Le Social

Bonjour ,

J'écris ce poste aujourd'hui car j'ai besoin d'échanger sur le mal-être que je ressens !

Je suis jeune professionnelle et diplômée depuis 4 ans. Je suis arrivée à bout de ce métier, presque du jour au lendemain !
Pendant ma première année de travail, j'ai cumulé pas mal de CDD dans différents domaines (hospitalier, handicap , polyvalence de secteur).
Lors de ma 1ère expérience en polyvalence, je me suis rendue compte que c'est là où je me sentais le mieux. J'ai pu être titularisée sur un poste d'assistante sociale au conseil départemental . J'ai travaillé sur un secteur très précaire et au bout de presque 3 ans d’ancienneté, j'ai demandé ma mutation car je trouvais que les conditions de travail étaient difficiles et déjà l'impression d'arriver à saturation...
En juin de cette année, je suis arrivée sur mon nouveau poste (pas de changement de service , ni d'employeur mais juste d'endroit de travail). J'ai demandé à revenir sur mon tout premier poste en polyvalence .
Seulement, je me suis aperçu de plusieurs choses : Sur mon poste actuel , l'organisation de travail a énormément changé et je m'aperçois que je ne m'y retrouve plus. Avec le COVID, nous avons fait beaucoup de télétravail avec une présence sur place au moins une fois par semaine . Si j'ai eu un peu de mal à m'adapter au début, j'ai fini par m'y faire et ce mode de travail m'a bien convenu. Nous faisons de moins en moins de télétravail (en septembre , une fois/semaine) et nous sommes donc revenus au contact du public. Cela m'a permis de me rendre compte que je n'aime plus ce métier. Il m'a bien convenu pendant ces 4 années , mais maintenant , j'ai fait le tour. Je ne supporte plus de "recevoir" en plein figure les problèmes de la population, de voir les gens se présenter avec des dettes de 4 mille euros ou sans solution d'hébergement de voir qu'ils reposent toutes leurs responsabilités sur le service, et me rendre compte que je me sens de plus en plus impuissante face à cela... Je fais mon travail mais je sens que je n'ai plus du tout le même investissement qu'au début. Je suis tout simplement lassée de toutes ces situations... Je n'ai plus envie d'être dans toutes ces démarches d'aides financières . Je stresse rien qu'à l'idée de recevoir des familles qui rencontrent des difficultés financières ou autre et d'être dans l'incapacité de "satisfaire" leur demande .

Sur mon ancien poste, j'avais des signes "avant coureur" de ce mal-être (une fois j'ai même perdu ma voix et dû me mettre en arrêt pendant 2 jours), mais je refoulais en me disant que c'était la ville le problème... Des fois, je pleurais en rentrant ou dormais mal. Je n'ai jamais su évoquer cela avec mes collègues et la fin de mon poste a été très satisfaisante, malgré l'épidémie de COVID. Je pensais sincèrement que c'était le travail dans cette ville qui me posait un problème mais que ce n'est pas du tout ça , c'est juste que je ne supporte plus ce métier. Je n'ai pas envie de retourner au travail lundi...
Mardi dernier, j'ai reçu une famille avec de multiples problématiques et concrètement , ça a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase". C'est là que je me suis dit que je ne pouvais plus continuer... Depuis mardi, je dors très mal, je pleure par moment, jusqu'à complètement craqué ce matin...
Après échange avec ma famille, j'ai pris la décision de ne pas retourner au travail lundi . Je vais demander un arrêt maladie d'une semaine (après je suis en congés pour 3 semaines) et je pense que je vais me remettre en arrêt à l'issue de mes congés car je sais que je ne pourrai pas y retourner...
Je culpabilise de laisser mes collègues dans cette situation car je sais que mon arrivée était attendue ( surcharge de travail au niveau du service) , mais retravailler là-bas est au-dessus de mes forces...
Je suis vraiment pas restée longtemps sur ce poste et je sais que cela va faire très mauvaise impression, mais je suis dans un mal-être si profond...
J'ai rapidement su que je ne ferai pas ce métier toute ma vie , mais je pensais tenir un peu plus longtemps tout de même ...
Maintenant, j'ai besoin d'être dans un service où je ne serai plus au contact du public, ou du moins plus autant ! Je souhaite rester dans le domaine du social mais je ne veux plus faire ce métier. Je n'arrive plus à prendre le recul nécessaire...
Je pense dans ce cas que je passerai devant la médecine du travail , que je demanderai certainement à faire des immersions. J'ai déjà une petite idée de la profession que souhaiterais exercer mais j'ai besoin de voir si cela me plairait vraiment ou pas et si j'ai les compétences nécessaires ...

