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Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 18 juil. 2006 16:28
par Patrick
Bonjour à tous,

Et tout particulièrement à celles et ceux qui acceptent de participer au projet de réalisation du livre-témoignage (nous sommes une douzaine) pour leur demander d'apporter leurs données en matière bibliographique sur notre métier.

Dans le livre sera insérée une bibliographie générale et spécialisée sur les pathologies, le métier, les études, etc...

J'ai d'ores et déjà vu un livre épuisé concernant le DEAVS. de M Lion et C Lorenzi. Tout sur la formation. Sorti en juin 2006. Epuisé à la FNAC. 24,70euros.

A vous de compléter par les multiples sujets auquels nous sommes confrontés.

Merci de votre aide
Patrick

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 19 juil. 2006 23:02
par Laurence
Votre projet m'intéresse, comment puis-je y apporter une contribution ?

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 20 juil. 2006 07:15
par Patrick
Bonjour Laurence,

Une bonne volonté de plus. Merci
Comment participer ? C'est à la fois simple et complexe. Il s'agit de réaliser à plusieurs un livre-témoignage sur la profession d'AVS. Actuellement 12 personnes participant au forum sont partantes et des témoignages arrivent.
Donc, si tu es AVS, tu peux apporter ton témoignage sur une intervention au quotidien ou un apport à de la documentation.Il y aura sans doute plusieurs chapitres à ce projet:
- Les témoignages d'intervenants (alzheimer,repas, toilettes, urgences, cas sociaux, animation, etc...)
- Les témoignages de PA et autres acteurs
- Le législation ou cphsab est actuellement actif. Contrats de travail, convention collectives, code du travail
- Définition AVS, ses interventions et ses limites de compétences
- La chaine d'intervenants
- L'historique et les objectifs du diplôme
- Une bibliographie générale et spécialisée
- Les aides notamment APA et Mamie est intéressée

Bref cela fait déjà pas mal. Donc tu peux participer comme tu le ressens. Je te conseille cependant d'aller au sujet "réalisation d'un livre-témoignage" et "faire connaitre notre métier" pour avoir une idée des aides déjà proposées.

Si ton témoignage sur une intervention est un peu long, pour ne pas encombrer le forum, écris-le sur ma messagerie perso martine.geoffroy5@wanadoo.fr

A+ Patrick

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 24 juil. 2006 21:04
par Laurence
Bonjour Patrick,
Je suis bien AVS, comme je l'ai dit votre projet m'intéresse. Pour infos, je commence la lecture d'un livre intitulé "Humanitude comprendre la vieillesse, prendre soin des hommes vieux", très intéressant. Je suis en train de lire ce qui ce fait sur le forum.

A+ Laurence

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 25 juil. 2006 07:59
par Patrick
Bonjour Laurence,


Peux-tu préciser les informations sur ton livre ?
Titre, sous titre, auteurs, éditeurs, année de parution, nbre de pages, petit résumé.

Merci et A+ Patrick

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 25 juil. 2006 10:14
par cocotte
Merci google

