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mémoire: panique à bord

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véro

mémoire: panique à bord

Message non lu par véro » 09 juil. 2004 13:49

Bonjour à tous.
Je réalise mon mémoire sur l'indemnisation de leurs victimes par les infracteurs.
Durant mon stage,des entretiens avec les infracteurs et les éducateurs qui les suivent m'ont renseignée sur leur précarité financière, principale source du non-respect de l'obligation de réparation et de leur désengagement envers leurs victimes (ils ont d'autres soucis...).

Cependant, l'analyse des questionnaires fait majoritairement apparaître leur désengagement et leur manque de considération à l'égard des victimes (en bref,beaucoup n'en ont rien à faire).

Suite à ces constats déroutants et à l'étude des dispositifs mis en place pour y remédier, il apparaît que les carences relatives à leur prise en charge concernent essentiellement l'impossibilité pour les éducateurs de responsabiliser les infracteurs et de les sensibiliser au préjudice qu'ils ont causé à leurs victimes.

Je me demande alors si je ne risque pas de me faire rétamer à mon oral si je pars dans cette direction c'est-à-dire la responsabilisation des personnes placées sous main de justice.

Quelqu'un pourrait-il me renseigner sur ce sujet ou m'indiquer des pistes à suivre?

Merci d'avance. A+. Véro

Didou

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par Didou » 10 juil. 2004 12:17

Bonjour Véro,

Avant de répondre à ton message , je souhaiterai avoir une précision . Tu écris(je te cite) : "l'impossibilité pour les éducateurs de responsabiliser les infracteurs et de les sensibiliser au préjudice qu'ils ont causé à leurs victimes."

Ma question : Dans quel cadre de formation fais -tu ton mémoire ? CESF ? Educ Spé ?

à te lire,
cordialement,
Didou

véro

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par véro » 10 juil. 2004 14:26

Bonjour Didou et merci pour ta réponse

Je fais bien mon mémoire pour le diplôme de CESF et c'est bien pour cela que cette orientation me panique.
Quand je parle des éducateurs, il s'agit des conseillers d'insertion et de probation, travailleurs sociaux de l'administration pénitentiaire chargés du suivi des personnes placées sous main de justice.

Leurs missions, en résumé et sur le papier:
- contrôler le respect de la condamnation (ici obligation d'indemniser les victimes),
- + un suivi individuel des personnes après une analyse de leur problématique pour une meilleure prise en charge
- moyens: partenariat avec institutions, associations......

La réalité:
- trop de dossiers (160/conseillers au lieu des 70 préconisés) donc prise en charge très réduite
- manque de compétences dans certains domaines donc quasiment pas de prise en compte des problématiques
- travail en partenariat réduit (de temps en temps appel a des CESF pour des problèmes de budget mais ne sont pas toujours disponibles pour ce public)
- difficultés pour concilier justice et travail social
- travail en partenariat très réduit.

Mon problème:
J'ai déterminé ma population échantillon à partir des personnes qui avait du mal à respecter l'obligation d'indemniser leurs victimes.
Sur les 25 pers., il ressort que 13 ont de réels problèmes financiers alors que les 12 autres n'ont rien à faire de leurs victimes alors qu'ils auraient largement les moyens de payer.
De ce fait, je suis un peu perdue quant à ma proposition d'amélioration, à moins que je ne me base que sur les 13 premiers.
Dans ce cas, je peux proposer de développer le travail en partenariat avec une possibilité d'intervention des CESF...

Désolée pour la longueur du message mais j'espère avoir été un peu plus claire.
Espérant une nouvelle fois tes conseils.
Merci et à +. Véro

Didou

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par Didou » 10 juil. 2004 20:24

Bonjour Véro,

Je vais tenter de répondre à ton message -qui a l'avantage d'être clair et structuré - en te précisant toutefois que mes "conseils" n'ont pas la valeur de "parole d'Evangile". J'espère que d'autres personnes sur ce forum- plus qualifiée que moi dans ce domaine- pourront t'aider dans ta démarche (mais voir aussi sur les autres forums AS et Educ Spé) .

Je tenterai donc de t'aider à la mesure de mes compétences (sachant que cet aspect de la profession de CESF est bien loin de ce que j'ai pu faire jusqu'à présent.).

