avs et malade psy

[mary]

bonjour,

je suis intervenue chez une dame qui souffre de troubles psychiatriques importants (délires paranoiaques, maniaco dépressive)Durant mon intervention de 2 heures pour du ménage, je me suis rendue compte qu'elle m'avait enfermée à clés et qu'elle avait gardé les clés sur elle.Je lui ai demandé de laisser ses portes non verrouillées.porte grille d'entrée et porte entrée. Elle a refusé. Autant vous dire que j'ai flippé durant ma prestation. Je lui ai demandé également de cesser de fumer car je suis asthmatique et la fumée m'affecte, elle n'a rien voulu savoir. Bref, pendant les 2 heures je n'ai pas cessé d'entendre ses délires ; dans ces conditions désastreuses je n'ai pas envie d'y retourner jeudi. Avez vous déjà eu ce genre d'expérience ? Je me suis sentie en danger ; que pensez vous du droit de retrait ?

[marielo]

"mary"
Par expérience il est impossible d'empêcher un "cas psy" de fumer chez lui durant deux heures et tu peux donc dire à ton supérieur que compte tenu de tes problèmes d'asthme cela ne t'est pas possible de continuer ;rien que cela devrait suffire .si cela ne suffit pas ,tu peux aborder les autres aspects de cette intervention .
Avant de parler de droit de retrait ,parles en déjà à ton asso.

[mary]

merci marielo pour ta réponse,
aujourd'hui, j'ai appelé ma responsable de secteur qui a très bien compris la problématique et comme elle sait que cette dame n'a pas de suivi médical et vu son état psy, elle a pris la décision de suspendre les interventions en attendant qu'un suivi sérieux soit mis en place.J'ai eu un entretien avec ma responsable de secteur dès cet après midi, cela m'a permis de parler de la peur que j'ai eu ; cela fait du bien de se sentir soutenue car je n'étais pas préparée à un cas psy aussi lourd que ça.
Si d'autres personnes ont eu une expérience similaire, j'aimerais lire vos témoignages, je pense que cela m'aiderait dans ma vie professionnelle pour de futures missions de ce genre.
Encore merci et bravo pour ce forum, il est précieux

[eve]

Bonjour, on ne parle pas assez de la pénibilité pour une avs de se retrouver en face d'un cas "psy". Et pourtant cela arrive souvent ! Certains clients sont très atteints et vu leur état, leur comportement peut aller très loin. Le problème majeur de l'avs est qu'elle est SEULE au domicile, et se retrouver seule au domicile d'un cas psy peut être épuisant en plus d'être effrayant. En structure ces cas sont plus gérables car plus de personnel.
Au domicile jai vu:
- des malades alzheimer en pleine forme physique marcher dans l'appartement en se faisant pipi caca dessus (tous les jours) lol
- des malades alzheimer délirer complètement, s'assoir, se relever, monter des escaliers, parler à haute voix un charabia pas possible (qd on fait une garde de 12H d'affilées ds un petit appart je vous jure que c'est à péter les plombs)
- une malade complètement dingue qui passe son temps à m'insulter (on dirait une nazie) ou à insulter mes collègues (la noire là, on dirait une guenon), et qui râle sur tout
-les maniaques (une jeune fille en fauteuil qui me demander tous les jours de nettoyer complètement son appart du sol au plafond au vinaigre blanc)
- le schizophrène bizarre qui fume cigarette sur cigarette et pas le droit d'ouvrir la fenêtre ou il hurle
- la mamie qui ne se rend pas compte qu'elle vit au milieu des excréments de son chat (qui pisse sur son oreiller, chie ds le lavabo de la cuisine sur les assiettes sales)
Bah, la liste est encore longue ....
Imaginez la vie d'un cas psy seul chez lui, c'est juste un énorme bordel, et c'est l'AVS seule chaque jour qui doit faire face à ce genre de situation.
Je trouve fantastique la réaction de votre superviseur, en effet, je trouve cela criminel d'envoyer qqun de seul dans certains domiciles.
Il y a 3 semaines jai refusé (vu ce que je savais par expérience de ce genre de phénomène) de m'occuper d'une dame "en fauteuil car elle a pris une balle perdue dans son quartier, depuis elle est très méchante, elle insulte tout le monde, elle est haie par tous" selon mon superviseur. C'était une garde de 12H dans son petit appart !!!!! Je plains vraiment l'auxi qui a pris le poste. Elle doit se faire harceler en permanence.
Bref, il y a des cas psy qui n'ont rien à faire seuls chez eux, ou qui ne sont pas assez encadrés.
Bravo à votre superviseur de vous avoir écoutée, en effet la situation que vous décriviez n'est pas tenable pour un intervenant SEUL.

