pour lisa
en fractionnant l'article, cela passera peut-etre
http://rhmt.free.fr/placard.htm
"Le placard", qu'est-ce que c'est ?
C'est d'abord un synonyme, non pas de solitude encore que, mais d'isolement.
L'isolement n'est jamais volontaire dans ce cas-là mais imposé par la hiérarchie soit de manière physique (géographique) soit mental.
Le placard est une des formes du harcèlement moral, et elle est très destructrice sauf dans de rares cas.
Le placard peut être géographique.
Cela signifie que vous "videz" les lieux. On vous enlève de votre bureau et on vous déplace à un autre endroit loin des autres, de vos collègues et de votre hiérarchie.
Mais pour autant on ne vous oublie pas. On ne vous donne rien à faire ou des choses sans importance, sans intérêt (dévalorisantes par rapport à votre grade et parce qu'elles sont données à titre exclusive : classement, de l'archivage, des photocopies, du déliassage...) et sans aucun rapport avec votre grade ou votre expérience. Et si possible le peu qu'on vous demande de faire, on vous le demande devant des personnes inférieures hiérarchiquement à qui on a confié vos tâches valorisantes.
C'est l'humiliation qui commence et elle est publique.
On peut aussi vous donner du travail à faire mais en ne vous communiquant aucun moyen d'information ou de formation pour le faire. On peut, par exemple, vous confier la tâche d'informatiser les inventaires de la société mais votre ordinateur n'est pas compatible avec le logiciel, l'imprimante est hors service, on vous refuse une formation ou alors on vous la promet mais vous ne la voyez jamais venir. Pour autant, le harceleur vous reprochera soit vos erreurs soit votre inaction.
Vous êtes isolée donc vous n'avez plus aucun contact avec vos collègues, la clientèle ou les usagers. Tout le travail relationnel qui vous passionnait vous a été enlevé pour être donné à quelqu'un d'autre proche du harceleur.
Il ne s'agit pas d'un choix dicté par une raison économique.
Il est possible aussi qu'on vous remplace et qu'à votre retour de congé (congés annuels ou congés de maladie), vous trouviez quelqu'un d'autre à votre place.
Disparaître
Vous n'avez plus de bureau, plus de chaise et vous êtes obligé d'emprunter le bureau, l'ordinateur ou le téléphone de vos collègues quand ils sont absents... cela s'appelle du déni. On vous fait croire que vous n'existez plus. On veut que vous disparaissiez.
C'est une situation très humiliante, pire que si le harceleur vous insultiez de vive voix. Car dans ce cas de figure, nous avons affaire à des insultes non-dites. Et il est difficile de réagir face à une telle négation de soi.
Il y a aussi le placard mental.
J'ai connu des personnes qui n'avaient pas été changé de bureau et qui avaient conservé leur place. Mais les collègues ne vous parlent plus, ne vous disent plus bonjour et réagissent comme si vous n'existiez pas.
Souvent ils ont reçu des menaces et ne doivent pas vous parler. C'est de l'isolement mental. C'est guère mieux, sans doute pire. Vous êtes désormais vraiment seul face à votre harceleur car vous ne pouvez compter sur personne ni pour vous aider, ni pour vous soutenir, ni pour témoigner.
Une constance dans les deux cas, c'est
* la souffrance,
* la honte et
* le sentiment de culpabilité.
Le salarié ne trouve pas de sens à ce qui lui arrive et il continue à percevoir un salaire qu'il n'arrive pas à justifier. Alors il attend honteux, avec la peur au ventre, de savoir ce qu'on lui prépare de pire.
La plupart du temps, il cherche du travail, il en invente, propose son aide aux collègues... il donne le change pour ne pas être marqué au fer rouge.
Le placard est vécu comme un drame personnel.
Le placardisé c'est quelqu'un qui "dérange" involontairement le harceleur parce qu'il brille - alors que le harceleur est terne ou croit l'être - par sa personnalité, par son aura, par ses compétences, ses diplômes, son intelligence de coeur... Il peut aussi s'agir d'un fonctionnaire d'une collectivité territoriale (mairie) qui se retrouve placardisé lors d'un changement politique.
Il peut être aussi en surnombre à cause de difficulté économique et qu'un licenciement coûte plus cher qu'une démission.
Le harceleur espère ainsi à défaut de le détruire réellement ou de le faire disparaître, le briser publiquement et définitivement.
Il y a quelquefois, les deux sortes de placard.
La Licorne a vécu le placard géographique. Pas de chance : son bureau est devenu un havre de paix pour tout le personnel qui montait régulièrement la voir, prendre un thé, manger un gâteau, ou juste discuter à l'abri des autres. Cependant, ça n'a pas duré : le placard a été remplacé par une autre torture...
Je déconseille de démissionner sauf si vous êtes arrivé à vous "vendre" dans une autre entreprise et pour un meilleur salaire et considération... ce cas arrive rarement.
Le placardisé n'est pas responsable de son placardisation.
N'attendez pas des excuses de votre employeur non plus. La plupart du temps, il ne sait pas quoi faire et dans l'administration, c'est une "vieille" gestion courante...
Le placardisé peut demander sa mutation s'il est fonctionnaire dans une autre service ou dans un autre établissement
Il peut demander la résiliation judiciaire de son contrat de travail au motif que l’employeur n’a pas exécuté sa partie du contrat de bonne foi mais il faut pouvoir prouver le harcèlement et rien ne certifie que vous allez gagner votre procès, percevoir des dommages et intérêts importants. Le mieux c'est de négocier un départ ou une mutation....
Il faut toujours "tracer" ce qui vous arrive si vous voulez prouver le harcèlement moral et demander par écrit - en garder un double - des explications sur vos nouvelles conditions de travail.
Je pense qu'il faut essayer de faire d'un mal un bien. Je connais un exemple. Un collègue placardisé dans un rectorat. Il en profite pour se connecter sur internet ou lire tous les magazines qu'il peut pour se tenir informer. Celui qui a le savoir (l'information) a le pouvoir. Il n'a aucune honte par rapport à ce qu'il vit et apporte énormément d'informations aux personnes qu'il aide et à son syndicat. Le placardisé peut aussi en "profiter" s'il n'est pas encore trop atteint pour suivre une formation à distance (à partir de lecture) et réussir un concours ou autre...
livres sur le sujet
Qui sont les placardisés ? Quel intérêt pour un employeur de garder un salarié qu’il rend volontairement improductif plutôt que de le licencier ? Comment sortir de cette relégation sociale ?
DOMINIQUE LHUILLIER : " Placardisés, des exclus dans l'entreprise
" Édition du Seuil, Paris, 2002