Mises à disposition TH

[Tintinmilou]

Bon, tintinmilou n'est pas superman (et il le regrette).
Mais...
Il a le culot de dire qu'il a toujours travaillé en privilégiant le bien-être des personnes handicapées mentales.

Donc, dans notre procédure d'insertion nous avons posé comme principe qu'une MAD réussie implique une formation. Nous faisons donc de nombreuses formations et nous avons réalisé de nombreuses VAE (la dernière dix Travailleurs ont passé un titre professionnel de commis de cuisine).
ces VaE coûtent la peau du c... Pardon des oreilles. Et avec quoi les finances-t-on ? Avec les excédents de la partie commerciale !

C'est toujours plus moral que de les laisser à un conseil d'administration qui va jouer en bourse avec les provisions des ESAT jamais reversées aux établissements . 'c'est vrai : notre président a perdu trente mille euros en bourse il y a dix ans environ. Depuis, j'ai juré qu'il ne toucherait plus à notre grisbi et je réinvesti tout en matos, bien sûr, mais surtout en formations qualifiantes. Et puisque je vous dis tout, j'ajoute que pour ces pauvres bougres qui triment comme des ânes pour pas un rond et vivent dans des foyers que j'estime mortifères, lorsqu'ils partent en formation, je passe un deal avec le centre de formation : je paye ce qu'il faut en hébergement mais que les quelques semaines dehors soient aussi des semaines de loisirs et de découvertes. De simples sorties dans des pizzerias ou dans un boîte en grande ville, ça leurs fait toujours plaisir). Comme quoi les excédents, hein ?

[supernina]

super ce forum!!! J'en apprend beaucoup, merci Réglisse et Richard...Sur ta suggestion, je suis allée voir les autres messages de Donni. Effectivement, celà laisse songeur...tintinmilou, faites-vous allusion à la circulaire 2008 pour les MAD et démarche qualité?? Vais aller voir sur andicat les fiches pratique, ça m'intéresse...
Assez d'accord avec vous sur votre analyse des politiques sociales actuelles, Réglisse. Mais donni a une autre vision du monde : très libéral, très "droite" : sur d'autres forums, il s'assoit sur les conventions en rémunérant ses salariés au "mérite", et ayant discuté avec lui (forum sur "chef de service" concernant les horaires des cadres), sa seule passion semble être le travail dans lequel il passe tout son temps... Etant donné ses bases de valeur, je me demande ce qu'il appelle "mérite"...Pour avoir (et avoir encore) des TH en MAD dans mon établissement, pas si facile...Leurs problèmes ne sont pas forcément liés au travail, ils peuvent y être performants, mais quand on allège notre présence auprès d'eux, leurs autres problématiques (pathologie, angoisses, difficultés de liens...) ressurgissent, et nous avons 2 TH qui ont décompensés car pression de vouloir bien faire en milieu ordinaire trop forte...Et toujours pas d'embauche concrétisées...Et vous, avez-vous eu des embauches suite à des MAD? Peut-être qu'on s'y prend mal? je serai intéressée pour en parler avec vous...Merci

[reglisse]

Bonjour tintinmilou,

Bien sûr que les excédents ne sont pas forcément mauvais, dans un proportion raisonnable (par rapport au financeur), avec des réinvestissement dans l'intérêt des TH (formation, loisirs, culture) et l'amélioration de l'outil de travail, aucun problème à ce sujet...Pour peu que la façon dont sont réalisés ces excédents soit légale...Et dans l'intérêt des TH. J'ai pour ma part deux pôles d'activité très porteurs financièrement. Intéressant, votre système VAE à l'extérieur!!!
Note d'optimisme : tous les foyers ne sont pas mortifères, loin s'en faut. Nous avons la chance d'avoir un bâtiment rénové il y a 5 ans, sous forme de mini-studios individuels (2 seulement en collocation) avec quelques pièces communes pour activités sympas et pas mal de sorties, week-ends extérieurs etc...Tout comme la partie travail, la partie "vie sociale" se doit d'être développée et épanouissante pour les usagers quand on le peut ou du mieux qu'on peut...