http://webperso.mediom.qc.ca/~merette/hum.html

Humanitude: Comprendre la vieillesse, prendre soin des hommes vieux

Auteurs Yves Gineste et Jérôme Pellissier, Éditions Bibliophane, Paris, avril 2005.
NOTE: Le livre est distribué au Québec par la Librairie Médicale et scientifique, CP 85020, Mont-Saint-Hilaire (Québec), J3H 5W1
tél (450) 464-3166
fax (450) 464-7288
courriel: LMS@videotron.ca
site Internet: www.LMSBOOK.com
Vous pouvez trouver d'autres informations sur le site d'IPRIM et demander aux auteurs une présentation plus détaillée.
Un livre très beau, à l'extérieur, avec sa couverture créée de main d'artiste et très beau à l'intérieur, parce que d'écriture à la fois claire, accessible, intelligente, et sensible. Son caractère pédagogique n'enlève rien au plaisir de lire. Au contraire, les auteurs abrègent sous la forme "CCPS" l'expression «conséquence pour le prendre soin». Ils font alors un lien que nous manquons parfois de faire, entre les grands principes auxquels nous adhérons pourtant avec sincérité, et leur mise en oeuvre dans le quotidien de notre travail de soignant.
J'aurais le goût de vous dire que tout y est. Ceux qui ont suivi les formations d'Yves Gineste et Rosette Marescotti reconnaîtront ce qu'ils y ont appris, tout le sens de ce qu'ils ont appris.
«Comme les techniques de communication verbale, les gestes que nous venons d'évoquer, qui constituent un aperçu des techniques du toucher professionnel, s'apprennent et nécessitent un réel apprentissage. En reconnaître la nécessité implique de rompre avec la croyance que les hommes soignants savent naturellement communiquer, regarder et toucher les hommes vieux dont ils prennent soin. Il est indispensable que l'on reconnaisse que le toucher du soignant constitue un véritable geste professionnel à part entière, comme l'est celui du sculpteur, du menuisier ou du peintre.» (p.277)
Ceux qui ont lu Jérôme Pellissier reconnaîtront la profondeur de sa recherche, la finesse de sa sensibilité, la préoccupation qu'il montre, dans tous ses écrits, pour la reconnaissance de la personne par la société dans laquelle elle vit.
«Si nous avons la chance, au fur et à mesure que nous vivons plus vieux, de vivre en meilleure santé plus longtemps, cela ne suffit pas: la «dépendance» des «personnes âgées» augmentera tant que les réponses sociales seront insuffisantes et inadaptées, tant qu'une médecine spécialisée et préventive ne sera pas opératoire et répandue. Le coût humain et financier de ces inadaptations est infiniment supérieur au coût économique de la «dépendance».» (p.65)
Mais je ne peux vous dire que tout y est. Je me ferais gronder par les auteurs:
«La méthodologie de soins que nous avons développée est une pierre de plus à l'édifice d'un prendre-soin gérontologique en construction permanente.» (p.252)
Car le sujet du livre est toujours en train de se découvrir et se redécouvrir. La saveur de la relation humaine se déguste par qui veut bien s'y adonner. «La rencontre des humanitudes» est possible entre chacun de nous. Le livre nous l'autorise enfin à nous aussi, soignants, qui avons peut-être été contraints de nous dénaturer, ce qui s'est traduit par la déshumanisation des soins.
J'ai déjà cité plusieurs passages de ce livre, en attendant qu'il soit disponible au Québec. J'ai l'embarras du choix, pour que vous en ayez l'eau à la bouche. Par exemple, les pages 201 et 202 parlent de «vivre chez soi», de ce que c'est, de ce que ça ne pourrait être et qui se produit pourtant. Ceux qui s'intéressent au concept milieu de vie y trouveront inspiration.
Mais ce soir, alors que j'écris ces lignes en pensant à moi, à ce qui me reste de vie à vivre avec moi-même, dans mon grand besoin de solitude et mon aussi grand besoin des autres, je choisis ce passage et j'en remercie les auteurs:
«Dire à un chanteur que la bouche est essentiellement faite pour manger serait aussi idiot que dire à un gourmet que la bouche doit surtout servir à faire de la musique. Annoncer à un homme vieux qu'il n'a plus besoin d'apprendre serait tout aussi idiot qu'annoncer à un enfant qu'il n'a pas encore besoin de s'accomplir. Expliquer à un ermite qu'il a fondamentalement besoin pour s'épanouir de faire l'amour serait aussi idiot qu'expliquer à un grand travailleur qu'il ne dort pas assez ou à un cascadeur qu'il ne fuit pas suffisamment les dangers...

Le premier besoin de l'homme (au-delà de ce qui lui permet d'avoir des besoins, c'est-à-dire d'être vivant: la nourriture, etc.), s'il faut qu'il y en ait un, l'une de ses caractéristiques essentielles, est de pouvoir définir lui-même ce qui donne sens à sa vie.» (p.37)
Cet extrait me fait étrangement penser aux réponses à ma question-sondage. Nous avons le sentiment qu'on nous dit n'importe quoi quand nous sommes ce chanteur, cet enfant, cet homme vieux, cet ermite, cet "autre", non reconnu dans son unicité.
Aider quelqu'un, comme aimer, peut-il se concevoir sans ce souci du sens qu'y porte l'autre, sans cette fidélité au sens ? Comment avons-nous pu l'oublier, comment le réapprendre?
Marguerite Mérette, en hommage à Yves Gineste et Jérôme Pellissier, avec ma profonde amitié et ma gratitude
20 juin 2005


