cpe, harcèlement moral et Cie...

[camille]

Bonjour à tous ! Je m'appelle Camille, j'ai 21 ans et je suis étudiante en Master 1 (maitrise ou 4e année). Je m'intéresse beaucoup au harcèlement moral au travail, et je participe aux actions d'une association lilloise depuis plusieurs mois grace à une ligne téléphonique d'écoute pour les victimes de harcèlement.
Je travaille également sur le harcèlement dans le cadre de mon mémoire de recherche, et c'est pour cela que je poste une message dans ce forum.
J'essaye de mieux comprendre le phénomène du harcèlement moral, et plus particulièrement la souffrance terrible qui submerge les victimes. Pour ce faire, j'aimerais questionner quelques uns d'entre vous.
Ma population se doit d'être très spécifique, et j'aimerais poser quelques questions (par mail, téléphone, ou grâce à ce forum) à des cadres victimes de harcèlement de la part de l'un de ses supérieur hiérarchique (harcèlement vertical)

J'espère que vous serez nombreux à bien vouloir m'aider !
Merci de m'avoir lue en tous cas, merci de faire progresser la recherche pour aider les futures victimes, et à bientôt !

[Xan]

Je suis surpris de lire dans ce forum des réflexions du genre: "on fait le boulot du CPE". Les fainéants sont partout, y compris chez les CPE mais n'oubliez pas que le CPE est chargé du fonctionnement du service vie scolaire et qu'il n' a pas de compte à rendre à ses surveillants mais bien au principal. Il est en droit de vous demander telle ou telle tache si celle ci est du domaine de la vie scolaire.
Autre chose: Malheureusement le principal vous a demandé un certificat de scolarité (selon vous vous n'êtes pas obligé de le produire). Dans ce cas votre employeur n'est pas obligé de vous accordé vos heures de formations et vous devez donc effectué 1600 heures annuelles (au lieu de 1400 cf: statut des assistants d'éducation).
Dernière chose: si vous attaquer votre hiérarchie, surtout dans l'EN soyez irréprochable dans votre travail. Il se peut que vos collègues fassent les mêmes "erreurs", broutilles pour reprendre vos termes. Mais en l'occurrence c'est votre job qui est en cause, pas le leur.
Enfin, je tiens à vous faire part de mon expérience personnelle: Les syndicats vous accueilleront toujours avec le sourire et vous promettront soutien et aide. Tant que vous n'êtes pas titulaires les syndicats vous considèrent comme un non -titulaire et pas comme un salarié lambda. Ils reproduisent le système qu'il dénonce.
Pour terminer : un emploi c'est de l'argent en contrepartie d'un travail. Pour respecter le contrat l'employeur doit vous payer. De votre coté vous devez faire le travail correctement.
bien à vous
xan

[mobilisé]

je pense que les syndicats sont composés de personnes et que les personnes entendent plus ou moins les autres. parfois tres bien, parfois moins bien. cela depend de la formation reçue. dans mon syndicat, localement, on milite beaucoup pour les contractuels, la precarité et le harcelement moral.

si dans le votre ce n'est pas le cas, lancez vous dans le militantisme et faites ce travail interesant (pas de chomage sur ce sujet mais salaire faible: petite decharge syndicale)

dans internet, lire le harcelemnt de philippe arques, un bon article sur le concept d'autonomie.

bon courage a ceux qui sont harcelés en ce moment. ça arrive et il faut militer plus. le monde a besoin de vous pour être transformé.

un jour alors les gens biens se leveront et parleront plus fort que les gens qui font du mal. a nous de recreer du lien social, moins de peur, moins d'egoisme.

[xan]

Vous êtes certainement convaincue du bien fondé de votre action, mais vous essayez de vendre VOTRE soupe, celle de VOTRE syndicat."dans mon syndicat"

Militer ? Non merci, mon métier c'est de m'occuper des enfants et ça me prend tout mon temps, les adultes sont censés savoir s'occuper d'eux.

"un jour alors les gens biens se leveront et parleront plus fort que les gens qui font du mal. a nous de recreer du lien social, moins de peur, moins d'egoisme"
Vous êtes touchante mais un peu naïve. Les bisounours ne seront jamais élus à la présidence de la république.

[mobilisé]

les jugements de valeur sont le propre des humains. ils appartiennent a chacun et ne sont que leur verité.

c'est ça qui est bien.

je milite pour l'intersyndicale sur le sujet harcelement. et d'autres aussi.

seule ce travail sans frontiere, sans barriere fera avancer ce monde. utopie ou tendre vers...

tendre vers...

libre a chacun de penser et surtout d'agir. j'eleve des jeunes, je milite au syndicat et je m'engage en association. un travail partout comme humain optimiste malgré les tempetes

[charlotte]

Noelle je pense que tu devrais contacter la presse ce genre d'histoire harcèlement et tout et tout surtout dans l'éducation nationale ca ferait les choux gras de la presse, ca ferait une tres mauvaise pub a ton bahut et au principal et ca leur ficherait les jetons!! essaie ca ne coute rien... bon courage!!
et surtout conserve tout ce que tu peux recevoir comme courrier de leur part et essaie d'accumuler un max de preuves pour mettre toutes les chances de ton coté et te protéger...
encore une fois courage, je sais ce que c'est mon CPE est aussi un gros malade dé ja viré de l'académie de lille et celle de paris! on se demande comment il fait pour exercer encore! réponse: c'est l'éduc ntionale
!!

