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métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 18 nov. 2013 12:05
par Frigg
Bonjour,
Dans l'accompagnement des personnes à domicile, il existe une dualité fondée sur une distinction pas très claire.
D'un côté, il y a la prise en charge médicale, sur prescription et remboursée par la Sécu à 100%, assurée par des SSIAD, qui font intervenir des aides-soignantes pour réaliser la toilette des personnes.
De l'autre côté, il y a l'aide à domicile, financée partiellement par l'APA ou les caisses de retraites, et assurée par des SAAD qui font intervenir des auxiliaires de vie sociale pour réaliser toutes les activités de la vie ordinaire... dont la toilette des personnes.
Quand on demande aux spécialistes quelle est la différence entre les deux, on s'aperçoit qu'elle est plus mince qu'un cheveu. Les aides-soignantes des SSIAD interviendraient soi-disant auprès des personnes les plus dépendantes et ayant besoin d'une surveillance médicale. Sauf que dans la pratique, quand il manque du personnel en SSIAD le dimanche, ce sont des auxiliaires de vie qui interviennent. Et puis comme il manque des places en SSIAD, de nombreuses personnes demandent directement à leur auxiliaire de vie de les aider pour la toilette.
Plutôt que de chercher à établir une différence, une autre approche consisterait à reconnaître que l'accompagnement des personnes à domicile ne peut pas être découpé en tranche, et qu'il relève d'un seul et même métier. Il s'agirait alors de concevoir quel serait ce métier commun aux aides-soignants et aux auxiliaires de vie, quel serait son fondement, quelle en serait la formation, quelle seraient les garanties nécessaires à prendre vis à vis des personnes accompagnées, etc.
Est-ce qu'il y en a parmi vous qui ont déjà réfléchi à ces questions, et qui souhaitent partager leurs idées, leurs propositions ?
Merci d'avance pour vos contributions.
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 18 nov. 2013 13:46
par flory
c'est sùr que parfois je suis aide-soingnante et fait la meme chose que le ssiad,
mais non, pas exactement la meme chose : je vois bien qu'il y a une grosse difference entre les 2 interventions chez la meme personne, je suis beaucoup moins "medical" que elles.
normal , on n'a pas fait les memes etudes
je reste sur ma position : avs=social / as=soins
mais c'est sùr que le ssiad a un manque de lits pas possible !
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 18 nov. 2013 15:54
par cosmos
Je dirais plutôt que ces deux métiers, (qui se ressemblent mais sont différents, et resteront différents ), sont complémentaires.
Complémentaires, car d'une part, l'AS intervient pour des soins de nursing, et l'AVS pour l'aide à la vie quotidienne, avec tout ce que cela engendre.
Je travaille dans un SSIAD, et cela se passe très bien avec les SAD.
Certes, les SSIAD sont en manque de place, mais la faute aux autorités, car ils n'y mettent pas les moyens, financiers et humains.
Dans mon SSIAD, nous intervenons les dimanches et jours fériés , chez les personnes nécessitant un passage des AS. En aucun cas, nous déléguons aux AVS le travail.
Peut-être que certains services fonctionnent ainsi,,,, je ne sais pas.
Mais pour moi, pas possible d'en faire un seul et même métier.
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 18 nov. 2013 17:50
par Frigg
Merci pour vos opinions !
J'essaie de comprendre vos arguments :
Flory, vous dites qu'il y a une différence entre AS =médical, et AVS = social. Mais est-ce que les services d'aide et d'accompagnement à domicile ne sont pas des services médico-sociaux justement, et est-ce que la philosophie de l'accompagnement des personnes n'est pas celle de l'approche globale ? En fait, je me pose encore une autre question : est-ce qu'il y a des choses que les AS font, et que les AVS ne veulent surtout pas faire ?
Cosmos, vous dites que les AS et les AVS sont complémentaires. Cela suppose que chaque profession ait ses propres savoir-faire et compétences. Pourriez-vous m'indiquer si vous voyez uniquement une différence au niveau des actes pratiqués (soins de nursing pour les AS, activités de la vie quotidienne pour les AVS) ou bien s'il existe pour vous des différences dans la posture, dans la relation avec les personnes ?
Pour ma part, j'ai l'impression qu'un grand nombre (la totalité ?) d'AVS assurent déjà, de facto, les mêmes missions que les AS, et réalisent les mêmes actes. Cela n'est pas forcément un souhait de leur part, mais la conséquence et la spécificité de leur travail qui s'effectue : à domicile. Les personnes, quand elles sont chez elles, ont le droit de décider de ce qu'elles veulent, ce qu'elles refusent, et tout ce qui est défini par les professionnels et les institutions (la répartition des tâches, des rôles, des responsabilités), reste soumis à leur jugement. Dès lors, ma réflexion est d'abord pragmatique : est-ce que ça ne serait pas plus simple d'avoir un seul et même intervenant, capable de répondre à l'ensemble des besoins, et donc de s'adapter au maximum à chaque personne ?