Sommaire
1. Des hommes - l'humanitude
13
2. Des hommes entre eux - la première fois
45
3-. Des hommes vieux
79
4. Des hommes - les mondes parallèles
125
5. Des hommes soignants
171
6. La philosophie de l'humanitude
215
7. Prendre soin
251
En guise de conclusion
307
Annexes
309
Notes
315
Bibliographie
357
Table des matières
365





http://catalogue.iugm.qc.ca/DocumentPri ... 7813922960

Document N° : 19318 - Monographie - (disponible)
Cote : WY 152 G492

Humanitude : comprendre la vieillesse, prendre soin des hommes vieux

GINESTE, Yves ; PELLISSIER, Jérôme
Paris : Bibliophane Edition , Daniel Radford , 2005, 368 p.

Penser l'humanitude, comprendre la vieillesse, découvrir et affirmer la capacité des hommes vieux, malgré les difficultés qui les éprouvent, à vivre leur vie dignement jusqu'au bout, proposer des outils qui permettent d'aider dans le respect et la tendresse, c'est le pari réussi des auteurs de ce livre. Après une analyse qui montre que les hommes vieux vulnérables sont aussi indispensables et précieux que les autres hommes, que les autres citoyens, les auteurs nous guident sur les chemins d'une science pratique au service du bien-être et de la qualité de vie. La philosophie de l'humanitude et les dernières découvertes et connaissances sur les grandes pathologies de la vieillesse (de la maladie d'Alzheimer au syndrome d'immobilisme, en passant par les autres démences), les ont conduits à élaborer des techniques nombreuses et des savoir-faire précis qui donnent à tous, familles, soignants ou proches, les éléments nécessaires pour prendre soin. Un prendre-soin permettant de toujours épauler les forces de vie de la personne, de toujours respecter et soutenir, quelles que soient les épreuves, son humanitude

Mots-clés : Vieillesse ; Gérontologie ; Aspect philosophique ; Théorie humaniste
Localisation : Bibliothèque
Langue : Français
Illustrations : graph.
Collection : Science cherche conscience
Notes ISBD : Comprend une bibliogr.
Sujets des chapitres : Vieillissement normal ; Histoire ; Autonomie ; Rôle social ; Soignant ; Professionnel de la santé ; Pratique professionnelle ; Confort du malade ; Bien-être ; Âgisme ; Théorie sociologique du vieillissement ; Mémoire ; Soins ; Hygiène corporelle



VOILI VOILOU

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 25 juil. 2006 10:23
par cocotte
METHODOLOGIE GINESTE&MARECOTTI absolument MAGNIFIQUE que tous les soignants et accompagnateurs de personnes âgées devraient connaître et appliquer.


http://accompagnerlavie.net/index.php?o ... &Itemid=60


Humanitude : comprendre la vieillesse, prendre soin des Hommes vieux
Ouvrage co-écrit par Yves Gineste, créateur de la méthode de soins Gineste-Marescotti, et Jérôme Pellissier, chercheur et écrivain (éd Bibliophane, 2005)

HUMANITUDE
Comprendre la vieillesse, prendre soin des hommes vieux
Éditions Bibliophane, avril 2005
Préface de Geneviève Laroque, présidente de la Fondation nationale de gérontologie
Penser l'humanitude, comprendre la vieillesse, découvrir et affirmer la capacité des hommes vieux malgré les difficultés qui les éprouvent, à vivre leur vie dignement jusqu'au bout, proposer des outils qui permettent d'aider dans le respect et la tendresse, c'est le pari réussi des auteurs de ce livre.
Après une analyse qui montre que les hommes vieux vulnérables sont aussi indispensables et précieux que les autres hommes, que les autres citoyens, les auteurs nous guident sur les chemins d'une science pratique au service du bien-être et de la qualité de vie. La philosophie de l'humanitude et les dernières découvertes et connaissances sur les grandes pathologies de la vieillesse (de la maladie d'Alzheimer au syndrome d'immobilisme, en passant par les autres démences), les ont conduits à élaborer et à présenter des techniques nombreuses et des savoir-faire précis qui donnent à tous, familles, soignants ou proches, les éléments nécessaires pour prendre soin.
Un prendre-soin permettant de toujours épauler les forces de vie de la personne, de toujours respecter et soutenir, quelles que soient les épreuves, son humanitude. "
Jérôme Pellissier est écrivain et chercheur. Il a publié en 2002 le roman Les Insensés (éditions Joëlle Losfeld) et en 2003 l'essai, remarqué par la critique, La nuit, tous les vieux sont gris (édition Bibliophane).
Yves Gineste est directeur de formation du Centre de communication et d'Etudes Corporelles (CEC-France) et conseiller expert auprès d'IGM-Canada et d'IGM-Suisse. Il enseigne depuis plus de 25 ans, en situation réelle de soins, la "philosophie de l'humanitude" et la " méthodologie de soins Gineste-Marescotti ", conçues avec Rosette Marescotti. Il dirige également la formation d'instructeurs et de formateurs en méthodologie en Europe et est actuellement mandaté par l'Association des Hôpitaux du Québec (AHQ) pour présenter cette méthodologie dans tous les établissements de soins du Québec.


