Salut à tous,
Conscient de l'impact de l'intervention sociale, j'ai comme une prise de conscience qui me taraude aujourd'hui... Non pas que j'ignorais les effets des actes posés au sein des familles ou des personnes, mais quand même je ne pensais pas que ça pouvait aller parfois si loin. Je fais allusison au genre d'acte professionnel que l'on pose par obligation (professionnelle, citoyenne...) et qui provoquent de vrais drames ensuite. Qu'il s'agisse d'un signalement pour mauvais tratements avérés ou supposés, pour protéger un majeur dit "incapable" etc, les conséquences me font réfléchir (mort volontaire, divorces...). J'ai peut-être une expérience malheureuse mais la réflexion se poursuit toujours après le travail et j'évacue difficilement ce poids... Les deux situations brièvement décrites étaient empruntes de contexte psy au passage.
Des expériences similaires m'aideraient à relativiser, voire à mieux assumer mes actes professionnels jugés comme nécessaires.
merci à vous
Chris
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Le poids des responsabilités...
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TheD
Re: Le poids des responsabilités...
Bonjour,
Pour ma part, rmiste, je vous avoue qu'une partie de moi "lutte contre la suspension" au lieu de me concentrer sur autre chose. Sur "moi" et "mon avenir". C'est ridicule, mais j'y ai pensé autant que vous... et me dit que je ressens cela en moi comme un poids qui me meurtrit, sachant tout ce que j'ai entrepris et les torts que j'ai du subir, le dysfonctionnement à l'AFPA que j'ai vécu. Je me suis empiré, emmuré vivant et luttant contre ma déshumanisation. Je reste obsessionnel, non dangereux pour moi même et les autres mais tout part en lambeaux. Je sais bien que vous n'y êtes pour rien, que ma chargée d'insertion n'est pas l'origine et d'ailleurs, que moi même n'y suis pour rien non plus. Je me suis en parti déculpabilisé, je SAIS que cela ne vient pas de moi, que mes capacités sont réelles, que j'ai réussi en plusieurs temps des tests, et je possède les documents qui démontrent bien que "quelque chose" n'a pas été dans le bon sens, mais dont la cause fut une appréciation erronée d'un psy à l'afpa. Ce dernier avait fini par m'inscrire pour suivre une formation, je devais cependant effectué mon service national entre temps, et commencer la formation à mon retour. Etonnament, il me fut impossible de la commencer. On m'avait "oublié" durant plus d'un an malgré mon inscrition (suite aux tests positifs) et mes rappels. On m'avait fait comprendre qu'il y avait trop de demandes, de monde, alors que j'étais inscrit depuis plus d'un an à cette formation... ensuite, d'autres démarches entreprises tout autant malheureuses. Acceptation en contrat de qualif mais pas assez convaincant durant les entretiens face à l'entrepreneur. En gros, les "écoles" voulaient bien de moi, et ce même pour passer un BTS en informatique de gestion par alternance, mais cela ne passait pas côté "entrepreneurs". Finallement je me suis retrouvé à 24 ans en commençant à péter les plombs grave, cela faisait 6 ans que j'avais quitté le lycée, 4 ans que j'avais cessé toute étude, et j'essaie de trouver en étalagiste de rayon, etc... puis j'ai fini par ne plus du tout sortir de chez moi alors que durant mes recherches, je n'avais aucune limite géographique. Cependant, j'étais "seul" dans la vie. Depuis longtemps, ce malaise en moi qui transparait un peu. J'admets que d'apparence, j'avais des petits problèmes (visage un peu inexpressif, etc...) parce que j'avais enduré pour un jeune âge de trop fortes émotions négatives. Enduré le défoulement de certaines personnes sur moi.
Mais ce n'était pas grand chose et je me disais, que dans l'âge adulte ça ira mieux, en faisant ce que j'aime. Une formation = un emploi, et puis d'autres projets ensuite. Ce n'était pas très compliqué.
Depuis le fait que je ne sors plus, j'ai d'autres problèmes. Aujourd'hui il est facile de dire que ce sont des problèmes persos, alors que l'origine se trouve dans une exclusion professionnelle et sociale de ma personne. Certes, j'ai fini par "céder" et ne plus avoir envie de voir quiconque.
Dans le cadre du contrat d'insertion j'ai tout refuser (cref/cmp) parce qu'on me méprisera, on ne tiendra pas compte de mes nouvelles directions désirées, des nouvelles capacités que je souhaite déployer, plus créatives. Je le vois gros, on me dira "irréaliste", etc... et on cherchera à m'inculquer une réalité que je connais très, très bien... merci...