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 18 nov. 2013 21:28
par cosmos
Je comprends que tu serais pour qu'il n'y ai qu'une intervenante au domicile et qui ferait tout ???
Difficilement concevable.
OUi, il y a une différence dans les actes pratiqués. Même si je sais que quelquefois les AVS font sensiblement les mêmes actions que les AS..
Il y a aussi des interventions auprès des personnes en fin de vie, qui ont de lourdes pathologies, branchées, sondées, oxygène, et qui ont aussi l'HAD. Là, un personnel AS et IDE sont plus approprié , il me semble , non ?
Et une seule et même personne qui aurait fait les soins de nursing ferait ensuite le ménage et les repas ?
....
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 18 nov. 2013 22:01
par flory
aah oui..branchees, sondees, oxygene...c'est ça ce que j'appelle "le medical" : ce sont d'autres etudes ça selon moi, d'autres competences, pas les miennes, et je ne me vois pas en wonderwoman capable de passer de "accompagnement pour courses" a sonde
je trouve que je m'adapte assez comme ça, je n'ai pas envie de faire rentrer le soin et tout son protocole dans mon job
je m'arête aux protocoles "refection du lit" , "nettoyage wc", "desinfection fauteuil", ou "aide a la toilette", ( c'est pour ça que c'est pas la pagaille chez moi

), c'est mon niveau ça,
les sondes et la partie medicale, c'est pour cosmos, c'est trop calé pour moi

Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 18 nov. 2013 22:41
par Odalixe
Frigg
Il faudra bien y venir à cette fusion des deux référentiels pour ne faire qu'un métier. La dépendance est dans la crise un véritable tsunami pour notre société qui peine à trouver son financement.
Déplacer deux professionnels à quelques minutes d'intervalle présente une aberration financière: un pour le déshabillage et l'autre qui lui emboite le pas pour préparer et servir le repas par ex? n'y a t-il pas là un dysfonctionnement couteux en indemnités de route et en terme de condition de travail avec le morcellement des interventions?
Toute une refonte de l'organisation autour du soutien à domicile est à faire. Sans quoi perdurera les deux vitesses: la petite flottille avec des aides inappropriées aux besoins obligeant les différents intervenants à sortir comme actuellement les rames ou alors la grosse armada de ceux qui ont réellement les moyens de rester chez eux.
Tout est à repenser!
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 19 nov. 2013 07:24
par flory
il me semble que Frigg parle de AVS et/ou AS,
pas de problemes d'intervention d'un meme "corps de metier" qui se chevaucherait
et donc mixer as et avs ,c'est le genre de chose qui me fera partir de ce metier plus vite que prevu,
je n'ai pas a me transformer en kiné a cause du trou de la secu
je ne suis pas prete a passer de "courses" a "infirmière",
j'ai assez de responsabilités comme ça, je n'ai pas du tout envie d'assumer "une approche globale",
j'imagine deja les derives en tout genre dans les domiciles.........
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 19 nov. 2013 10:39
par Frigg
Le débat est maintenant bien engagé, c'est ce que j'espérais, merci à vous !
Flory, je suis tout à fait sensible à ton point de vue : tu estimes (à raison je pense) que tout ce qu'on te demande de faire est déjà bien assez comme ça, alors si en plus on te charge la barque en rajoutant les soins à ta fonction, c'est le navire qui coule !
Pour toi, la définition du métier d'AVS, son périmètre d'intervention, ses limites, sont donc une protection qui te permet de dire "stop", de refuser d'éventuelles demandes émanant aussi bien des personnes que de ta direction.
C'est tout à fait normal, et parfaitement légitime, d'avoir des sécurités, des garanties, contre les risques que l'on encourt dans son travail. Une question qui se pose donc est la suivante : les aides à domicile sont-elles actuellement bien protégées ?
Oui, il y a eu la convention collective de branche, avec sa mutuelle obligatoire, c'est un premier pas (pour tous les intervenants, nombreux, qui n'en avaient pas jusque-là).
Mais si l'on prend la question des toilettes. Combien d'aide à domicile en catégorie A, sont-elles amenées aujourd'hui à faire des "aides à la toilette" (et il faudra un jour que quelqu'un m'explique quelle est la différence entre "aide à la toilette" et "toilette" tout court. Je pense sincèrement que la différence est artificielle, théorique, et pour le dire plus explicitement : une supercherie !).
Je ne sais pas si dans vos structures, il y a des aides à domicile en catégorie A qui font des "aides à la toilette", mais si c'est le cas, alors les employeurs sont dans l'illégalité. Les aides à domicile (A) pourraient exiger d'être requalifiées en B, et en cas de désaccord de l'employeur, devant n'importe quel prud'homme la salariée gagnera (ceci est un petit message aux syndicalistes...)