Voici un extrait du chapitre 3
publié avec l'aimable autorisation
de Jérôme Pellissier

L’épreuve
Tous les changements et événements qui accompagnent le vieillissement, tous les processus d’adaptation qui conduisent les hommes jeunes à devenir, peu à peu, des hommes vieux, témoignent de ce que la vieillesse ne se résume pas à la somme de ces changements, mais à la manière dont chacun d’entre nous s’y confronte. La vieillesse n’existe pas en soi (1) : il n’existe que des vieillesses éprouvées, des vieillesses ressenties, des expériences de la vieillesse. Uniques, singulières.
Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? Nous sommes tous égaux en dignité et en droits, semblables en humanitude, mais différents en vie : chacun d’entre nous éprouve ce qu’il vit en fonction de sa personnalité, de son histoire, de ses convictions, de ses amours et amitiés, des soutiens dont il dispose, etc. Comment pourrions-nous, avec des expériences, des histoires, des personnalités aussi différentes les unes des autres, être identiquement vieux ?
Rappelons-le : là où les animaux ne peuvent que se soumettre, l’homme peut donner du sens et s’approprier son destin ; là où les animaux subissent, l’homme peut lutter.
Il ne s’agit pas d’une lutte biologique – celle-là, nous le savons bien, est perdue d’avance : nous mourrons tous.
Les hommes vieux combattent, comme nous le faisons tous depuis notre enfance, pour les activités qu’ils préfèrent, les capacités auxquelles ils tiennent, les relations qu’ils ont construites, l’autonomie qu’ils ont conquise, les convictions ou les croyances qui les soutiennent, etc.
Ils combattent, comme nous le faisons tous, pour ne pas perdre leur estime de soi, pour ne pas perdre l’estime des autres. Pour pouvoir continuer à s’aimer et à être aimé.
Leur combat, comme celui des hommes jeunes, conduit parfois au découragement (2). Entre le « Ça me fatigue, j’abandonne (3) » et le « Je ne vais pas me laisser aller », il existe, à tout âge, une gamme infinie de défaites et de victoires.
Leur combat n’a souvent pas la même apparence que celui des hommes jeunes, qui y mettent toutes leurs capacités physiques et toute leur mobilité (4). Il est souvent moins visible, moins extérieur (5). Mais toujours aussi respectable, comme l’est celui d’un enfant qui se bat pour un jeu, comme l’est celui d’un homme jeune qui se bat pour un travail… Il n’y a pas de combats vains quand chaque homme se bat pour ce qui le fait vivre et se sentir humain.
La vieillesse, comme la vie, est une épreuve : elle nous éprouve autant qu’elle nous révèle, elle nous frappe autant qu’elle nous permet de nous accomplir.
Elle témoigne, peut-être davantage que d’autres périodes de notre existence, de cette particularité de l’homme que nous avons évoquée : au-delà de la lutte pour sa survie, il trouve dans le fait même de lutter et de se battre, un enjeu qui l’anime. Vivre nourrit la vie.

