100% qu'un jeune ne partira pas un jour en vrilles.
Nous la majorité des conflits qu'on peut avoir c'est sur le créneau du samedi, avec les 18-25 ans. Le local est ouvert aux 14-25 ans et c'est un peu n'importe quoi, entre bagarres et traffics dans le local jeunes, le rapport de force est permanent.

SAlut Cécile,

je tenais juste à préciser que je travaille sur un local avec inscription obligatoire ... malheureusement cela n'a pas éviter le clash. ce n'est pas parce que tu as l'autorisation parental que cela va éviter une telle situation surtout quand (et c'était le cas ci dessus) le parent est totalement dépassé et ne s'en sort pas l'ado n'ayant justement pas "d'autorité" au dessus de lui il a provoqué le conflit pour voir si moi je tiendrai ma ligne de conduite et appliquerai le règlement ou pas ( comme précise Djélil cela ne garantie pas que le jeune parte en vrille un jour.

salut Djélil, je trouve très étrange que ta direction te dise de "passer" le témoin à quelqu'un d'autre : bonjour ton autorité après face aux jeunes : "l'anim il a besoin que quelqu'un d'autre intervienne, il peut pas le faire tout seul" :crazy: tu n'es plus du tout crédible ensuite. pour en revenir a mon histoire le jeune qui a failli "m'en mettre une" et bien le clash est parti de rien et je n'ai jamais haussé le ton. toutefois il refusait de partir c'est énervé tres rapidement et s'est arrêté juste a temps avant de m'en coller une. je suis certes rester tres calme, j'ai tenté le dialogue seulement j'ai vu tres vite dans son regard qu'il ne m'écouterai pas.
y a malheureusement des fois ou le dialogue ne sert à rien.
bref pas toujours évident l'animation auprès des jeunes mais tellement enrichissante
bonne continuation :bye:

Salut Djélil.

L'ouverture du local pour les 14-25 ans, c'est n'importe quoi parce que c'est du grand n'importe quoi ! Comment faire cohabiter des gamins de 14 ans avec des jeunes adultes de 25 qui n'ont absolument pas les mêmes demandes et les mêmes préoccupations ? N'y a-t-il pas moyen de faire d'autres propositions aux 18-25 ans qu'un local d'accueil pour squatter le samedi après-midi ? A mon humble avis, ce sont d'abord ces questions que tu devrais soulever avec ta hiérarchie.

Moi je ne pense pas que le rapport de force soit inévitable. Il y aura toujours au moins un jeune pour le chercher, mais je ne suis jamais rentrée dans ce jeu-là pour la simple et bonne raison qu'en tant que nana, je ne fais pas le poids, donc il faut forcément trouver d'autres tactiques pour se faire respecter. Et si je sens que je vais sortir de mes gonds, je fais effectivement appel aux collègues, comme ils peuvent faire appel à moi si besoin.

Salut Al,

C'est vrai que la méthode de passer le témoin à un autre anim est a double tranchant: D'un coté tu peux complètement te décrédibiliser auprès du jeune, ça peut être pris comme un aveu d'echec; mais de l'autre ça peut aussi éviter de faire des trucs à chaud que tu regrettes après. Plus c'est tendu dans ces situations moins on a de recul sur les choses.
Sinon pour en revenir à ton exemple, moi j'essaye d'anticiper au possible, il y a des postures ou des attitudes qui peuvent aider à ça. Par contre si je prend une baffe derrière je cogne aussi.
C'est sûr que c'est super enrichissant, les comportements humais on n'a jamais fini d'en faire le tour.

Salut Cécile,

l'ouverture du local aux 14-25 ans le samedi en gros c'est une commande de la ville, et on en est bien conscients on en a déja beaucoup discuté. En gros ça participe à la paix sociale, tous les jeunes sont regroupés au même endroit et la police passe souvent. Le samedi on est plus vigiles qu'animateurs.
Sinon j'ai des collègues féminines aussi et c'est sûr qu'on a pas du tout les mêmes rapports avec les jeunes, vous n'avez pas forcémment la carrure mais vous avez d'autres codes, je pense pas que ça soit plus faciles pour les uns ou les autres. Je pense aussi que c'est aussi une question de seuil de tolérance, mais le manque de respect en général est qqch qu'on ne peut pas laisser passer.

Bonjour Djelil (à qui je viens de m'adresser concernant l'équivalence DUT/DEJEPS).
Ah, le rapport de force... La question de l'accueil libre (que je connais pour la vivre) me semble très parlante sur ce forum car elle met, au coeur du sujet, la question du règlement intérieur. Que dit celui auquel tu es soumis? A partir de là, faut-il laisser couler? Bien sûr que non. Passer le relais est une excellente initiative. Maintenant, la double question qui se pose est : "Suis-je capable de faire respecter un règlement intérieur" et "Suis-je soutenu par ma hiérarchie?".
L'animateur intervient dans un contexte politique et, souvent, on se sent bien seul au monde. Je n'ai donc rien d'autre à dire que "bon courage à toi".

Bonjour Doume (tu as du confondre je ne suis pas intervenu sur l'équivalence DUT/DEJEPS mais ton intervention est bienvenue).
En effet le reglement intérieur me semble être un outil indispensable mais il n'y en a pas encore de mis en place sur notre accueil du samedi.Mais honnetement je pense que le problème de fond est plus ce système d'accueil dans sa globalité, même en admettant qu'une sorte de charte soit mise en place, nous sommes 2 anims pour 50 jeunes environ et nous sommes plus en situation de régulation que d'animation. Ce créneau 14-25 ans est plus que négatif pour les mineurs, les 18-25 ans sont pas évidents à gérer puisqu'ils n'ont pas d'attentes particulières et dans leur quartier il est pas facile de leur imposer un quelconque cadre.
Concernant la direction, ils nous soutiennent dans l'ensemble parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement que d'admettre que cet accueil c'est un peu la jungle. Par contre ils veulent des comptes dès que ça dérape avec des jeunes et n'admettent pas que le rapport physique soit parfois indispensable. De toute façon ils ne sont jamais sur le terrain donc pour moi leurs remarques ne sont pas constructives.

En tout cas je suis tout à fait d'accord sur le ressenti "seuls au monde" et c'est dans ces situations qu'on peut sentir que les commandes politiques prennent le dessus sur les enjeux pédagogiques

Djélil.
S'il n'y a pas de règlement intérieur, c'est obligé que ça parte en sucette.
Les ados ont besoin d'un cadre, c'est comme ça, ça fait partie de leur développement, et le règlement permet :
1) de poser ce cadre ;
2) de passer un contrat avec eux.
C'est toujours bien, quand ça part un peu de vrille, de pouvoir rappeler au jeune qu'il a signé un contrat, qu'il a pris des engagements, et qu'il est train de ne pas les tenir ; ça permet de le responsabiliser, ça te donne des arguments, ça t'autorise aussi à le virer si nécessaire.