Alors, la suite ? Bah, la suspension... Dés le deuxième entretien avec Karen j'y pensais déjà. Je me suis dis "c'est n'importe quoi. Avant 26 ans (durant plus d'un an j'ai refusé de m'inscrire au rmi, c'était pour moi un grand échec de mon existence et de me dire que ce sera le moyen d'une société qui n'a pas voulu de moi, de me juger et condamner dans un second temps parce que je refuse de me reconstruire à "sa" façon, après m'avoir déglingué)... donc, avant 26 ans, disais-je, les pros furent "sourds" à mon encontre, certainement tenus par des dictats macro sociaux, que de la gueule/apparence/impression... bref, loin de moi. Et dans le cadre du contrat d'insertion (rmi) on me reproche ma surdité.
Voilà... je suis aussi en frustration, colère, tout ce que vous voulez. Tant que ça reste "administratif" ça ne fait de mal à personne et surtout on s'en tape des "vies entières", contenues dans la simple décision de reconnaître une personne, ou bien de l'envoyer dans la fosse. Ce que j'en dis, c'est que beaucoup choisisse la fosse commune pour se libérer de cette "réalité" là...
La nécessité arrange les bien pensant, mais se trouve loin des bonnes pensées.
Si on s'intêresse aux "origines", on pourrait changer fondamentalement les choses et commencer par ne plus détruire "les jeunes". Moi, j'ai été malmené de 20 jusqu'à 25. En tenant au possible le "droit chemin". (pas violent, pas d'alcool, ne fume pas, aucune substance illégale, respectueux des autres, ne juge pas autrui, etc...)
Alors, que demander de plus ? En ajout, je précise que je me suis toujours tenu à combler mes manques, en écriture, en maths, etc...
Mais cela fait déjà au moins 6 ans que je suis "largué", 3 ans que je suis au rmi, bientôt 30 ans en juillet prochain. Vieux, fini, usé, grillé depuis bien longtemps. Incapable de parler correctement face à un inconnu, je donne l'impression d'être plus handicapé que je ne le suis.
Alors... suspendez moi, après tout, "le pire" est encore à vivre.
Pour ma part, rmiste, je vous avoue qu'une partie de moi "lutte contre la suspension" au lieu de me concentrer sur autre chose. Sur "moi" et "mon avenir". C'est ridicule, mais j'y ai pensé autant que vous... et me dit que je ressens cela en moi comme un poids qui me meurtrit, sachant tout ce que j'ai entrepris et les torts que j'ai du subir, le dysfonctionnement à l'AFPA que j'ai vécu. Je me suis empiré, emmuré vivant et luttant contre ma déshumanisation. Je reste obsessionnel, non dangereux pour moi même et les autres mais tout part en lambeaux. Je sais bien que vous n'y êtes pour rien, que ma chargée d'insertion n'est pas l'origine et d'ailleurs, que moi même n'y suis pour rien non plus. Je me suis en parti déculpabilisé, je SAIS que cela ne vient pas de moi, que mes capacités sont réelles, que j'ai réussi en plusieurs temps des tests, et je possède les documents qui démontrent bien que "quelque chose" n'a pas été dans le bon sens, mais dont la cause fut une appréciation erronée d'un psy à l'afpa. Ce dernier avait fini par m'inscrire pour suivre une formation, je devais cependant effectué mon service national entre temps, et commencer la formation à mon retour. Etonnament, il me fut impossible de la commencer. On m'avait "oublié" durant plus d'un an malgré mon inscrition (suite aux tests positifs) et mes rappels. On m'avait fait comprendre qu'il y avait trop de demandes, de monde, alors que j'étais inscrit depuis plus d'un an à cette formation... ensuite, d'autres démarches entreprises tout autant malheureuses. Acceptation en contrat de qualif mais pas assez convaincant durant les entretiens face à l'entrepreneur. En gros, les "écoles" voulaient bien de moi, et ce même pour passer un BTS en informatique de gestion par alternance, mais cela ne passait pas côté "entrepreneurs". Finallement je me suis retrouvé à 24 ans en commençant à péter les plombs grave, cela faisait 6 ans que j'avais quitté le lycée, 4 ans que j'avais cessé toute étude, et j'essaie de trouver en étalagiste de rayon, etc... puis j'ai fini par ne plus du tout sortir de chez moi alors que durant mes recherches, je n'avais aucune limite géographique. Cependant, j'étais "seul" dans la vie. Depuis longtemps, ce malaise en moi qui transparait un peu. J'admets que d'apparence, j'avais des petits problèmes (visage un peu inexpressif, etc...) parce que j'avais enduré pour un jeune âge de trop fortes émotions négatives. Enduré le défoulement de certaines personnes sur moi.
Mais ce n'était pas grand chose et je me disais, que dans l'âge adulte ça ira mieux, en faisant ce que j'aime. Une formation = un emploi, et puis d'autres projets ensuite. Ce n'était pas très compliqué.
Depuis le fait que je ne sors plus, j'ai d'autres problèmes. Aujourd'hui il est facile de dire que ce sont des problèmes persos, alors que l'origine se trouve dans une exclusion professionnelle et sociale de ma personne. Certes, j'ai fini par "céder" et ne plus avoir envie de voir quiconque.