[Tintinmilou]

Bonjour à tous,

Oui, décidément ce forum est agréable et intéressant.
Il aborde pas mal de problèmes.
La pression de l'insertion, par exemple.
Surtout dans les assos de parents, la pression pour l'insertion est très forte.
Au travail, d'abord. sans penser que le milieu ordinaire n'est pas forcément accueillant. Les employés d'une entreprise vivent souvent très mal le fait de "partager" avec quelqu'un de plus lent, même si la personne n'est pas (mais alors pas du tout) rémunéré comme eux. Alors la situation des MAD devient difficile car la pression arrive de partout : des parents qui veulent une image "conforme", des ESAT qui veulent de la réussite, des collègues qui ne comprennent pas.

Les plus grosses difficultés, chez nous, sont venus de l'habitat. Mettre dans un studio en ville une personne qui a passé des années en foyer relève du sadisme le plus complet. Cette personne n'a jamais lavé son linge, jamais fait ses repas. Toujours eu quelqu'un à coté d'elle pour décider "nous allons au supermarché, nous allons ici ou là, nous faisons ceci ou cela"...
Et puis elle se retrouve seules, obligés de faire leur ménage, leurs courses, leurs bectance etc.... Est-ce qu'on mesure que le simple fait de se lever à l'heure, lorsqu'on a eu un moniteur qui passait dans les chambres tous les matins, est un exploit?

Et avec une préparation souvent insuffisante : sous prétexte qu'elle a fait un gâteau quatre quart tous les samedis, on dit qu'elle sait
faire la cuisine. Ensuite, on la retrouve dans son logement en train de se nourrir de barres de Mars..

Bref, je suis un peu remonté contre cette obligation de réussite que l'on nous met à tous (handicapés, moniteurs et dirlos...)

Pour Supernina, la démarche qualité, dans notre établissement était en place depuis 2000 environ. Nous avions les normes ISO pour les activités de production, bien sûr mais aussi pour les activités "médico-sociales d'insertion"... Les circulaires arrivées après 2002 ne nous jamais posé de vrais problèmes. (Et maintenant, pour tout te dire, je m'en contrefiche, à 62 ans j'ai arrété de bosser ! (lol)).

[Richard]

@ supernina : Nous avons en moyenne 1 embauche tous les deux, trois ans en milieu ordinaire (1 en 2011, 3 en 2010, 0 en 2009). Effectivement, tous sont passés par la case MAD.
L'analyse, ou plutôt le constat que j'en fais pour notre établissement est que les personnes qui vont en milieu ordinaire sont des personnes qui ont un potentiel, a priori, pour aller en milieu ordinaire. C'est un travail de patience, parfois long, pour permette au TH de découvrir ces potentialités, et développer des compétences, que nous pouvons parfois valoriser (VAE ou autre). La MAD est un passage obligé pour cette démarche. Elle permet aussi de valoriser le travail des TH en milieu ordinaire et faire découvrir aux employeurs potentiels les qualités et compétences des TH. Là aussi il faut être patient. Par exemple, nous avons eu une embauche l'année dernière avec une entreprise pour laquelle nous avions commencé par des petit travaux de sous-traitance....il y a une quinzaine d'années! Mais attention, si toutes les personnes embauchées en milieu ordinaire ont fait de la MAD, toutes les MAD n'aboutissent pas par une embauche, loin s'en faut. Et d’ailleurs le faudrait-il? Mais c'est un autre débat.

Pour le reste, je crois que tous les collègues tentent de faire au mieux, dans un climat économique incertain, pour un seul et même objectif : l'usager dont il a la charge. Le bénéfice dans les ESAT ne doit pas être un tabou, pour peu bien sûr que l'on reste dans le cadre légal. L'utilisation de ce bénéfice reste le choix du Conseil d'Administration et pas de l'ARS.
Le combat, l'imagination, les nouveautés de prise en charge, les analyses se sont toutes faites en majorité par l'action du privée, les politiques publiques n’étant là que pour actualiser les pratiques.
Or aujourd'hui nous constatons une déviance des politiques publiques où des institutions privées ne deviendraient plus que des services de l'Etat.
Pour ma part, je tente, d'y résister en démontrant par l'évaluation des choix de nos actions que nos orientations restent au bénéfice de l'usager. POur le moment tout le monde y trouve sont compte et je conserve l'énergie pour cette voie...mais pour combien de temps?