[cosmos]

eve,
tu soulèves bien là, les limites du maintien à domicile.
En parler aux responsables, et leur dire que la personne ne peut plus rester à son domicile, même avec des gardes.

Le problème soulevé aussi, est celui de la formation pour une AVS. Est-elle vraiment formée pour ces situations ? à mon avis, non. Il y a un manque terrible d'informations et de prise en charge des personnes ayant un problème psy, lourd ou non.
Voilà le hic.

Marielo,
As-tu vu le post très intéressant de Frigg ????
J'aimerais avoir ton avis sur son sujet...
merci.

[marielo]

"cosmos"

Excuses moi,j'ai mis un peu de temps avant de me pencher sur la question et de répondre !(je t'invite à aller voir ,même si je suis plus partante que toi ...)

[marielo]

La formation d'AVS ne prépare pas à ce type d'interventions ,mais je ne vois pas comment elle le pourrait : les pathologies des personnes chez qui nous intervenons sont tenues secrètes ; ce qui fait que,même avec une connaissance sur les différentes pathologies psychiques (il y a des formations) on n'est guère plus avancé souvent .

Les troubles ne se traduisent pas toujours exactement de la même manière chez les malades ,et leurs réactions sont différentes selon leur personnalité et leur vécu ...
La prise des médicaments est bien souvent laissée à la charge des malades eux même et nous n'avons aucune garantie sur le fait qu'ils les prennent ou non bien souvent .

Je n'ai jamais eu AUCUNE information sur les "cas psy" chez qui je suis intervenue ;que ce soit sur la pathologie,ou sur le suivi médical ou sur l'accompagnement psychiatrique :c'est le silence le plus total ,avec l'impression souvent,que pour l'asso ,ces personnes représentaient des "sous-bénéficiaires comptant pour quantité négligeables" alors qu'elles payent la même chose ?.(c'est mon sentiment perso)

Il est clair que l'on doit faire en sorte que ces personnes puissent être maintenues à domicile ,en leur évitant au maximum les séjours à l'hôpital , leur fournir l'aide dont ils ont besoin ,mais là encore ,il y aurait pas mal à dire sur la manière dont cela se fait et la difficulté pour nous d'appréhender certaines situations .
Les risques encourus ne sont pas toujours négligeables pour nous ,et quand je parle de risques,il n'y a pas que les risques physiques auxquels nous pouvons avoir à faire , face à quelqu'un qui va devenir subitement violent par exemple ,mais aussi aux risques psychologiques !

Aucun soutien de nos employeurs qui ne rendent jamais visite à ces bénéficiaires , et qui n'ont souvent aucune idée de la situation que nous rencontrons à leur domicile .
(Fut une époque ou la moitié de mes bénéficiaires était des "cas psy" ,et il est un peu dommage que le problème ne soit pas plus étudié .)

[mary]

Pour te répondre Marielo, heureusement pour moi ma responsable de secteur a fait connaissance avec cette dame en même temps que moi, puisque pour la première intervention, nous nous sommes rendues ensemble au domicile ; ma responsable de secteur a put se rendre compte dès le départ. Elle présumait que cette bénéficiaire allait être difficile à gérer. Elle ne croyait pas si bien dire...

[marielo]

Tu as de la chance "mary" que cette dame n'ait été suivie par personne ,ce qui a conduit ta responsable à lui rendre visite comme ils le font en principe pour chaque nouveau bénéficiaire ,car je crois que sinon,les "transactions" se font uniquement par téléphone entre l'organisme de tutorat (ou autre service social comme un CCAS par exemple ) et l'asso ... qui elle ,ne rend JAMAIS visite au bénéficiaire atteint de troubles psychiatriques ;et qui ne nous transmet quasi aucune information par devoir de secret médical .

Etais tu auparavant intervenue chez des "cas psy" ? ou était-ce ta première expérience ?

[mary]

Non ce n'est pas mon premier "cas psy" ; Depuis 10 ans, je m'occupe d'une dame schizo, mais comme elle est suit son traitement cela va à peu près. Bon, certains jours, ce n'est pas facile, mais c'est gérable.
J'ai eu des remplacements à faire quelques fois chez des autres malades psy, mais ça c'est toujours bien passé parce que suivis également.
Quant au secret médical dont tu parles, il est indispensable que dans ces cas précis, il soit partagé, et que l'on soit au courant afin d'adapter notre façon de faire. Mais bon, là, dans ce cas précis, même si on ne m'avait rien dit, je l'aurais vu de suite qu'il y a avait un problème psy. De toute façon, cette dame, sans traitement, est ingérable.
Certes, le risque physique existe, mais notre santé mentale, peut être mise à rude épreuve. Infirmière psy c'est un métier.
Même avec la meilleure volonté du monde, pour moi c'est mission impossible !