Bonjour,
Je suis syndiquée à la CNT. J'ai rédigé un tract concernant les aides à domicile et je cherche à le diffuser largement. Avant de lancer une grève, il faudrait dans un premier temps se fédérer et c'est là la difficulté de notre secteur.
Si nous souhaitons réunir un maximum d'aide à domicile, devons nous privilégier un syndicat plus qu'un autre ? Pourquoi ne pas créer une coordination avec le soutien des syndicats qui le souhaitent. Cela permettrait :
- De garder notre autonomie sur l'organisation de notre lutte et ainsi de ne pas se ranger derrière une bureaucratie
- De fédérer un maximum de salarié.es : le syndicalisme peut rendre réticent et nous pouvons le comprendre
Plusieurs exemples de lutte créée avec ce type d'organisation existent où ont existé :
- dernièrement la CIPG (coordination des intermittents et des précaires)
- dans les années 80, la coordination des infirmières dont le mot d'ordre était "ni bonnes, ni nones, ni connes!"
Je suis favorable à ce type d'organisation et je serais partante pour :
- créer des assemblées générales afin de recueillir les revendications et organiser des moyens d'actions qui peuvent être diverses. Je pense bien évidemment à la grève mais aussi à des occupations (cg.....), à des distributions de tracts.....
Je joins le tract ci dessous. Si vous êtes intéressé.es pour agir et en discuter, vous pouvez me contacter à l'adresse mail suivante :
isabelle.augee@orange.fr
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Aides à domicile : esclavage moderne et misère des usager.es
Notre métier consiste à accompagner les personnes fragilisées dans leur quotidien afin de favoriser leur maintien à domicile. Au 1er janvier 2014, nous étions environ 557 000 salarié.es, 98% d’entre nous sont des femmes. Face à la complexité des accompagnements des formations professionnelles sont devenues indispensables afin de répondre au plus près des besoins des usager.es.
Le quotidien des aides à domicile c’est :
- Le temps partiel pour 70 % d’entre nous soit deux salarié.es sur trois.
- Un salaire moyen de 832 euros net par mois soit 145 euros au-dessous du seuil de pauvreté !
- Le cumul des contrats est la réalité d’un.e salarié.e sur deux pour survivre.
- La précipitation : un quart d’heure pour changer une protection, une demi-heure pour une toilette ou un petit déjeuner. Comment assurer notre rôle quant au respect des habitudes de vie, du rythme de la personne ? Quand la valoriser, la mettre en capacité de faire, assurer le relationnel et favoriser son autonomie ?
- Une journée avec une amplitude horaire de 12 heures morcelée par des coupures.
- Un véhicule personnel à la disposition de son employeur et une indemnité kilométrique qui ne couvre pas nos frais : 12 cts du km dans les entreprises privées, 25 cts dans le service public pour une 4 Cv (non valorisé depuis 2008), 35 cts pour les associations.
- Une zone de non droit où les contrôles de l’inspection du travail sont rares alors que des employeurs peu scrupuleux se permettent de ne pas appliquer la loi (temps de trajet, heures supplémentaires…)
De plus, la Direccte comme les conseils généraux distribuent des agréments ou des autorisations sans s’assurer que la réglementation sociale soit respectée dans les services. A ceci s’ajoute une faible syndicalisation des salarié.es liée entre autre à la précarité et à une absence de lieu de travail collectif.
- Du bénévolat face à des plans d’aide sous-évalués qui ne répondent pas aux besoins de la personne aidée.
- L’absence de réunions et de groupes de parole dans la plupart des structures alors que nous accompagnons des personnes en fin de vie, atteintes de démences ou des aidant.es et des familles épuisés. Là encore, les distributeurs d’agréments n’ont aucune exigence sur ce sujet et ne prennent pas en considération ce temps de travail dans leur taux horaire.
- Une exposition régulière vers des risques en matière d’accidents de travail ou d’arrêts maladie : contraintes physiques et psychologiques importantes
Usager.es, aide à domicile : même combat !
Le manque de moyen et nos conditions de travail inacceptables impactent autant sur les salarié.es que sur les usager.es.
