Vous le savez, la réforme sur 47 départements est actuellement à l'œuvre.
15h d'activité "en lien avec son projet professionnel" à déclarer.
Les heures à déclarer peuvent revêtir différentes formes :
- Activités professionnelles : Cela peut inclure des heures de travail rémunéré, que ce soit à temps plein ou à temps partiel.
- Formations : La participation à des formations professionnelles ou à des ateliers de compétences peut être comptabilisée.
- Stages : Les stages en entreprise ou dans des organisations peuvent également être pris en compte.
- Bénévolat : Le travail bénévole dans des associations ou des organisations à but non lucratif peut être inclus.
- Recherche active d'emploi : Le temps passé à rechercher activement un emploi, y compris la rédaction de CV, la candidature à des offres d'emploi et la participation à des entretiens, peut être comptabilisé.
- Activités d'insertion : La participation à des programmes d'insertion sociale ou professionnelle, tels que ceux proposés par des associations ou des structures d'insertion, peut être incluse.
- Développer son activité : Qu'il s'agisse de démarches administratives, de prospection commerciale, de développement de produits ou services, ou de toute autre activité liée à la mise en place et au fonctionnement de l'entreprise, cela inclut les activités artistiques ou encore dans les nouvelles technologies (ou quel que soit le domaine). Cela inclut aussi les heures liées à l'étude de faisabilité et à l'étude de marché.
Une mise en œuvre complexe
Comme à l'accoutumée, les départements sont indépendants et appliqueront "leur propre politique d'insertion".
Cela signifie que ce qui existe comme type d'accompagnement dans un département donné peut au contraire être fortement découragé ou même inexistant dans d'autres départements.
Il n'existe pas, malgré la réforme, de "considération globale" qui intégrerait "tous les possibles" dans "tous les domaines".
Les cadres restent encore trop étroits, restreignant les possibilités. Ce sont donc les initiatives locales qui devront se développer pour offrir aux allocataires un maximum de chances de se réaliser en favorisant le projet dont ils sont porteurs.
Mais comment contrôler 15h hebdomadaires pour tous les allocataires ?
- C'est impossible.
- La faisabilité passera par la mise en place d'une politique dite "de l'entonnoir" : on "entasse et écrase" les allocataires dans des solutions locales pré-adaptées qui ne répondront pas à tous les porteurs de projets.
Conséquences : De grandes tensions entre une partie des allocataires et les professionnels.
- Le contrôle sera arbitrairement aléatoire.
Nous sommes tous des êtres humains. Et quoi qu'on en pense, "Juger son prochain" est un sentiment humain qui existe chez chacun d'entre nous.
Un professionnel du social n'est pas exempt de jugement, même s'il se conforte dans l'idée que travailler en équipe rend sa part subjective un peu plus objective.
Cependant, se retrancher derrière "des faits" revient toujours à les interpréter.
Si un service décide collectivement de considérer un dossier ou un allocataire comme "mauvais", alors le regard porté sur lui sera négatif.
Et de facto, toutes les initiatives émanant de cet allocataire seront mal perçues.
Ce problème de "mauvais traitement administratif" constitue une forme de maltraitance institutionnelle, où l'allocataire se verra psychologiquement stigmatisé, bien que les professionnels concernés s'en défendront.
Les risques liés aux dossiers sensibles
Certains responsables ou professionnels pourraient être tentés de se servir de cette réforme pour :
- Contraindre ou se débarrasser d'allocataires perçus comme problématiques.
- Cibler des allocataires considérés comme "de mauvaise volonté", jusqu'à ce qu'ils se découragent et finissent par se faire radier du RSA.
Conséquences possibles :
- Dépression
- Expulsion de leur logement
- Suicide
Une fracture sociale
De façon plus globale, une fracture risque d'apparaître entre :
- Les allocataires "viables"...
- Et les autres.
- Ne pas "prendre en faute" les projets qui n'entreraient pas dans les clous.
- Ne pas s'acharner sur les 20 à 30% qui poseraient des problèmes.
