Attouchements

[Jeanne]

Bonjour à toutes et à tous,

Je suis embauchée dans une association en qualité d'aide à domicile depuis 3 mois et je rencontre un sérieux problème pendant mon travail.

J'interviens 5X / semaine chez un usager de 70 ans vivant seul avec sa mère. Ce monsieur a des problèmes d'alcool. Sur ma fiche mission, il est stipulé que je dois intervenir chez lui pour "toilette + change si besoin" car comme il est toujours aviné, il s'urine dessus.

Chez ce monsieur, je ne fais rien. Je reste assise sur un fauteuil à regarder la TV et lire les journaux car Mr est toujours couché à décuvé.
Je ne suis pas censée m'occuper de sa mère ni faire de ménage.

Un jour, Mr était au sol, complètement saoul, trempé d'urine. Je l'ai aidé à se relever. Quand j'ai voulu lui retirer le pull, il en a profiter pour me toucher fortement les seins. Je l'ai repris.
J'ai signalé la chose à mes chefs de secteurs, ceux-ci m'ont dit que c'était à cause de l'alcool... l'alcool n'excuse pas tout.
Je continue toujours les interventions chez lui.

Cette semaine, par deux fois, il m'a touché la cuisse, tenté de touché mon bras.
J'ai su par une collègue qu'il lui avais mis la main aux fesses, une autre a peur de lui car il l'a regarde tout le temps d'un air lubrique.

J'ai envoyé 2 mails à mes chefs leur expliquant la situation.
Ce Mr est toujours sous l'emprise de l'alcool, il passe son temps à faire des allers-retours dans sa chambre pour dormir, aussi il fait souvent des chutes qui l'ont emmené à plusieurs reprises à l'hôpital.

Ils m'ont dit de ne plus y aller "pour prendre du recul" et aussi parce qu'ils "aimeraient que je vienne travailler le lendemain" !

Je ne suis pas intervenue chez lui pendant 3 jours, mais ma chef me téléphone ce matin pour me dire d'y retourner !! et tout ça, malgré ses gestes déplacés, son attitude ! Elle m'a dit qu'il était toujours prévu sur mon planning et que si il avait un mauvais comportement, je devais partir, quittes à faire le déplacement juste pour 10 min !!

Je me sens mal, je ne peux rien avaler, j'ai mal à l'estomac, je ne me sens pas écoutée ni soutenue par ma hiérarchie. Pour moi, ils me font encore aller là-bas car ce Mr paie plein pot et leur rapporte de l'argent.
C'est une honte.

Avez vous été confrontées à ce genre de comportement ? Que faire ?

Merci à vous

[SANDRA]

bonjour, je pense que tu devrais faire jouer ton droit de retrait mais as-tu consigné ce qui se passe par écrit à ta direction ? Ton employeur est tenu de protéger la santé physique et mentale de ces salariés. Et si ce monsieur a des moments de lucidité parle lui de porter plainte pour attouchement, ça va peut être le calmer.Bon courage à toi.

[Cocotte44]

Bonjour,

J'ai eu le cas d'un client toujours saoul qui avait pour sale habitude d'être accompagné d'un copain de boisson. Je l'ai signalé à mon assoc et la réponse à été claire, le monsieur doit être seul sinon je partais.Il vomissait partout ! En formation, lorsque j'ai exposé le cas, j'ai expliqué que je le ramassais par terre dans un triste état, on m'a expliquée que ce n'était pas à moi de le faire (mouais ! Je me vois mal appeler les pompiers pour ça). Cette histoire s'est terminée car un jour, je suis rentrée chez-lui et son "copain" était en slip dans le lit. J'ai quitté de suite les lieux et j'ai téléphoné à ma responsable. Les interventions se sont arrêtés là.

Je te dirais qu'à ta placej'irais une fois. Au premier geste déplacé, je quitte le domicile et j’appellerais la direction. Ensuite, si la direction insiste pour que tu y retournes, envoies une lettre recommandée pour expliquer que tu n'y retourneras pas. Ou encore mieux envoies une lettre maintenant. Tu te mets en danger quand même !!! Je ne comprend même pas pourquoi la direction vous y envoies encore !!!

[frida]

Jeanne

L'attitude de ta direction ne m'étonne guère, on m'a envoyé une fois chez un monsieur, j'ai consciencieusement appelé ma collègue avant pour savoir quoi faire. Je me suis pris une main aux fesses lorsque je l'ai dit à l'assos la secrétaire a rigolé comme quoi ce n'était pas nouveau, j'ai beaucoup apprécié que personne ne m'ait prévenue ni l'assos ni la collègue.

Pour te dire que quand on en arrive à (je te cite) "Je me sens mal, je ne peux rien avaler, j'ai mal à l'estomac"
On y retourne même pas UNE fois = droit de retrait direct !!!

