Message non lu
par maria » 27 nov. 2005 18:53
Je suis travailleuse familiale, puis TISF depuis 15 ans. J'ai 37 ans. J'ai donc commencé assez jeune. J'ai du plaisir à faire le métier que je fais, parce que je me sens utile, la plupart du temps. Je pense que c'est un critère important dans n'importe quel métier et encore plus dans le social. Nous faisons face à un problème assez représentatif de l'évolution de notre société, malheureusement, à savoir que des personnes que nous aidons considèrent notre aide comme un dû. Je pense que c'est l'un des aspects les plus difficiles de notre profession. Maintenant, je peux dire avec du recul, que je dois beaucoup à ce travail, car c'est un métier d'échange. Telle mère de famille nous confiera son expérience avec ses enfants, telle autre nous parlera de telle démarche qu'elle a faite pour arriver à tel résultat, et nous pourrons probablement nous en servir pour aider une autre famille. Nous sommes comme un maillon d'une chaîne de solidarité. Nous devons arriver dans la famille avec cette perspective, et non pas en tant que celle qui sait tout. C'est important, car sinon nous ne pourrons pas vraiment aider, nous parviendrons seulement à mettre les personnes fragiles en situation de dépendance et à fermer la communication avec celles qui auront l'impression que nous sommes là pour les évincer, ou les commander, etc... Je suis d'accord avec le fait qu'il y a un certain décalage avec ce que l'on apprend en formation, (c'était déjà le cas de mon temps), et la pratique sur le terrain. Mais il faut pouvoir s'adapter, et c'est vraiment un métier d'adaptation par excellence ! Et puis quoique l'on dise, ce que nous faisons au quotidien aucune formation ne peut véritablement nous y préparer car c'est un métier de relation, d'échange, humain quoi !
En ce qui concerne les aspects négatifs, j'en vois deux qui me gène un peu je l'avoue c'est : le fait que parfois, je trouve dommage d'aller des familles qui en ont moins besoin, sous prétexte qu'il faut boucler des budgets et aussi, le fait que nous devons faire signer les heures de présence aux familles. Tant que ce sera le cas, nous ne serons pas vraiment considérés comme des travailleurs sociaux ni par les familles, ni par les partenaires sociaux. C'est dommage car je pense que c'est quand même important d'être reconnu, tout être humain aspire à cela.