[Solène]

Bonjour. Je suis très contente d'être tombée par hasard sur ce message car je suis dans le même cas que toi au niveau du harcèlement moral. Je suis assistante d'éducation dans un lycée professionnel depuis un peu moins d'un an et depuis le début de mon contrat la CPE fait tout pour me gâcher la vie. Je ne suis pas la seule dans ce cas, mes collègues, des agents de services et des élèves subissent le même sort, mais avec moi c'est particulièrement fort. J'ai supporté cette situation sans me plaindre auprès de l'administration, mais la semaine dernière elle m'a carrement demandé de changer de métier en me disant que je n'avais pas les qualités pour exercer ce métier. Elle m'a convoquée dans le bureau du directeur (qui est bien sûr persuadé qu'elle dit la vérité)et m'a accusée de mal me comporter avec les élèves. Sur le coup j'étais un peu sonnée. J'ai donc entreprie de faire un sondage auprès des élèves, des profs, des agents de services pour savoir si effectivement ils avaient l'impression que je les agressais, mais ils m'ont tous répondu que non. Je ne sais pas comment me sortir de cette situation. J'ai très peur car elle m'a menacer de composer un rapport sur moi. Je pense que la seule solution pour me sortir de cette situation qui me gâche la vie c'est de partir dans un autres lycée.
Qu'est-ce que tu en penses?
As tu une solution?
Merci d'avance si quelqu'un me repond.

[follet]

lisez le livre
le harcèlement dans l'enseignement chez l'harmattan
d'arques

[sylvie24]

bonjour Noëlle,
j'ai vécu la même chose que toi dans un autre secteur d'activité et de surcroit dans le privé.Je n'ai pas pu prouver le harcèlement moral car mes collègues (2 seulement) avaient peur de perdre leur job, quel courage !!!)Surtout ne te laisse pas faire et je lis que ce n'est pas ton intention, mais fait très attention à tout faire dans les règles et surtout essaies de récolter le maximum de témoignages écrits des collègues qui te soutiennent si tant est qu'il voudront encore le faire.Dans ton malheur tu as la chance que je n'ai pas eue d'être dans un établissement public où le personnel est nombreux et assez protégé (contacte les représentants syndicaux).
Enregistre tout ce que tu peux même si cela n'a pas de valeur juridique parait-il, ça peut influencer une instance ou décourager les harceleurs !! Tu as raison de te battre car ces comportements sont de plus en plus fréquents dans le monde du travail lorsqu'un employeur veut se débarrasser de quelqu'un à moindre frais, c'est à dire en poussant à la démission.
Tu connais l'expression: "lorsqu'on veut se débarrasser de son chien ,on dit qu'il a la rage!!"
Moi j'ai fait une dépression après avoir résisté 3 ans et je n'ai jamais pu faire reconnaitre le harcèlement moral.Je suis partie.
J'en souffre encore alors que tout cela s'est passé il y a 5 ans.
Bon courage.

[noelle]

Il s'est passé du temps depuis mon dernier post, du temps, et du changement, puisque... je suis partie du lycée où je travaillais.

J'ai bataillé au quotidien pour mener mon contrat jusqu'à son terme, en Aout 2007. Et croyez-moi, ça n'a pas été simple !

Faire face chaque jour aux mensonges tordus de ma supérieure hiérarchique sans me compromettre m'ont laissée sur les rotules, mais avec le recul, j'ai la fierté de ne pas m'être laissée faire et le sentiment d'avoir vaillament accompli la mission pour laquelle j'avais été engagée...

Pour en arriver là, il a tout de même fallu beaucoup de ténacité et de patience. Il a également fallu traverser d'autres moments difficiles et retrouver par la suite une confiance largement malmenée...

Pour reprendre l'expression de Sylvie un peu plus haut, "quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage", c'est bien vrai, et cela a le mérite de semer le trouble partout une fois que la rumeur est lancée !!! et cela marche même pour certains qui ont laissé des commentaires dans cette discussion ! S'ils lui en veulent autant, c'est sûrement qu'il y a des choses à lui reprocher... Et bien non, même pas !