Ma démarche :
Je vais essayer de reprendre point par point au regard de ce qui m'interroge dans ton message. Mes réflexions et mes questions n'ont pas pour but de mettre en doute tes propos mais bien de rechercher à les clarifier, d'approfondir la recherche et la réflexion. De la confrontation des regards et de l'échange produit, cela produira - peut -être- le déclic nécessaire à l'avancement de ton travail.

1er point:
"Je fais bien mon mémoire pour le diplôme de CESF et c'est bien pour cela que cette orientation me panique."

Nous sommes en juillet. Je pense que si tes formateurs ne se sont pas opposés à ton sujet jusque-là c'est qu'il devait tenir la route. Donc, pas de panique à avoir.


2nd point:
La présentation que tu proposes dans ton message me ferait davantage penser à un rapport de stage qu'à un mémoire.

Je serai donc intéressée de lire ton plan et la méthodo que tu as employée pour construire ton mémoire. Cela me permettra sans doute de mieux percevoir ton fil directeur.

3eme point:
Sur les 25 pers., il ressort que 13 ont de réels problèmes financiers alors que les 12 autres n'ont rien à faire de leurs victimes alors qu'ils auraient largement les moyens de payer.
Ton échantillon représente deux groupes:
le premier insolvable, le second solvable.

Du côté des victimes:
En l'état actuel de mes connaissances, il me semble qu'une victime peut obtenir gain de cause sur une durée de trente ans après le jugement. De plus, il me semble qu'il existe un fonds d'indemnisation aux victimes.

Du côté des infracteurs:
le premier groupe insolvable:
dans ce premier groupe peut -on faire la part de la bonne foi et celle de la réticence à indemniser leur victimes ?

le second groupe solvable: Il existe des mesures coercitives pour obliger les infracteurs à indemniser leurs victimes : exples : Mise en demeure, Saisie(huissiers). Les victimes, en s'adressant aux huissiers avec copie de leur attendu de jugement, peuvent "relancer" la machine judiciaire.

4ème point :
Parmi les conseillers d'insertion et de probation, existe -t-il , à ta connaissance des CESF ? Si oui, et si tu as pu les rencontrer , quels sont leurs points de vue sur la question que tu soulèves - à savoir, si j'ai bien compris, la reconnaissance du statut de victime par les infracteurs sous la forme de l'indemnisation et donc la responsabilisation des infracteurs ? En quoi les CESF seraient -(ils-elles)légitimé(e)s à travailler en partenariat avec les Conseillers d' Insertion et de probation ? As -tu pu rencontrer des CESF travaillant en partenariat avec les Conseillers d'Insertion et de Probation ? Si oui, quels regards portent -ils sur cette situation ?

5ème point:
Selon toi, en quoi la responsabilisation des infracteurs a t-elle du sens ? En quoi est -ce important ? pour qui ? pour quoi ?


Voilà, sur le vif, ce que m'inspire ton message.
J'espère avoir pu t'aider un peu.

A te lire,
Bon courage,
cordialement,
Didou

véro

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par véro » 11 juil. 2004 15:35

Bonjour Didou

Quelques précisions supplémentaires:
Depuis la réforme du diplôme (2002) demandes concernant le mémoire:
- 1ière partie: identifier le manque de la population = problème posé
- 2ième partie: état des lieux des réponses existantes + insuffisances autour du problème posé ce qui amène à formuler une hypothèse
- 3ième partie: proposition qui comblera le problème de la pop. et l'insuffisance des réponses apportées actuellement dans le cadre de l'action sociale d'où argumentation pour vérifier l'hypothèse.

La participation de la CESF n'est plus obligatoire mais doit apparaître si elle a lieu d'être (à voir selon chaque académie).

Plan déterminé pour l'instant au fur et à mesure de l'avancement de mes recherches:

1ière partie:
I) EVOLUTION JUSTICE PENALE (provisoire)
1.1) Les normes garantes de la cohésion sociale
1.2) La déviance: un comportement, plusieurs causes
1.3) La sanction: de la répression vers la réinsertion (car volonté de prendre en compte les causes de la déviance)

II) LA RECONNAISSANCE DES VICTIMES: UN PAS VERS LA REPARATION
2.1) Evolution de la législation en faveur des victimes d'infraction
2.2) Les associations d'aide aux victimes:
du soutien à la réparation
2.3) Les victimes d'infractions: du préjudice subi à la réparation attendue

