Le Social

bonjour

je suis à la recherche d'une méthodologie qui définisse chaque étape d'une action d'accompagnement à l'emploi d'une personne bénéficiaire du dispositif RMI

Pour ceux et celles qui travaillent au quotidien avec les personnes bénéficiaires, avez vous une méthodologie? quelles sont vos missions?

merci davance

Bonjour,

Il existe plein de méthodologies à ce sujet, et notamment un document souvent (mal) utilisé qui est le « trèfle chanceux » : il y a des exemples sur Internet et on en parle dans une autre rubrique de ce forum.

Pour résumer la méthode que j'utilise, le travail avec les bénéficiaires du RMI se fait selon 4 axes qui se suivent ; on passe à la suivante lorsque la précédente est résolue :

1/ problématiques personnelles
2/ élaboration d’un projet professionnel
3/ validation du projet professionnel
4/ démarches de recherche d’emploi / de formation

Souvent un bénéficiaire du RMI est une personne qui a eu un accident de la vie (personnel ou professionnel) et qui se retrouve très éloignée du marché de l'emploi, avec des conséquences sur le physique et le mental importantes : découragement, qui implique parfois difficultés à se lever le matin et honorer les rendez-vous, à se laver et être présentable, parfois problèmes d'addictions... Et ces problèmes doivent être résolus avant d'envisager la moindre action de retour à l'emploi. De plus, la faible qualification est souvent un autre frein.

La première chose est donc d'identifier ces problématiques personnelles susceptibles d'empêcher une recherche d'emploi efficace (problèmes financiers, de santé, de logement, familiaux...) et, le cas échéant, d'essayer de les résoudre ou de les orienter vers les organismes compétents (office HLM, CAF,... = rôle d'intermédiaire du conseiller). C'est souvent une étape très longue et qui prend l'essentiel du temps d'accompagnement des bénéficiaires du RMI. C'est aussi très impliquant car on se retrouve bien souvent à devoir faire les démarches "à la place de". Vigilance à ne pas tomber dans l'assistanat !

Ensuite, il est possible de travailler sur le projet professionnel et d'identifier un projet d'emploi-métier réalisable.
Le travail sur le projet peut s'accompagner de la mise en place d'évaluations en milieu de travail, etc... afin de le valider et de repartir sur une approche « light » mais réelle du marché du travail.

Puis on peut aborder des actions de plus longue haleine (formation, démarches de recherche d'emploi).

Et, une fois l'emploi trouvé, ne pas laisser tomber pour éviter que des démarches laborieuses qui ont abouti cessent brutalement pour des motifs parfois ubuesques.

Bon courage !

merci sax pour ta réponse qui était tres claire

je voudrais te demander : une fois le travail d'accompagnement sur les problématiques personnelles "fini", est ce toi qui prospecte les entreprises d'insertion et soumet les offres d'emploi au bénéficiaire accompagné? comment procèdes tu pour la médiation entre demandeur et employeur? merci

Bonjour,

Tout d'abord un petit complément par rapport au trèfle chanceux: un outil a été élaboré par l'ANPE, le GAPP, qui permet de bien diagnostiquer la situation d'un demandeur au cours d'un entretien. Je te mets un lien sur un document présenté au cours d'une conférence européenne:
http://doku.iab.de/veranstaltungen/2005 ... ric_FR.pdf. Le GAPP se trouve p 7 et 8, avec les explications pour son utilisation.

En ce qui concerne ta question sur la mise en relation entre entreprises d'insertion et demandeur d'emploi, tout dépend de la situation de la personne. Une réponse possible, mais qui n'est que mon avis et que tu peux confronter avec celui d'autres personnes : il me semble difficile de laisser une personne éloignée de l'emploi en autonomie, au moins au début (mais cela dépend vraiment de son éloignement de l’emploi). La simple idée de rencontrer un employeur potentiel peut parfois déclencher des réactions surprenantes de rejet. Il convient donc d'accompagner le demandeur dans ses démarches (dans la mesure de tes moyens évidemment) en "balisant le parcours" tout en donnant une impression d'autonomie. Concrètement pour une première démarche, il existe cette solution idéale :
1/ identifier une entreprise d'insertion qui recrute
2/ contacter le/la responsable du recrutement et lui présenter le bénéficiaire, ses problématiques et la façon dont va être amenée la rencontre avec l'entreprise d'insertion
3/ préparer l'appel téléphonique du bénéficiaire à l'employeur : premier contact, informations essentielles à demander, formules de politesse… en bref, l’entretien téléphonique, quoi. Il passe l'appel téléphonique devant toi, puis débriefing avec le bénéficiaire.
4/ une fois le rendez-vous pris, préparer l’entretien de face-à-face.
Avantages : c’est une formule qui permet de redonner confiance en soi, surtout que le bénéficiaire ne doit pas se rendre compte qu’il est « téléguidé ». En outre, ce premier contact « balisé », s'il est réussi, est un point de départ positif pour les démarches futures. Enfin, une fois la démarche initiée, il peut commencer à travailler « sans filet »
Inconvénient : ça prend du temps, et surtout il faut trouver l’entreprise qui soit prête à jouer le jeu.

Plus généralement, il est essentiel d'accompagner les bénéficiaires dans la mise en place de leurs premières démarches, afin de développer leur autonomie future. La suite du travail comprend les outils de recherche d'entreprises, d'offres...
Surtout, ne pas oublier qu’il s’agit d’une démarche de longue haleine.
Espérant que ça réponde à ta question...

je te remercie car ca répond vraiment à ma question, en fait je prépare des écrits pour entrer en licence Gestion des Ressources Humaines "métiers de la formation,de l'insertion et de l'accompagnement" .

J'en profite pour te poser une dernière question : penses tu que les licences professionnelles sont réellement professionnalisantes pour devenir CIP? j'ai un bts action sociale et j'espère vraiment que cette licence (grâce aux stages) soit valable aux yeux des employeurs (j'aimerais postuler par la suite dans les organismes de formation ou les missions locales)

merci!!

Il existe de nombreuses formations dans le domaine de l'insertion professionnelle. En règle générale, pour travailler dans une structure qui oeuvre dans le domaine de l'insertion, il est requis un diplôme Bac+2 ou Bac+3 au minimum, quelquefois Bac+5. Si tu consultes les offres d'emploi dans ce domaine (pole-emploi.fr, la gazette des communes...), tu verras que 3 choses comptent: le niveau de diplôme, le domaine d'obtention du diplôme et les expériences (stages ou emplois). Seuls certains postes spécifiques (conseiller en économie sociale et familiale par exemple) requièrent un diplôme clairement identifié. Donc, a priori, avec ton bac+3, si tu arrives à valoriser tes stages, tu ne devrais pas avoir trop de problème pour te positionner sur le marché de l'emploi. De plus, la licence t'ouvre la voie à un éventuel master (maintenant ou plus tard), pour des fonctions avec plus de responsabilités. A mon avis, ce n'est donc pas un mauvais choix, au contraire.
Bon courage, et bonne licence !