La parole des hommes vieux
Le sens de la vieillesse
Existerait-il un sens de la vieillesse, valable pour tous les hommes vieux ? Pas davantage qu’il n’existe un sens de la vie valable pour tous les hommes.
Certains auteurs, dont les plus célèbres sont sans doute Carl Gustav Jung et Erik Erikson (6), ont suggéré que la vieillesse provoquait un conflit entre « l’aspiration à la croissance » et le « déclin biologique ». Face à la perspective prochaine de sa finitude, durant ce moment où « la mort » devient « sa mort », l’individu pourrait accepter paisiblement son destin et développer une forme de sagesse.
De nombreux hommes vieux témoignent en effet d’un tel vécu… caractérisé, comme le décrivent les auteures d’une récente étude sur le sujet (7), par trois phénomènes : « Accepter délibérément les pertes en même temps qu’affirmer sa force, accueillir sereinement la mort en même temps qu’apprécier plus intensément la vie et s’engager positivement dans sa solitude en même temps qu’enrichir son univers relationnel. » Ces expériences, ressenties comme une « croissance à travers les déclins » sont souvent liées à une expérience plus globale de développement spirituel (8).
Elle n’est pas partagée par tous les hommes vieux. Il nous paraît donc très dangereux d’en faire une norme ou un modèle de ce que serait une vieillesse psychologiquement « réussie ». La maladie et la mort peuvent aussi nous conduire à résister et à nous révolter contre l’inéluctable. Cette réaction, plus tragique, n’est pas moins humaine, n’est pas moins digne de respect. D’autant qu’on remarque souvent qu’un homme parvient à accepter sa mort à partir du moment où nous, nous avons accepté d’entendre qu’il la refusait… Ce qu’il a pu nous transmettre dans cet échange, c’est justement qu’il ne va pas la subir passivement, qu’il va combattre jusqu’au bout (9).
Il apparaît également que la vieillesse constitue pour beaucoup d’hommes un moment précieux pour porter un regard sur l’ensemble de leur parcours, pour réfléchir au sens de leur vie, pour faire, en quelque sorte, le bilan de leur existence (10). La manière dont ils regardent l’avenir en témoigne : ils parlent moins de leur mort que de leur vie, de leur histoire, et d’un futur où ils continueront peut-être à vivre dans l’esprit de ceux qui les ont connus, dans tout ce qu’ils ont fait et transmis.
Au-delà des différences individuelles, nous retrouvons toujours ce même phénomène, essentiel : un événement, qu’il s’agisse de la maladie, de la vieillesse ou de la mort, est toujours vécu en fonction de la signification qu’il possède pour celui qui le vit… mais aussi, indirectement, pour ceux qui l’entourent.
Nous l’avons dit : nous sommes profondément des êtres de relations. Et nous sommes ainsi, parfois, des témoins essentiels : ceux auxquels un homme vieux peut vouloir transmettre une part de son histoire, de ses émotions, de ses doutes ou de ses convictions. Accueillir cette parole, d’être humain à être humain, est l’une des manières concrètes de partager notre humanitude.