Merci à ceux qui prendront le temps de me lire et si jamais certains veulent discuter, je suis disponible .

J'ai l'impression que vous pensiez, en tant qu'assistante sociale, être en capacité de "sauver " ces hommes et ces femmes qui vivent dans la précarité et la misère. Vous avez occulté que la fonction principale de votre métier est d'assister les gens dans leurs démarches administratives pour obtenir un logement social ou une aide financière. Vous n'avez aucun pouvoir décisionnel dans l'attribution ou non de logement ou d'aide financière. Je peux comprendre que d'entendre toute la journée , cinq jours sur sept le même discours de désespoir, d'appel à l'aide peut être déstabilisant, démoralisant et peu réjouissant, voir même ennuyant du à la répétition quotidienne des tâches à accomplir. Vous ne pouvez peut-être pas vous épanouir dans ce type d'emploi car il est trop routinier et trop dans l'écoute..

Bonjour,

Je ne sais pas que trop bien que notre service n'est pas décisionnaire des aides financières et des attributions de logement social, seulement, les personnes le pensent et nous avons beau les renvoyer aux limites de notre métier, du service et à leurs propres responsabilités, ils ne l'entendent pas, car pour eux, une assistante sociale, c'est fait pour "aider".
Avant, même si j'ai toujours eu des difficultés à prendre du recul, j'arrivais à prendre de la distance, mais maintenant je n'en suis plus capable...
J'ai vraiment aimé la polyvalence de secteur, car cela touchait plusieurs domaines, mais maintenant, j'arrive à bout de souffle.
Il y a aussi la banalisation des collègues pour certaines situations que je ne supporte plus...
Peut-être je ne dois plus être dans la protection de l'enfance et n'être qu'au contact d'adultes...
En tout cas je sais que je ne veux plus dans toutes ces démarches administratives ; aides financières, démarches de logement, pbs de factures... Je suis à saturation.
Peut-être ai-je besoin d'un service qui s'occupe d'un domaine spécifique, pourquoi le handicap ou l'évaluation des demandes D'APA.
Je suis encore perdue et j'ai besoin de mettre de la distance...

bonjour, cela ne vous tente pas d'être assistante sociale au sein de l'Education Nationale ou dans un CCAS ?

Bonjour,

A l'éducation nationale, il est nécessaire de tomber sur une bonne équipe éducative qui comprend nos missions, ce qui n'est pas toujours évident...
De plus, L'AS à L'E.N est assez seule ; la chef n'est pas souvent sur place, et donc s' il y a un signalement à faire ou d'autres problématiques, on doit souvent se débrouiller...
Aussi, il est rare de voir une As dans un même et seul établissement. Elle est souvent sur 2 établissements et pour avoir déjà expérimenté 2 temps partiels, je ne vais pas tenir.
Là où je suis, il y a pas mal davantages que je perdrai si je pars à L'EN. Il y a tous ces aspects que je dois aussi prendre en compte....
Dans mon département et mon secteur, rare aussi sont les postes qui se libèrent.
Je n'arrête pas de réfléchir et parfois j'arrive à la conclusion que je dois peut-être travailler avec des adultes. Je pense que j'arriverais à prendre davantage de recul.

Le Ccas, pour moi, c'est exactement le même que le service où je suis sauf que c'est davantage pour personnes seules. Sinon ce sont exactement les mêmes problématiques et je ne veux plus d'un service généraliste.
Je pense que j'ai besoin d'un service spécialisé et peut-être plus en tant qu'AS. Toujours dans le social, mais peut-être être plus les missions de L' AS en tant que telle.