III) LES PERSONNES PLACEES SOUS MAIN DE JUSTICE FACE A L'OBLIGATION DE REPARATION
3.1) Les PPSMJ en milieu ouvert: les chiffres-clés
3.2) Etat des lieux de l'indemnisation
3.3) Les attentes (problèmes) des PPSMJ soumises à l'obligation de réparation
(c'est là que ça bloque un peu)

2ième partie:
LES REPONSES AUX BESOINS OU COMMENT CONCILIER JUSTICE ET TRAVAIL SOCIAL
I) LA LEGISLATION OU LA REPONSE PENALE
1.1) Les obligations des PPSMJ (sursis avec mise à l'épreuve)
1.2) La stricte application de la loi (avantages et risques suivant le respect ou le non-respect de la mesure)
1.3) La médiation pénale: entre répression et réparation

II) L'ACCOMPAGNEMENT DES SPIP (service pénit.d'insertion et de probation) OU LA REPONSE SOCIALE
2.1) Les missions des SPIP et des CIP (conseillers d'insertion et de probation)
2.2) Le suivi individuel des pers. et les dispositifs mis en place pour améliorer l'indemnisation (conventions ADAVEM, dossiers surendettement, dépôt sur compte spécial supprimant frais postaux.....)
2.3) Les limites du suivi:
- au niveau de l'accompagnement(manque de temps,quasiment pas de prise en charge des problématiques.....)
- au niveau des dispositifs (répondent aux attentes des victimes dans la majorité des cas......mais les infracteurs?)

3ième partie: à voir

Ma méthodo:
- Stage au SPIP des Landes pour rencontrer pop.+ prof.: constat problémes indemnisation victimes.
- Etude attentes justice/infracteurs + victimes/infracteurs (documentation + rencontre prof. aide aux vict.)
- Résultats: la justice attend la responsabilisation en vue d'une réinsertion + les victimes attendent la réparation (matérielle ou symbolique)
- Entretiens avec CIP + JAP + lecture rapport indemnisation en milieu ouvert
- Analyse: problèmes dus à la précarité financière des pers. + manque motivation des condamnés
- Volonté de vérifer auprès des PPSMJ:
.Participation aux entretiens CIP/infracteurs + notifications peines par le JAP + Débats contradictoires avec JAP + Procureur (pour observer comportements + écouter leurs discours)
. Rédaction d'un questionnaire destiné aux 25 pers. qui ne respectent pas l'obligation (ou partiellement)concernant: leurs revenus, charges, situation familiale, représentation des CIP, ressenti/montant versé et/condamnation....
L'erreur que j'ai faite est de ne pas avoir fait remplir les questionnaires moi-même mais c'était difficile au vu des convocations et de l'échantillon choisi (il aurait fallu que mon stage dure au - 6 mois)
Ce sont donc les CIP qui l'on fait passer.

Pour répondre à ta question, concernant les insolvables, je pense qu'on peut leur faire confiance car j'ai vérifié leurs dires auprès des CIP + étude de leurs dossiers.

Ensuite, à ma connaissance, il n'existe pas de CESF qui soient CIP, seulement des AS qui ont été recrutées dans les Landes il y a je crois une dizaine d'années pour répondre à certains besoins des PPSMJ.

Par contre la CIP qui m'a prise en stage sollicite de temps en temps une CESF du CG des Landes sur certains dossiers. La CESF prend donc en charge certains pbs de ces pers. Mais elle ne veut en aucun cas entendre parler de la condamnation. Elle n'intervient qu'en cas de mauvaise gestion du bugdget.... La responsabilisation n'est pas son truc.

Pour moi, il est évident que la responsabilisation de l'auteur a du sens et tout d'abord par rapport à lui-même. Quelqu'un qui ne rembourse que parce qu'il le peut matériellement ne fait aucun travail sur lui-même et sur les conséquences de ses actes. Il pourra donc recommencer à tout moment et dans ce cas, à quoi sert l'accompagnement?
Mais comme je l'ai dit, est-ce bien le travail d'une CESF de responsabiliser les pers.? Moi je pensais que oui mais certaines CESF me disent que non.

J'espère ne pas t'avoir trop pris la tête avec mes explications.
Dans l'attente de ta réponse.
Véro

Didou

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par Didou » 11 juil. 2004 22:31

Bonsoir Véro,

Ton sujet de mémoire a l'avantage de sortir des sentiers battus...donc susceptible de générer de l'intérêt. De plus, l'actualité est - bien malheureusement- porteuse...