Ce que nous disent les hommes vieux
Les hommes vieux nous disent qu’ils ressentent deux sortes de craintes :
– Des craintes qui concernent les modifications physiques et psychologiques qui accompagnent le vieillissement (crainte de moins bien voir et entendre ; crainte d’être moins mobile ; crainte de tomber malade ; crainte de voir mourir un être aimé ; etc.). Ces craintes-là, ils y font face comme nous faisons face à tout âge aux craintes que nous ressentons pour notre santé, notre équilibre et ceux de nos proches.
– Des craintes qui concernent la manière dont la société à laquelle ils appartiennent les traitera et les considèrera dès qu’ils auront besoin de son soutien (crainte de ne pas être aidé en cas de handicap ; crainte de ne pas être respecté en tant que personne autonome ; crainte d’être privé de sa liberté ; crainte d’être abandonné ; etc.) (11).
Ces craintes-là ne sont pas inéluctables. Nous savons qu’il dépend de chacun d’entre nous qu’elles disparaissent ; et nous savons qu’elles disparaissent au fur et à mesure que se développe un prendre-soin enraciné en humanitude et fondé sur des connaissances et techniques rigoureuses.
Les hommes vieux nous disent que des éléments essentiels de ce que nous sommes, de ce qui constitue notre être, depuis notre histoire jusqu’à notre conscience, en passant par notre sentiment d’identité et nos émotions, ne diminuent pas en vieillissant comme nos os ou nos muscles. Ils nous disent que ce qui diminue ne les empêche pas de continuer à se battre, à s’émouvoir, à se développer, etc. Ils nous confirment ce que disent les études qui se sont intéressées à la manière dont les hommes vieux vivent des situations de maladie, de deuils, de diminutions des capacités, de handicaps, etc. : la meilleure garantie pour permettre à un homme d’y faire face avec succès est de lui laisser le maximum de contrôle et de regard sur sa vie et son environnement (12).
Les hommes vieux nous disent qu’on n’est pas vieux parce qu’on est à la retraite, ou parce qu’on a 65 ans. Qu’un homme vieux peut être seul, ou malade, ou handicapé, ou déprimé, etc., mais qu’il ne se réduit pas à ces phénomènes qu’il affronte à sa manière comme d’autres hommes, plus jeunes, les affrontent à leur manière. Qu’un homme vieux, c’est un adulte confronté au vieillissement, qui face à des événements, face à des changements – physiques, sociaux et psychologiques –, utilise ses capacités, son autonomie et les ressources de son environnement, pour s’adapter – c’est-à-dire améliorer ou maintenir son équilibre et son bien-être – et pour donner du sens à ce qu’il vit.
Les hommes vieux nous disent ainsi qu’une société qui ne détruit pas ses citoyens âgés est une société qui prend en considération leur possible vulnérabilité pour leur fournir justement les ressources nécessaires à ce qu’ils utilisent, eux-mêmes, au mieux, leurs capacités et leur autonomie pour s’adapter et donner du sens à ce qu’ils vivent.
Les hommes vieux nous disent enfin une évidence que nous avions oubliée : qu’ils sont semblables aux hommes jeunes – car nous donnons tous du sens à ce que nous vivons – mais également différents d’eux – car chaque homme vieux donne à sa vieillesse un sens que les hommes jeunes ne peuvent lui donner… puisqu’ils n’ont pas encore vécu leur vieillesse. »

