Bonjour,
- je suis IDE depuis 2 ans et demi et j'ai travaillé en intérim sur Paris durant un an dans toutes sortes de services, en Guyane pendant un an : 2 mois aux urgences et 10 mois en médecine et je suis à présent depuis 6 mois IDE coordinatrice dans des appartements de coordination thérapeutique dans le 93. C'est dire si l'interculturalité est omniprésente dans mon travail au quotidien!
- Pour moi, la culture est un ensemble de traits propres à un même groupe d'individus. Elle englobe beaucoup de choses : les croyances spirituelles,le mode de vie,les traditions, la langue,les valeurs...
- Pour ma part, je suis confrontée au quotidien à des personnes de culture différente car nous accueillons beaucoup d'immigrés (à peu près 80% de nos usagers), mais je pense que tu es plutôt intéressée par mon expérience en services hospitaliers. Cela dit, au niveau des ACT, la principale difficulté réside dans la barrière linguistique. En effet, mon rôle est essentiellement éducatif et expliquer une prescription ou une pathologie à quelqu'un qui ne parle pas français, ça prend beaucoup de temps et demande beaucoup de patience et d'ingéniosité. Pour cela il nous arrive à l'association de prendre des traducteurs mais rarement car c'est très cher. Sinon, il me semble plutôt que l'interculturalité apporte une très grande richesse, aussi bien pour les résidents entre eux car nous avons des appartements collectifs que pour les travailleurs sociaux et médicaux.
En Guyane, je travaillais en médecine interne, unité COREVIH. Toutes pathologies, de l'infectieux (VIH+++), de la psychiatrie, de l'addicto, de la cardio... En fait tout ce qui ne relevait pas de la chir ou de la pédiatrie/maternité. Expérience très enrichissante par ailleurs, d'un point de vue connaissances médicales comme d'un point de vue culturel. Là encore première difficulté la barrière de la langue, principalement pour les personnes (très nombreuses) qui venaient du Surinam pour se faire soigner. Mais là pas beaucoup de moyens donc on se débrouille comme on peut avec les rares personnes du service qui parlent un peu et les quelques mots que l'on finit par apprendre au fil du temps.
Seconde difficulté : le peu de compliance de certaines personnes au traitement, surtout aux ARV. Les personnes séropositives revenaient régulièrement pour infections opportunistes, certaines dans un état tel que l'on ne pouvait les sauver . Les raisons principales de la non prise du traitement :
le regard des autres, de l'entourage, de la famille, du conjoint qui bien souvent n'est pas au courant. Le peu de croyance que ces personnes ont en la médecine occidentale et qui placent leurs espoirs de guérison dans la médecine traditionnelle... Je me souviens que beaucoup de chambres avaient des balcons et qu'il n'était pas rare d'y retrouver des traitements ARV qui avaient été recrachés par les patients. Un CDAG et un HDJ sont en place mais devant l'étendue de l'épidémie, les moyens sont bien trop faibles et beaucoup ne bénéficient pas d'un suivi assez important. Et puis beaucoup de personnes habitent des fois à plusieurs jours de pirogue de l'hôpital donc l'accès aux soins est difficile.
Je ne sais pas si ma situation correspond au sujet de ton TFE donc je vais m'arrêter là. Mais sache que je pourrais en écrire encore long donc si mon expérience t’intéresse n'hésite pas à m'envoyer un mail, je serai ravie de t'aider :
delfrag@hotmail.fr