Pendant mes quatres années de service dans ce lycée, j'ai toujours fait en sorte que mon travail soit fait correctement:

-pour le côté "administratif", j'ai toujours été irréprochable. C'est même nous -moi et quelques collègues motivés- qui avons tout remis à plat dans le service pour qu'il fonctionne enfin correctement. Et cela n'était sûrement pas grâce, ni aux formations qu'on nous a donné (les nouveaux ne sont jamais formés par la même personne, donc personne ne fonctionne pareil), ni à la collaboration de nos cpe, qui ne voyaient jamais de problèmes nulle part (forcément, quand on brasse de l'air...). Pour faire simple, avant qu'on se remue, il n'y avait aucun suivi des élèves mis en place: une gamine de seconde pouvait avoir 17 jours d'absence aux vacances d'Octobre, que pas une fois elle n'avait été convoquée pour s'expliquer; certains cumulaient une trentaine de retards par mois, et personne ne trouvait rien à leur dire ! Le suivi se faisait simplement au hasard et ça convenait tout à fait aux supérieurs, évidemment, lorsque nous avons mis en place une vraie procédure, là, ça leur faisait plus de boulot !

Je me suis investie dans ma relation avec les élèves, j'étais à leur écoute, notemment à l'internat. J'ai fait du soutien scolaire gratos. J'ai oeuvré pour remettre en bonne route l'association des lycéens gérée par ma cpe névrosée, et cela dit en passant en déficit de 1600 euros !!!! (alors qu'ils n'y vendaient que des confiseries style Mars ou KitKat !)

Pendant trois ans, cette même cpe a toujours trouvé que je faisais du bon boulot, elle disait toujours qu'elle pouvait me faire confiance et qu'on pouvait compter sur moi...

Pourquoi un tel changement alors ? Et bien tout simplement, parce qu'un jour, au début de ma 4e année de service, j'ai pris ouvertement la défense d'une de ses collègue cpe. Un peu larguée il est vrai. La cinquantaine, elle ne travaillait pas beaucoup, et ne comprenait souvent rien à rien c'est clair. Mais j'ai été de ceux qui ont trouvé qu'elle n'était pas traitée correctement et qui l'on dit ouvertement. Car non, je ne trouvais pas ça normal de l'insulter devant les élèves, de fouiller dans son bureau en son absence pour trouver des soi-disant preuves de son incompétence ou de lui coller des rapports pour des trucs futiles, mais alors, futiles, vous n'avez pas idée...

Je suppose que la cpe avec qui j'ai eu des problèmes a dû se sentir "trahie"... et c'est là que ma galère a commencé !

Heureusement pour moi, mes collègues m'ont soutenue et on est toujours resté une équipe soudée (mais ce n'est pas toujours le cas partout hélas...).

De plus, certains évènemenents m'ont permis d'avoir un peu plus de "lest":

d'abord, le dossier dans lequel cette cpe et le proviseur mettaient toute leur énergie et leur temps - à savoir se débarasser de leur collègue dont j'ai parlé tout à l'heure - a eu un mauvais retour pour eux: la collègue en question ayant porté plainte pour harcèlement, le rectorat a envoyé une inspectrice qui a conclu qu'ils avaient pris beaucoup trop de libertés dans leurs manières de faire... Ils se sont bien fait taper sur les doigts et leur amour-propre en a pris un sacré coup !

ensuite, après avoir particulièrement bien géré l'intrusion d'un ado extérieur au lycée (avec cran d'arrêt et menace de mort sur un de nos élèves), j'ai eu l'immense jouissance d'être à la gendarmerie pour déposer au moment où notre cher proviseur se faisait sérieusement reprendre pour ne pas avoir daigné les appeler sur le moment... celui-ci avait en effet trouvé que les évènements ne nécessitaient pas leur intervention (quand il était arrivé, j'étais en train d'appeler le 17, il m'avait obligée à raccrocher) et il n'est allé déposer plainte que parce que j'y allais moi-même et que du coup, ça faisait un peu tâche qu'il n'y aille pas...

bref, quelques menues victoires qui leur ont rabattu le caquet...

De toute cette histoire, je retiens seulement que:

1. mon contrat n'a pas été renouvelé. J'ai été écartée sans aucun moyen de faire valoir quelques droits que ce soit. Etre AE, c'est être à la merci et à la botte de gens mauvais lorsque l'on tombe dans un mauvais établissement.

2. les syndicats n'ont été d'aucun soutien, à aucun moment.

3. toutes mes galères n'auront même pas servi à mes collègues encore en poste, puisque cette année, un autre a pris ma place de tête de turc ! A partir du moment où ils sont titularisés, les cpe, les proviseurs, ne risquent pas grand-chose en fin de compte, et certains n'hésitent pas à se comporter comme de véritables bourreaux...

4. je suis bien contente d'être sortie de ce système où, si vous n'êtes pas titulaires, vous n'avez aucune légitimité, ni lorsque ça va bien, ni lorsque ça va mal !

Moralité, tenez bon, mais ne perdez pas de vue, qu'être AE, c'est un statut tout ce qu'il y a de plus précaire, sans aucune reconnaissance de votre travail et où vous serez toujours tributaires du bon ou du mauvais caractère des autres sans pouvoir rien y changer...

mais que ce n'est qu'une étape, la vraie vie commence après...

je souhaite beaucoup de courage à ceux qui sont dans la galère, merci à ceux qui m'ont témoigné leur soutien...