voici le témoignage nicolas, amp en foyer d'accueil
Le foyer accueille une quarantaine de résidents déficients intellectuels, regroupés par "aile". Chaque aile est sous la responsabilité d'une équipe composée d'1 éducateur spécialisé, d'1 moniteur-éducateur et de 2 AMP. "Mon équipe s'occupe plus particulièrement de 11 résidents. Mais, nous aidons et sommes en contact avec tout le monde", rappelle Nicolas. L'objectif du foyer est de maintenir les acquis des résidents en les stimulant dans les actes de la vie quotidienne et lors d'ateliers. Pour être présent tout au long de la journée, les membres de l'équipe se relaient. Ils peuvent être de matin (7h-14h30), d'après-midi (14h30-22h) ou en journée continue (7h-17h). Ils travaillent aussi un week-end sur quatre et certains jours fériés.
"Mon travail commence à 7h avec le réveil des résidents, les toilettes, l'habillage et l'accompagnement au petit-déjeuner, nous explique Nicolas. Très peu de personnes ont des difficultés motrices, je n'ai donc pas particulièrement de manutention à faire. Pour les toilettes, je suis plus là pour vérifier qu'ils se lavent correctement et les stimuler, plutôt que pour faire à leur place. Je les aide surtout à se laver le dos. La toilette est un moment relationnel privilégié. Il faut être à son écoute et toujours établir un contact, même avec ceux qui ne peuvent pas parler. Le matin, je fais avec eux leur lit, un peu de rangement, avec toujours un objectif éducatif."
9h30 à 12h : atelier (couture, gym, peinture...). "J'anime souvent les ateliers marche, plâtre et théâtre, mais je peux animer n'importe quel autre atelier. De bonnes capacités d'adaptation et un certain goût pour les activités manuelles sont nécessaires pour faire ce métier. Nous avons la possibilité de nous former."
Le groupe de l'atelier est composé de 7-8 personnes aux âges et aux pathologies très variées : trisomiques, psychotiques, arriérés mentaux, malades mentaux… L'AMP doit savoir s'adapter à chacun. "Ce n'est pas toujours facile de gérer un groupe si hétéroclite. Il est très important de connaître la pathologie de chacun et sa personnalité, notamment pour gérer les moments de colère. Par exemple, un trisomique s'entêtera, il faut alors régler le problème tout de suite. Un psychotique, lui, peut devenir violent. Il faut lui laisser le temps de se calmer avant d'intervenir.
Pour animer un groupe, il faut savoir gérer les débordements, les tensions ou encore une crise d'épilepsie. Il est arrivé, mais c'est très rare, que quelqu'un fugue. Il faut alors réagir très rapidement. Nous sommes confrontés à la violence verbale, physique, sur euxmêmes, entre eux, voire envers le personnel. Il faut savoir comment réagir et garder en tête que la vie en collectivité leur pèse parfois. Ils sont ensemble tout le temps et ce depuis des années. Il faut donc relativiser et toujours tenir compte du rythme de vie de chacun et de leur personnalité."
En dehors d'éventuels conflits, Nicolas doit aussi s'adapter aux possibilités de chacun. "Ils n'ont pas tous la capacité de se concentrer très longtemps, il faut alors trouver un moyen pour les faire participer, en les envoyant chercher quelque chose par exemple. L'objectif de l'atelier est d'amener le résident à s'ouvrir à de nouvelles sensations, toucher à de nouveaux supports… C'est à moi de m'organiser pour atteindre ce but."
A chaque séance, l'AMP note ses observations qui seront utilisées la fois suivante par le collègue en charge de l'atelier . Le travail d'équipe est très important. "Nous nous réunissons une fois par semaine pour faire des synthèses ou des réunions éducatives. Les synthèses permettent de faire le bilan d'un des résidents, de prendre en compte ses désirs et ses besoins pour lui fixer des objectifs. Ça peut être tout simplement de regarder son interlocuteur dans les yeux lorsqu'il parle ou de ne manger que 3 morceaux de pain par repas pour sa santé. On se sert des fiches d'observation remplies toute l'année. L'écrit a une grande importance dans notre travail. Il nous permet de faire le point, de laisser une trace qui sera ensuite utilisée par un autre collègue. C'est notre moyen pour faire le lien entre nous.