Bonjour Claire,
Je ressens à travers ton témoignage une lassitude du travail social et un malêtre certain. Je comprends puisque cette crise sanitaire et sociale impacte plus que jamais notre fonction ... Je ne sais pas si c'est une question de service (avec un manque de moyen certain) ou que tu es arrivée au bout d'une histoire ... C'est vrai que le métier que nous pratiquons est difficile, même si nous ne sommes pas décisionnaires, nous sommes confrontées en permanence à la misère humaine, sociale... Même si nous ne sommes pas dans une obligation de résultats mais de moyens, les personnes accompagnées sont de plus en plus démunies sur tous les plans et placent en nous tout leurs espoirs... C'est impossible d'être indifférent ...
Pour ma part j'exerce à l'éducation nationale, ce qui permet d'occulter toutes les aides financières qu'il y a en secteur et de travailler avec les jeunes qui sont en pleine construction, c'est enrichissant humainement même si les situations sont complexes, nous avons une grande liberté ...
Bon courage quoi que tu fasses, l'important est que tu sois épanouie

Bonjour Jasmina,

Que trouves tu intéressant à exercer comme assistante sociale éducation nationale? Ne ressens tu pas un isolement, à être le seul travailleur social à exercer dans les établissements ?

Bonjour,
je me retrouve un peu dans votre témoignage sauf que pour moi cela n'était pas en polyvalence.
mais tout comme vous j'ai eu ce sentiment de ne plus vouloir exercer ce métier, de ne plus "supporter" les situations de personnes reçues...j'ai également été soumise au télétravail depuis mars 2020 avec peu de jours en présentiel. durant cette période de télétravail, je me suis rendue compte que je ne voulais plus retourner au bureau pour les permanences, que je décrochais de moins en moins mon téléphone pro...et que le matin en allumant mon PC, j'avais la boule au ventre de lire les différents mails qui m'attendais. j'en étais arrivée au point de garder mon téléphone pro régulièrement éteint car angoissée de recevoir des appels de personnes accompagnées ou de ma responsable (qui mettait régulièrement la pression pour les statistiques, les chiffres ect ect...). je tiens à préciser que je ne suis pas quelqu'un de feignant mais durant cette période je n'arrivais clairement pas à travailler car tout m'angoissait, je pouvais rester la quasi journée devant mon PC (chez moi donc) a ne rien faire, comme si j'étais bloquée...
après nous avons reprit petit à petit le chemin du bureau et des permanences physique avec toujours cette angoisse de voir les gens, de les écouter, de ne pas savoir quoi dire, ni faire, de prendre leur situation et pb en pleine face (je précise également que de base je ne suis pas une éponge et que j'ai une bonne prise de recul...),tout comme je ne "supportais" plus la pression de la hiérarchie (je précise que je travaillais dans une structure ou tout est chiffré, codé, scoré...) jusqu’à la remarque/demande de trop, qui n'étais pas forcément négative mais qui a été l'élément décisif...

j'ai postulé ailleurs (dans une structure qui n'a rien a voir) et j'ai eu la chance d’être prise. Depuis... je REVIS!!! je redécouvre le travail social telle que je le visualise, j'accompagne des personnes (mais pas à la chaine comme avec mes permanence avant), je prends du temps pour elles et pour moi, je n'ai plus aucunes pressions de mes responsables (car il n'y à pas le coté scorage et chiffrage de l'activité), j'ai également une grande liberté dans mes démarches et mes projets (actions co (bon pas pour tout de suite avec le covid ), rencontres partenariales... et maintenant je peux dire que J'AIME MON METIER et que je vais au travail de bon cœur, plus d'angoisses, plus de boule au ventre, plus de déni et j'en suis 1000 fois plus efficace, bref le jour et la nuit...

tout cela pour vous dire que parfois ce n'est pas le métier le pb, mais plutôt la structure qui ne nous correspond plus...et que le changement est parfois une nécessité avant d'attendre la limite...

j’espère que mon témoignage pourra peut être vous donner une petite lueur d’espoir, courage

Bonjour,
Peux-tu me dire dans quel type de structure tu travailles ou quels types de public tu accompagnes ?
Merci

Re bonjour,
Je travaille maintenant dans un spip en milieu ouvert, j accompagne donc les personnes placées sous main de justice qui sont suivis par des conseillers penitentiaires d insertion et de probation.