Je te propose - étant donné l'heure avancée et la journée chargée qui m'attend demain - de me donner le temps de la réflexion avant de te répondre (je m'y engage au plus tard pour mercredi 14 au soir).

Si cela te convient et afin de ne pas charger le forum par nos échanges - laisse -moi ton mail afin que je puisse te répondre directement.

A très bientôt,
cordialement,
Didou

véro

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par véro » 12 juil. 2004 11:45

Salut Didou

Tu ne peux pas savoir comme c'est rassurant de se sentir épaulée ainsi et je t'en remercie.
Ci-joint mon Email:
verolamothe@free.fr

élodie 76

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par élodie 76 » 13 juil. 2004 07:32

Didou cela fait plusieurs fois que je lis des messages que tu écris et rien que par leur lecture on a envie de te demander du réconfort je voudrais juste te poser une petie question, je dois rentrer en 3ème année et je suis en train de réfléchir à un sujet de mémoire et je m'intéresse tout particulièrement aux femmes victimes de violences conjugales mais crois tu qu'une CESF est vraiment apte à s'occuper de cette population ? J'ai déjà fait énormément de recherches j'ai pas mal de documents alors j'aimerais bien savoir...
Alors voilà je te remercie d'avance
A bientôt
élodie 76

Didou

Re: mémoire: panique à bord

Message non lu par Didou » 14 juil. 2004 08:08

Bonjour Elodie,

Avoir une idée de mémoire avant de rentrer en 3ème année permet, en effet, de faire des recherches préalables,de tracer (de manière encore partielles)les grandes lignes d'un travail qui va t'occuper une bonne année...Autant alors que tu aies quelques affinités avec le thème choisi.

Pour te répondre , j'ai procédé de la manière suivante : copie séquencée des propos contenus dans ton message( mis ici entre guillemets) suivi de commentaires.

Tu écris :

- "...je m'intéresse tout
particulièrement aux femmes victimes de violences conjugales ..."

Commentaires : C'est un sujet tout à fait d'actualité, les chiffres des violences faites aux femmes semblent bien malheureusement en augmentation.


- "... mais crois - tu qu'une CESF est vraiment apte à s'occuper de cette population?..."

Commentaires en deux parties:

1) La/le CESF, par la formation reçue, doit en principe être en capacité - souvent dans le cadre d'une équipe pluridisciplinaire, en partenariat (médico-social), en relais - d'accompagner vers une insertion sociale et/ou professionnelle les femmes (avec ou sans enfants) en demande de protection. Le support technique - spécifique à l'ESF - mis en corrélation avec - notamment- un accompagnement psychologique - peut permettre à ce public de se reconstruire dans la durée.

2)En fonction des expériences personnelles (propre parcours de vie), mais aussi professionnelles (bénévolat, stages, travail...)mais surtout des enseignements qu'il/elle en aura tirer, la /le CESF pourra se positionner de la manière la plus juste possible au regard des situations présentées.Il est donc- notamment- question ici de maturité.

En tout état de cause, dans le cadre professionnel, des temps d'échanges de pratiques, de supervisions sont très souhaitables (voire indispensables)pour être en mesure d'avoir la distance professionnelle nécessaire dans la relation aidant/aidée.


- "...J'ai déjà fait énormément de recherches j'ai pas mal de documents..."

Commentaires :
Je ne peux que te conseiller de les organiser de manière à pouvoir les exploiter (en tout ou en partie) de manière efficace.

- "...alors j'aimerais bien savoir..."
Commentaires : Je n'ai pas de "baguette magique"...et ne peux en aucun cas répondre pour toi à cette question.
Je ne peux que te conseiller de clarifier -autant que possible - la raison pour laquelle tu t'intéresses particulièrement à ce sujet.


Si tu en as l'occasion pendant tes vacances, je te suggère de contacter des structures d'accueil (CHRS par exemple) pour rencontrer des professionnels avec qui tu pourras échanger.

Je ne sais si ma réponse a pu te "réconforter" et/ou te conforter dans ton choix...D'autres demandes de témoignages sur ce site (mais aussi sur celui des AS, des Educ Spé, des EJE...) pourront sans doute te permettre d'y voir plus clair...

En espérant t'avoir aidé un peu,
bonne suite à toi,
cordialement,
Didou

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