Les réunions éducatives permettent, quant à elles, de parler des difficultés rencontrées, de proposer de nouveaux ateliers, de travailler autour d'un thème comme la mort au sein de l'établissement, la sexualité, les relations avec les parents… Ça concerne plutôt la vie de l'établissement et ça nous permet de prendre du recul, de faire part de nos doutes et de ne pas tomber dans la routine. La routine est un gros risque dans notre métier, car nous devons beaucoup nous répéter et nous montrer très patients d'autant que les résidents progressent peu."
12h : les résidents vont déjeuner en compagnie du personnel. "Ils manquent beaucoup de repères. A titre d'exemple, il faut les aider à ranger leur blouson dans leur chambre et non pas dans celle du voisin, nous raconte Nicolas. Le repas est vraiment un moment important pour eux et il faut le rendre le plus convivial possible. D'ailleurs, nous faisons attention de les placer par affinités. Je mange à table avec eux, je peux couper la viande, mixer la nourriture… Je gère les quantités, certains ont tendance à trop manger alors que d'autres refusent de boire." Avant de se rendre à l'atelier de l'après-midi, les résidents vaquent à leurs occupations : discussion, jeu, petite promenade… "Je reste présent et je m'occupe de ceux qui en ont envie. Il ne faut pas qu'ils se sentent délaissés."
14h30 : la nouvelle équipe arrive et prend le relais. Elle consulte les cahiers de liaison pour connaître les événements et les observations de la matinée.
14h30 à 16h45 : 2ème atelier. "Mes journées ne se ressemblent jamais, parce que les ateliers et les groupes sont différents. Une journée peut être calme avec de beaux moments de joie et d'entraide, et le lendemain plus mouvementé à cause d'une crise d'un des résidents."
A la fin des ateliers, les résidents retournent au foyer. Certains vont à la toilette pendant que d'autres jouent, se promènent, vont faire des courses… "J'en profite pour remplir le cahier de liaison, prendre des rendez-vous chez le coiffeur par exemple ou encore organiser le camp de vacances d'un des résidents. Par contre, c'est l'infirmière qui s'occupe de gérer les rendez-vous médicaux", nous précise Nicolas.
Après le dîner, entre 20h et 22h, les résidents ont du temps pour eux. "Je suis là pour proposer une petite balade, discuter, jouer ou regarder la télé avec eux. Je m'adapte vraiment à leurs demandes et leurs besoins. Il faut leur donner de l'affection, sans jamais prendre la place de la famille. Il faut toujours trouver le bon équilibre. C'est le cas aussi pour l'autorité. Il faut aussi se montrer ferme et savoir jusqu'où on accepte les choses. Je suis là pour donner un cadre, ça me permet de me protéger aussi."
Le week-end : une réunion pendant la semaine a permis de faire le point avec les résidents sur leurs envies et leurs besoins (achats à faire par exemple). Des sorties et des animations sont prévues : cinéma, exposition, thé dansant, lotos, spectacle, promenade… "Le rythme du week-end est beaucoup moins soutenu. On respecte plus le rythme de chacun. Ils peuvent, par exemple, faire la grasse matinée jusqu'à 11h." Une de nos priorités est d'essayer de socialiser les résidents, de les ouvrir sur l'extérieur. Les sorties culturelles et sportives (avec le sport adapté) sont organisées dans cet objectif.
on peut trouver ce témoignage ici :
http://www.mip-louhans.asso.fr/parties/ ... MP/AMP.pdf
il y a aussi une fiche métier très intéressante (que je ne peux pas copier ici car la fiche est maintenant sur pdf, ce qui n’était pas le cas quand j’avais fait mes recherches)