J'ai beaucoup de mal avec le plan d'aide qui t'a été donné = "je dois intervenir chez lui pour "toilette + change si besoin" car comme il est toujours aviné, il s'urine dessus. "
Si je résume tu dois le nettoyer sachant qu'il est complètement saoul. Et ça ce n'est pas un plan d'aide c'est du grand n'importe quoi une personne ivre peut facilement être violente ou faire un coma éthylique on est bien au delà de nos compétences. Plein tarif ou pas. C'est du travail d'infirmier psy en structure ça.

L'alcoolisme est une maladie c'est scandaleux d'envoyer des gens pour nettoyer du vomi ou du pipi bref colmater les effets secondaires du problème et ne surtout pas s'occuper du problème, ce monsieur a besoin d'aide urgente il risque de mourir.
Il y a le baclofène, il y a des centres de cure avec des équipes pluri-disciplinaires.

Et toi, tu dois te préserver.

[eve]

Je suis d'accord avec toi Frida, les cas "psy" peuvent être très anxiogènes pour des AVS peu expérimentées, il ne faut pas hésiter et signaler les abus (de language, ainsi que les gestes inappropriés) si ils portent directement atteinte à notre bien être. On peut user aussi directement du droit de retrait, être ferme et sûre de soi ("je refuse d'aller un jour de plus chez ce monsieur qui me tripote").
Par contre, certaines AVS savent très bien gérer ce genre de situations et recadrer les bénéficiaires indélicats (d'où le "ah mais oui on est au courant M. Machin est très coquin").

[Titite34]

Bonjour, préviens le Chsct ( comité d'hygiène de la sécurité des conditions de travail )

[Marianne67]

Bonjour Jeanne,

Je viens d'effectuer une formation thématique sur ce sujet, où la formatrice nous a donné les étapes "clés" pour se protéger.

Nous avions un schéma composé de trois cercles pour identifier les comportements et gestes déplacés à connotation sexuelle.

Quand il y a propositions, familiarité ( tutoiement, invitation au resto, cadeaux, argent, questionnement trop appuyé sur la vie privée, allusions verbales...) il faut :
*Accepter de voir / reconnaître le pb.
*Savoir dire NON/STOP ( connaître ses limites).
*Rappeler le cadre de la mission.
*Rappeler le règlement signé par le bénéficiaire.
*Faire venir un tiers ( famille / hiérarchie )

Quand il y a attouchements, gestes déplacés, regards appuyés ( touché les parties sexués du corps de l'intervenante : visage, cheveux, dos, poitrine, regards insistants ds le décolleté...), salutations trop appuyés, propositions indécentes, il faut:
*Reprendre l'étape ci-dessus.
*Quitter la mission
*Appeler la hiérarchie et faire un écrit.
*Passer le relais.

Quand il y a passage à l'acte avec violence, type plaquage contre le mur/porte, tentative d'embrasser ou même viol, il faut:
*Avoir recours à la loi et porter plainte( en main
courante sauf si viol)
*Reprendre les 2 autres étapes .

Voilà en espérant que ces infos pourront vous aider dans votre situation.

[bloodia]

Bonjour,
j'ai le mème soucis avec un bénéficiaire sauf que dans mon cas il n'y a pas d'alcool, pour lui je penses qu'il croit que je suis une auxiliaire sexuelle: attouchements, propositions et j'en passes.
j'ai bien suivie ce que tu as dit Marianne67
néanmoins j'ai peur d'aller chez lui et ma hiérarchie m'oblige a y retourner.
là j’écris une lettre avec AR pour effectuer mon droit de retrait, mais est ce que je peux, tout en prévenant mon employeur ne plus me présenter chez lui du jour au lendemain ???

[molly]

Lorsque'il y a atteinte à son intégrité physique, qu'une lettre avec AR a été envoyée à l'employeur et qu'elle reste sans réponse, je pense qu'il faut se tourner vers le médecin du travail, en demandant un rendez-vous directement sans passer par l'employeur. On peut en même temps alerter l'inspection du travail.

[frida]

bonjour bloodia

"Article 19
Sécurité des salariés et droit de retrait
Le salarié signale immédiatement à l’employeur ou à son représentant toute situation de travail
dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie
ou sa santé.
Le salarié a le droit de se retirer de cette situation de travail sans encourir de sanction, conformément aux dispositions légales."

Le texte est donc très clair, du moment que tu as prévenu ton employeur du danger tu n'y vas plus du jour au lendemain c'est le principe du droit de retrait !!!
En plus tu as envoyé un recommandé donc "ma hiérarchie m'oblige a y retourner" ça n'existe pas, déjà est-ce qu'ils t'ont répondu ??? Attention si tu vas à la médecine du travail et que tu explique ça elle pourrait avoir de gros problèmes la hiérarchie !