. Repérer les besoins, les attentes, les capacités et les difficultés de la personne,
. Construire un projet d’accompagnement individualisé avec une équipe pluridisciplinaire,
. Apporter un soutien moral et social
Sont des pratiques essentielles pour exercer un accompagnement respectueux de la personne fragilisée. Elles ne peuvent pas reposer sur des exigences budgétaires et la précarisation des salarié.es. Si nous laissons l’argent régler les problèmes sociaux, l’usager.e et les salarié.es ne pourront qu’être maltraité.es.
Le gouvernement a le projet de rendre notre métier attractif ? Foutaise !
Dernièrement, un accord national EDEC (engagement pour le développement de l’emploi et des compétences autonomie) prévoit une enveloppe budgétaire de l’Etat de 1.8 millions d’euros soit 75 centimes d’euros par salarié.e pour 3 ans ! Enfin, ce même pacte ne se préoccupe pas des pratiques sociales dignes de négriers menées dans notre secteur d’activité.
Le financement de notre branche repose essentiellement sur des fonds publics. Chaque accord doit être agréé par le ministère des affaires sociales or comme chacun.e sait la priorité actuelle est la maîtrise des dépenses publiques au nom de la règle d’or budgétaire ! Ainsi, nos gouvernants ont accepté que la commission de justice européenne oriente les choix budgétaires et la politique économique et sociale de notre pays. Tout Etat qui ne se conformera pas aux sanctions ou aux injonctions de la Commission européenne sera traduit devant la cour de justice de l’Union.
Et n’oublions pas que face à « maîtrise de la dépense publique », de l’argent, il y en a pour les actionnaires :
- Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : distribution de 20 milliards d’euros par an aux patrons sous la forme d’un crédit d’impôt sur les cotisations sociales, cadeau financé par la hausse de la TVA !
- Le pacte de responsabilité qui prévoit la suppression des cotisations salariales et patronales allocations familiales : de 30 à 35 milliards de cadeau au patronat sans qu’aucune contrepartie ne lui soit exigée.
- De 1980 à 2010, les dividendes sont passés de 3% de la richesse nationale à 9% soit une hausse de 180 milliards par an pendant trois décennies (sources INSEE)
- En 30 ans, les dividendes volés sur notre travail ont augmenté de 200% alors que nos salaires n’ont progressé que de 20%
Aides à domicile du secteur privé, de la fonction publique territoriale, du milieu associatif, mobilisons-nous !
C’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons !
Nos revendications :
- Aucun salaire ne peut être inférieur à 2000 euros net, quel que soit la profession
- Revalorisation de l’indemnité kilométrique indexée sur la hausse des carburants et couvrant l’intégralité de nos frais
- Contrôle de toutes les structures de la part de l’inspection du travail, de la médecine du travail et des institutions délivrant les agréments sur :
o Notre sécurité au travail
o L’application de la réglementation sociale
o Le respect des qualifications
o Le respect de chaque champ de compétence médical et social bordés par des référentiels professionnels explicites
- Un temps complet pour tous.tes les salarié.es qui le demandent, les besoins existent :
. Notre temps de travail doit inclure des réunions professionnelles : groupe de parole, construction de projets d’accompagnement individualisés, échanges sur nos pratiques professionnelles, transmissions, réunions pluridisciplinaires…
. Les heures d’intervention chez les personnes âgées non bénéficiaires de l’aide pour l’autonomie doivent être rétablies : elles sont essentielles pour nous permettre de faire un travail de prévention notamment en matière de lien social
. Les plans d’aide doivent être adaptés aux besoins de la personne et des aidants
- La formation doit être privilégiée, elle est indispensable pour répondre aux besoins des personnes fragilisées et valoriser notre métier
- Notre protection sociale et les dotations de l’Etat accordées aux départements sont les principaux financements de la dépendance. Ils sont volontairement asséchés à coup d’exonérations de cotisations et d’impôts pour laisser place aux spéculateurs de l’or gris. Si nous restons passif.ve.s, les personnes fragilisées avec de faibles revenus tomberont dans l’abandon social et médical, c’est intolérable ! La dépendance ne doit être financée ni par les travailleur.euse.s ni par les retraité.es mais par une répartition équitable des richesses.