Dans cette logique, quand une AVS fait une "aide à la toilette", qui ressemble comme deux gouttes d'eau à une "toilette", elle est déjà devenue de fait aide-soignante.
Et si l'on regarde bien tout ce que les AVS font, elles sont parfois aussi kiné, tutrice, conseillère en économie sociale et familiale, assistante sociale, ergothérapeute, art-thérapeute, psychologue, médiatrice... La liste est encore longue, car la spécificité du métier, c'est l'accompagnement à domicile, et contrairement à une organisation hospitalière ou dans un établissement (EHPAD), les personnes restent libres de faire les choses à leur façon. Et quand les personnes ont confiance dans leur aide à domicile, c'est à elle qu'elles s'adressent, pour tout et n'importe quoi.
Je suis convaincu (mais je me trompe peut-être, vous me direz), que ce qui fait la grandeur du métier d'aide à domicile, ce qui fait sa noblesse, ce qui lui donne une telle richesse humaine, c'est bien le fait que les personnes, quand elles sont chez elles, restent des personnes, libres de penser, de décider, de s'opposer, de faire chier, de mentir, d'aimer... Le domicile, c'est l'Humanité au sens le plus large (et sauvage) du terme !
Alors, la question est simple : est-ce que la reconnaissance du métier d'aide à domicile (il faudra d'ailleurs lui trouver un autre nom !) passe par une défense quasi-syndicale de ses limites professionnelles, ou bien par cette défense des personnes, de leur intrinsèque et imprévisible humanité, qui exige de s'adapter, d'être ultra-polyvalent, méga-souple, aussi bien dans les actes, que dans les postures, et surtout : dans la relation ?
Dans ma vision des choses, l'idée d'un métier unique devrait être fondée sur cette spécificité de la relation, et non sur les actes. Regardez les aides-soignantes : elles n'ont pas de rôle propre, et leur métier s'arrête là où les infirmières le décident (certains rêvent d'exercer en libéral, elles attendront longtemps) ! Le métier unique est donc une conquête qu'il faudra arracher, car il s'agit d'imposer le recours au savoir-faire spécifique de la relation d'aide, dans l'accompagnement des personnes à domicile. Or actuellement, croyez-moi, les obstacles et les opposants à un tel projet, sont nombreux !
Cosmos, vous avez parfaitement raison : il y a à domicile des toilettes et des actes de soins hyper médicalisés, qui exigent des compétences techniques très pointues. Mais ces situations sont assez faciles à identifier (car ces personnes sont généralement suivies par un hôpital), donc finalement, elles ne posent pas beaucoup de problème je pense.
Odalixe, je vous rejoins complètement dans votre analyse, et j'ajouterais que pour une fois, un projet qui peut être émancipateur, libérateur, valorisant, aussi bien pour les professionnels (dont le métier unique ferait reconnaître la compétence, et même au delà : la nécessité) que pour les personnes aidées (dont le métier unique leur évitera le défilement des divers intervenants, donc le sentiment de ne plus être "chez-soi"), va en plus dans le sens de la logique économique ! (imaginez les économies immenses réalisées, pas seulement sur les frais de déplacements, mais aussi toutes les hospitalisations que l'on pourrait éviter, toute la consommation de médicaments que l'on pourrait faire diminuer, etc.)
En l'état actuel, les institutions, les professionnels, les financeurs, les services, bref, presque tout le monde dans le secteur de l'aide à domicile, font obstacle à un tel projet (activement ou passivement). En effet, cela suppose de tels changements, que le plus simple et le plus sécurisant, est encore de continuer à fonctionner comme on sait le faire... même si on sait que tout dysfonctionne ! Le projet de créer un métier unique a besoin d'être porté, d'être défendu, d'être soutenu, par ceux qui en sont les principaux intéressés, car ils en seront demain les détenteurs. Serez-vous de ce combat ?
Re: métier unique AS et AVS à domicile ?
Publié : 19 nov. 2013 13:19
par flory
adapatable, ultra-polyvalent, mega-souple etc......tout ça serait applicable a un emploi salarié et aurait un minimum de limites dans le temps?, pas possible
ou bien est-ce qu'il faut viser le 24/24 et 7/7 pour arriver a faire tout ça ? ce serait un progrès ça ?
comment on peut faire tout ce dont vous parlez pour une seule personne en une seule journée ?
il faudrait encore plus de moyens pour y parvenir non ? ou alors vous comptez faire tout ça en 45mns?
sans parler de la formation necessaire, et des changements de diplomes
si on veut faire reconnaitre notre metier, on descend toutes dans la rue demain et pendant une semaine,
et là on verra que "la France d'en bas"est indispensable,
tant qu'on ne se montrera pas on restera invisible,