(1) Même dans son sens précis de « période de la vie », elle est difficilement définissable, puisqu’elle ne débute pas au même âge pour tout le monde.
(2) Soulignons là encore l’importance de certains facteurs : l’aptitude à vivre un événement comme un défi à surmonter, à l’utiliser pour se construire, est d’autant plus importante que la personne peut exercer son autonomie, compter sur son environnement et garder la possibilité de le contrôler.
(3) Les hommes, vieux ou non, se plaignent rarement pour se plaindre… plus souvent parce qu’ils ont besoin d’être soutenus dans leur combat – ne serait-ce qu’en étant écouté par un témoin, par une personne capable de reconnaître leur valeur et leur courage.
(4) Si les hommes jeunes disposent parfois d’alliés plus nombreux pour les soutenir dans leur combat, les hommes vieux n’en sont pas démunis pour autant : souvent, ce sont des figures du passé, leurs parents ou leur conjoint, qui intérieurement les accompagnent. C’est l’une des belles capacités de l’être humain, que de pouvoir vivre aussi avec la présence, en lui, des absents.
(5) Rappelons que l’homme ne vit pas que dans le contexte de l’ici et maintenant, mais également dans son monde intérieur, nourri par sa mémoire et son imagination. Nous savons que certains hommes vieux, confrontés à la baisse de leur énergie, recourent souvent à un sorte de principe d’économie : ne pouvant se placer sur tous les fronts à la fois, ils peuvent choisir de sacrifier certaines activités – les activités physiques, celles que son environnement perçoit, étant les plus dépensières – pour mieux se concentrer sur d’autres, en particulier l’activité intérieure. Il existe beaucoup plus d’hommes vieux qu’on ne le croit, parmi ceux que des personnes extérieures peuvent décrire comme « éteints » qui, comme l’écrit Jean Guillaumin, « préservent en eux une toute petite oasis, lucide, brillante mais presque invisible du dehors, un coin d’âme pourrait-on dire, qu’ils cultivent avec ferveur ». Il en est ainsi, par exemple, « chez certaines personnes âgées qui ont développé une foi religieuse à tonalité doucement mystique, leur permettant de lire silencieusement et de traiter les signaux de l’environnement (dont elles ne décrochent qu’au niveau des réponses et des initiatives concrètes) pour confirmer et enrichir leur expérience secrète de la vie. On peut se demander jusqu’à quel point de telles organisations économiques ne réalisent pas, même quand on serait porté à les bousculer pour récupérer dans le fonctionnement social l’énergie consacrée à la vigilance intérieure secrète, des adaptations précieuses et, compte tenu de certaines circonstances et de telle ou telle histoire personnelle, profondément équilibrantes… » Jean Guillaumin, « Le temps et l’âge » In : Jean Guillaumin & Hélène Reboul (dir.), Le Temps et la Vie : les dynamismes du vieillissement. Op. cit.
(6) Cf. Carl Gustav Jung, L’Homme à la recherche de son âme. Payot, 1979. On trouvera une synthèse et une analyse très claires des travaux d’Erik Erikson dans le livre de Jacques Laforest, Introduction à la gérontologie : croissance et déclin. Québec : Hurtubise, 1990.
(7) Étude réalisée auprès de personnes de plus de 70 ans vivant en institution, par Raymonde Cossette et Jacinthe Pépin, Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal. Les résultats de cette étude ont été publiés dans « Vieillir et croître à travers les déclins, un défi spirituel avant tout » Théologiques, 9/2, 2001.
(8) Il semble que la spiritualité, liée ou non à des croyances religieuses, joue un rôle très important dans la vie de nombreux hommes vieux. Il est regrettable qu’il n’existe pas plus d’études et de recherches sur son rôle. Est-ce seulement dû à la difficulté de procéder dans un tel domaine, comme pour les autres, à des évaluations et mesures quantitatives ? Ou à ce que les adultes jeunes ne peuvent comprendre tout à fait l’importance de ces expériences ?
(9) D’où l’importance d’une écoute qui n’a pas forcément pour objectif d’apporter des réponses aux doutes, mais qui permet de signifier à l’autre que notre humanitude commune nous confronte à de semblables questions.
(10) Voir à ce sujet plusieurs des textes publiés dans Jean Guillaumin & Hélène Reboul (dir.), Le Temps et la Vie : les dynamismes du vieillissement. Op. cit.
(11) Nous en reparlerons : l’une des principales causes de ces craintes liées à l’environnement est due aux nombreuses situations d’aides et de soins qui ne tiennent pas compte de l’autonomie de la personne, de ce qu’elle ressent et souhaite pour elle.
(12) On trouvera dans le livre de Christiane Vandenplas-Holper, Le Développement psychologique à l’âge adulte et pendant la vieillesse (Op. cit.), une analyse de plusieurs études menées dans des institutions, qui toutes témoignent du lien entre l’accroissement du bien-être physique et psychologique et l’existence de possibilités offertes à la personne de contrôler les événements de sa vie et la manière dont l’entourage prend soin d’elle.

Pour en savoir plus : Le site IGM (Institut Gineste-Marescotti) propose une présentation très complète de cet ouvrage.








Dernière mise à jour : ( 23-03-2006 )

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 25 juil. 2006 10:32
par cocotte
http://www.cec-formation.net/

La philosophie de l'humanitude
Mais qui a inventé l'Humanitude ?

De tout temps, il s'est trouvé des soignants qui se sont occupés des personnes avec humanité.
Mais soigner avec humanité n'est pas prendre soin en humanitude.
Le mot " humanitude " a été créé par Freddy Klopfenstein (Humanitude, essai, Genève, Ed. Labor et Fides, 1980.).
Plus tard, Albert Jacquard, reprend ce terme, sur le modèle du mot " négritude " jadis créé par Aimé Césaire, puis popularisé par Léopold Senghor. Ceux-ci avaient ainsi, nous dit Albert Jacquard, utilisé " un mot nouveau pour désigner l'ensemble des apports des civilisations d'Afrique centrale, l'ensemble des cadeaux faits aux autres hommes par les hommes à peau noire : la négritude.
"Les cadeaux que les hommes se sont faits les uns aux autres depuis qu'ils ont conscience d'être, et qu'ils peuvent se faire encore en un enrichissement sans limites, désignons-les par le mot humanitude . " Ces cadeaux constituent " l'ensemble des caractéristiques dont, à bon droit, nous sommes si fiers, marcher sur deux jambes ou parler, transformer le monde ou nous interroger sur notre avenir É "
" L'humanitude, c'est ce trésor de compréhensions, d'émotions et surtout d'exigences, qui n'a d'existence que grâce à nous et sera perdu si nous disparaissons. Les hommes n'ont d'autre tâche que de profiter du trésor d'humanitude déjà accumulé et de continuer à l'enrichir . "
Ainsi Jacquard définie une approche "écologique" de l'humanitude.
Plus tard, dès 1989, un gériatre français, Lucien Mias, introduit pour la première fois le terme d'humanitude dans les soins.
Enfin, en 1995, Rosette Marescotti et Yves Gineste décident d'écrire une nouvelle philosophie de soins qu'ils baptisent la "philosophie de l'humanitude", car toutes les actions soignantes se réfèrent toujours à une philosophie de soin. Une philosophie de soin a entre autres pour objet l'étude des principes fondamentaux d'une activité, d'une pratique, des réflexions sur leurs sens et leur légitimité.
La " philosophie de l'humanitude ", développée dans le cadre de la méthodologie des soins Gineste-Marescotti, constitue une réflexion sur les caractéristiques que les hommes possèdent et développent en lien les uns avec les autres, sur les éléments qui font que chaque homme peut reconnaître les autres hommes comme des semblables..