Malgré l'attention portée sur "les dangers", mon sentiment est bien sûr mitigé, car je sais comment j'ai moi-même été maltraité.
Je n'espère pas un miracle sur le regard qui me sera directement porté, malgré le fait qu'actuellement je suis en situation de développement (12 à 15h de travail, études, recherches par jour environ pour ma part).
Malgré les périodes "sans", j'ai repris du poil de la bête.
Un appel à d'autres allocataires
J'aimerais lancer un appel à d'autres allocataires RSA, en particulier de moyennes ou longues durées, ayant le sentiment d'avoir été traînés dans la boue ou délaissés (passés en file passive comme on dit dans le jargon des référents).
Les oubliés, les laissés pour compte, mais qui travaillent, tentent des choses, se développent à travers des activités, travaillent sans pour autant gagner leur vie pour diverses raisons.
Et vous ?
Je ne souhaite pas que cet appel serve à se complaire dans la plainte.
ON SAIT déjà que vivre avec le RSA est difficile, que cela dépasse parfois les limites du supportable, surtout quand on vous pose des questions absurdes comme si vous aviez perdu la tête, etc.
ON SAIT que l’administration maltraite ; ce n’est pas pour rien que des voies de recours existent.
ON SAIT que beaucoup de professionnels du social ne se rendent pas compte. Ils sont enfermés dans l’acte technique et administratif, souvent déconnectés de la réalité humaine qu’ils traitent.
Ce n’est pas pour leur reprocher de devoir se protéger ou se blinder face à un public parfois difficile, mais ce blindage se fait souvent au prix d’un détachement total, à tel point qu’il n’y a plus d’état d’âme lorsqu’il s’agit de presser sur la détente...
Bref, ON SAIT, PARCE QU’ON LE VIT !
Nous savons comment nous sommes maltraités, roulés dessus, écrasés, parfois même par des professionnels qui nous perçoivent à tort comme un danger (pourtant inexistant).
ON SAIT !
Mais je vous le demande solennellement et de bonne foi :
Voyez le verre à moitié plein. Croyez en vous-même.
Retrouvez le goût de faire pétiller les yeux du professionnel qui vous reçoit. Ce n'est pas facile pour eux non plus. Alors, surprenez-les, mais dans le bon sens.
La bonne énergie
Laissez circuler une énergie positive en vous pour qu'elle soit perçue. Il ne s'agit pas d'arborer un sourire niais :

Rien à déclarer : "Fais-moi ta plus belle tête d'innocent".
SURTOUT PAS ! Soyez enthousiastes, mais sans exagération.
Et ne pas craindre de dire non
Exprimer un désaccord, bien sûr si la motivation est bonne, n'est pas un drame. C'est le principe même de l'assertivité.
Le dispositif doit être en mesure d'absorber des désaccords, sans quoi ce serait extrêmement malsain.
Tant que ces désaccords restent argumentés, exprimés respectueusement, avec rappels de nos droits et des articles qui y sont associés (malheureusement, il faut procéder de la même façon que les conseils départementaux, c'est-à-dire qu'il faut également faire usage du langage administratif), probablement pour augmenter ses chances de se faire entendre et donc de se faire comprendre.
Même si c'est du gâchis que d'avoir à instrumentaliser un dispositif pour menacer, sanctionner, radier.
J'espère que vous apprécierez ce texte, j'ai passé un peu de temps à le mettre en forme.
J'appelle à tous les allocataires et même professionnels à réagir, me contacter.
Il est même possible de m'écrire directement par mail.
Objectif :
- Créer un échange humain et faire en sorte que nos initiatives soient comprises et soutenues.
- Se rassembler non par pour s'opposer mais se tuyauter positivement pour s'en sortir.
- Echanger des idées d'initiatives locales entre les départements, les professionnels, voir comment mettre en oeuvre une plateforme permettant aux allocataires d'accéder facilement à toutes les initiatives locales mises en oeuvre.
Force à tous et restez vivants !
Po3m.