[reglisse]

bonjour à tous,

Pour renforcer les vérités que tu abordes tintinmilou, il y a un excellent livre que mon ADD (en formation CAFERUIS) m'a prêté qui clarifie totalement ce que tu exposes (j'imagine que dans une asso de parents, le phénomène s'amplifie), je te le recommande si tu ne l'as pas lu : "handicapés mentaux et psychiques : vers de nouveaux droits", écrit par Mr Zribi et...Trou de mémoire pour le 2ème auteur...Il est rapide à lire (ce n'est pas un pavé). Les auteurs sont pour un psychiatre, pour l'autre directeur d'établissements et participe aux travaux de l'ANESM (de mémoire) Après l'avoir, lu, j'ai encore plus compris ce qui ne tourne plus rond dans ce secteur...Ravie de ton message, ça fait du bien de se sentir encore moins seule dans cette analyse (que nous patageons entre directeurs de mon coin)...Merci à toi

[supernina]

Merci tintinmilou,
j'avais peur d'avoir "loupé" certains textes récents (j'étais bloquée sur la discussion de départ donc les MAD).
Pour le problème que tu poses très justement, nous avons détaché des heures d'un éduc du foyer qui aide à l'installation en appart...Faute de mieux... Notre projet d'un SAVS-SAMSAH a été retoqué...Pas simple...En plus, les TH peuvent être très autonomes dans un cadre "travail" et pas vraiment l'être dans le cadre "social" qui est plus vaste, plus complexe, moins balisé et fait appel à d'autres capacités que de savoir accomplir des tâches assez définies...Dur,dur...

[supernina]

je ne pense pas que la dérive soit que le public veuille "manger" le privé...ni que les bénéfices soient un sujet tabou (nous en faisons un peu aussi) si dans le cadre légal effectivement.
La dérive à mon avis est que l'ARS a pour mission clairement explicite de passer rapidement de 35000 associations privées à 3000, non pas en faisant disparaître les assos privées, mais en les obligeant à se regrouper (technostructures, "supers asso") afin d'avoir moins d'interlocuteurs et...surtout, faire baisser les côuts de fonctionnement des asso...d'où les appels à projets nationaux, les tarifs plafonds etc...Il y a une circulaire sortie en juillet indiquant aux ARS de ne plus faire de "cadeaux" aux ESAT (transport collectif des TH remboursés uniquement si justifié par le niveau de handicap des usagers etc...Je peux te donner les références si intéressé...C'est édifiant...
Et quand tu vas négocier une augmentation de ton budget social, c'est bien avec l'ARS (on l'a fait il y a 1 mois...), et ton budget, crois-moi, doit être au carré, sans trop de bénéfices...Vive le néo-libéralisme !!!
Bonne soirée

[reglisse]

pfff...désolée tintinmilou...suis fatiguée en ce moment...le bouquin, pas compliqué à trouver : c'est GERARD Zribi qui l'a écrit, notre cher président Andicat...Pourquoi je m'atais mise dans la tête un homonyme...Sans doute car son bouquin ne parle pas d'ESAT comme les autres de lui que j'ai lu...
Donc tu le connais sûrement, ce livre...
A bientôt
PS : j'ai aussi trouvé un mémoire CAFDES non dénué d'intérêt sur le net, si ça t'intéresse...

[donni]

Bjr,

Pour ma part, je répondais à gérard au regard de la réalité de ma pratique, constatée dans de nombreux ESAT, laquelle ne me paraît absolument pas dangereuse.

Je n'avais pas pris soin de préciser que les excédents générés étaient totalement réinvestis au bénéfice des usagers (prise en charge du transport, formations, financement partiel du chargé d'insertion, mutuelle et prévoyance collective, prime d'intéressement, amélioration de l'outil de production et des conditions d'accueil, ...).

Bref, je pense qu'il est inutile de développer vu la teneur de certains propos.

Salutations,