La Philosophie de l'Humanitude tente de répondre a une question : Qu'est ce qu'un soignant?

Un soignant est un professionnel qui prend soin d 'une personne qui à des problèmes de santé, ou qui se préoccupe de sa santé, dans le but de l 'aider à l 'améliorer, ou la conserver, ou pour l 'accompagner jusqu 'à la mort. Mais jamais pour la détruire.
Dans cette philosophie nous définissons la personne: ... Une Personne... est un être humain... L'Être Humain est un animal... Celui qui prend soin d'un animal qui a des problèmes de santé est un vétérinaire...
Oui, mais l'humain est un animal particulier... L'humanitude est l’ensemble de ces particularités : Le rire, l’humour, l'intelligence conceptuelle, la verticalité, l'habit, la socialisation: famille, repas etc, etc...
On ne devient soignant qu’en s'occupant de l'humanitude...

L'humanitude est l 'ensemble des particularités qui permettent à un homme de se reconnaître dans son espèce, l 'Humanité. Ou alors...

L 'humanitude est l 'ensemble des particularités qui permettent à un homme de reconnaître un autre homme comme faisant partie de l 'Humanité ...

...


SITES A VISITER ABSOLUMENT !

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 25 juil. 2006 11:25
par Patrick
Bonjour Cocotte,


C'est très bien d'avoir parlé du livre que lis Florence. Merci pour tous ces détails mais je ne demandais que le minimum d'informations sur l'ouvrage, pas une brochure publicitaire.

De plus, je suis étonné de ta réponse car j'ai dezmandé la réponse à Florence et tu étales une publicité montre sur le sujet. Il n'était pas utile de mettre tous les chapitres, les sites, et envoyer trois messages aussi long.

T'es-tu demandé si Florence n'est pas frustrée que tu aies répondu à sa place.
Je précise que ce sujet qui sera inclus dans le projet "livre-témoignage" n'a pas vocation publicitaire mais d'information.

Une dernière question, pourquoi "merci google" ?

A+Patrick

Re: Livre-témoignage: bibliographie

Publié : 29 juil. 2006 10:05
par magali
bonjour a tous,
quelle belle idée de faire découvrir notre metier par le biais de veritable experience, et sentiments, car en effet meme s'il est de bon ton de dire qu'il ne faut pas méler nos sentiments a la relation d'aide je pense que l'on serait beaucoup moins efficace, et que la personne chez qui on intervient a besoin de ressentir notre relation entiere envers elle car ainsi le rapport entre nous se fait dans de meilleurs conditions.. apres tout nous sommes des humains avec chacun sa maniere d'etre ! et le fait de ressentir les etres peu nous aider a avancer dans de meilleurs conditions aupres de la personne aidée, je sais que en m'investissant sentimentalement aupres des personnes chez qui je travaille, elles se sentent en confiance etmoins comme 1 personne dont on s'occupe pour le cheque en fin de mois mais qui existe reelement et qui a encore des choses a nous transmettre ; 1 histoire , des sentiments humain aussi ! je sais que si je n'offrai pas a ces personnes de moi meme je ne serai pas apte a faire ce travail! n'oublions pas que nous travaillons avec des humains et non des machines !!