Dans le cadre du contrat d'insertion j'ai tout refuser (cref/cmp) parce qu'on me méprisera, on ne tiendra pas compte de mes nouvelles directions désirées, des nouvelles capacités que je souhaite déployer, plus créatives. Je le vois gros, on me dira "irréaliste", etc... et on cherchera à m'inculquer une réalité que je connais très, très bien... merci...
Alors, la suite ? Bah, la suspension... Dés le deuxième entretien avec Karen j'y pensais déjà. Je me suis dis "c'est n'importe quoi. Avant 26 ans (durant plus d'un an j'ai refusé de m'inscrire au rmi, c'était pour moi un grand échec de mon existence et de me dire que ce sera le moyen d'une société qui n'a pas voulu de moi, de me juger et condamner dans un second temps parce que je refuse de me reconstruire à "sa" façon, après m'avoir déglingué)... donc, avant 26 ans, disais-je, les pros furent "sourds" à mon encontre, certainement tenus par des dictats macro sociaux, que de la gueule/apparence/impression... bref, loin de moi. Et dans le cadre du contrat d'insertion (rmi) on me reproche ma surdité.
Voilà... je suis aussi en frustration, colère, tout ce que vous voulez. Tant que ça reste "administratif" ça ne fait de mal à personne et surtout on s'en tape des "vies entières", contenues dans la simple décision de reconnaître une personne, ou bien de l'envoyer dans la fosse. Ce que j'en dis, c'est que beaucoup choisisse la fosse commune pour se libérer de cette "réalité" là...
La nécessité arrange les bien pensant, mais se trouve loin des bonnes pensées.
Si on s'intêresse aux "origines", on pourrait changer fondamentalement les choses et commencer par ne plus détruire "les jeunes". Moi, j'ai été malmené de 20 jusqu'à 25. En tenant au possible le "droit chemin". (pas violent, pas d'alcool, ne fume pas, aucune substance illégale, respectueux des autres, ne juge pas autrui, etc...)
Alors, que demander de plus ? En ajout, je précise que je me suis toujours tenu à combler mes manques, en écriture, en maths, etc...
Mais cela fait déjà au moins 6 ans que je suis "largué", 3 ans que je suis au rmi, bientôt 30 ans en juillet prochain. Vieux, fini, usé, grillé depuis bien longtemps. Incapable de parler correctement face à un inconnu, je donne l'impression d'être plus handicapé que je ne le suis.
Alors... suspendez moi, après tout, "le pire" est encore à vivre.
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nath
Re: Le poids des responsabilités...
chris touch
j'ai le souvenir de questionnements similaires, souvent lorsque j'ai à signaler des mauvais traitements ou abus divers commis sur des mineurs. mon acte professionnel va générer d'autres actes d'autres professionnels et parfois la situation familiale va exploser. Dans ces moments là, on a besoin d'évoquer la situation dont on s'occupe avec d'autres professionnels, voire en supervision......quant cela est possible.
cela permet de prendre de la distance. lorsque suite à un signalement, la famille explose, parfois avec le suicide de l'"abuseur", il est difficile de s'en remettre. Mais ne perdons pas de vue notre mission : que va devenir cet enfant victime si l'on ne signale pas ? Que va devenir cette famille ? Un semblant d'équilibre se maintiendra quelques années et peut être c'est cet enfant abusé qui se suicidera....
En tant que travailleur social, je crois que nous devons, en france, réfléchir à la manière de traiter efficacement ces situations difficiles en permettant une prise en charge globale de la famille et non un passage de relai entre social et justice qui s'avère souvent violent pour tout le monde. En attendant, il est important d'agir mais également de toujours se questionner et se concerter quant aux actes professionnels que nous posons.
Voilà, de ma part, une brève réflexion sur un vaste sujet.
j'ai le souvenir de questionnements similaires, souvent lorsque j'ai à signaler des mauvais traitements ou abus divers commis sur des mineurs. mon acte professionnel va générer d'autres actes d'autres professionnels et parfois la situation familiale va exploser. Dans ces moments là, on a besoin d'évoquer la situation dont on s'occupe avec d'autres professionnels, voire en supervision......quant cela est possible.
cela permet de prendre de la distance. lorsque suite à un signalement, la famille explose, parfois avec le suicide de l'"abuseur", il est difficile de s'en remettre. Mais ne perdons pas de vue notre mission : que va devenir cet enfant victime si l'on ne signale pas ? Que va devenir cette famille ? Un semblant d'équilibre se maintiendra quelques années et peut être c'est cet enfant abusé qui se suicidera....
En tant que travailleur social, je crois que nous devons, en france, réfléchir à la manière de traiter efficacement ces situations difficiles en permettant une prise en charge globale de la famille et non un passage de relai entre social et justice qui s'avère souvent violent pour tout le monde. En attendant, il est important d'agir mais également de toujours se questionner et se concerter quant aux actes professionnels que nous posons.
Voilà, de ma part, une brève réflexion sur un vaste sujet.