Pour être notifié de nouveaux messages, entrer dans un forum puis cliquer sur "S'abonner au forum" (+ infos)

Nourrice...non! Assistante maternelle ...oui!

La communauté Assistante maternelle se retrouve sur Les forums du Social depuis plus de 20 ans pour échanger sur les concours, le métier, le diplôme, la formation, la sélection, le salaire, la carrière, les débouchés, la profession, etc.
Brigitte

Nourrice...non! Assistante maternelle ...oui!

Message non lu par Brigitte » 29 sept. 2008 14:10

Pour nous étonner un peu, nous faire sourire peut-être, rien de tel qu’un petit détour par le passé, dans les années 1600 à 1800. Comme tout à cette époque semblait facile, comme il était simple et non contestable de définir des critères d’embauche ! La CNIL n’existait pas encore, ni les lois protectrices des usagers, tout ou presque était permis. En témoigne l’ampleur des ouvrages sur le sujet, précisant avec un luxe incroyable de détails les qualités requises. Les procédures à respecter avaient la même force qu’aujourd’hui.
Une bonne nourrice d’autrefois se choisissait surtout par une étude de sa morphologie : « Choisissez une nourrice exempte de toute maladie et qui ne soit pas trop jeune. La plus jeune ne doit pas avoir moins de 25 ans à 29 ans, la plus âgée plus de 35 ans. Qu’elle ait la poitrine large, les seins développés, les mamelons ni trop saillants ni déformés, du reste elle ne doit être ni trop grasse ni trop maigre. Il est avantageux pour le nourrisson que la nourrice ne soit pas accouchée depuis longtemps et surtout que ce soit d’un enfant mâle. Qu’elle ait de belles dents, les membres supérieurs et inférieurs bien développés, qu’elle ait de l’esprit, de la gaieté dans le caractère… Elle doit être brune parce que chez la brune la glande mammaire est développée tandis que chez la blonde qui est ordinairement d’un tempérament lymphatique la glande est petite et entourée de beaucoup de graisse .
Pour recruter, on palpe, on soupèse, on s’enquiert comme sur un marché de bovins de l’origine de la nourrice, car une nourrice issue de la Bourgogne, de la Côte-d’Or, de la Nièvre ou de la Bretagne est plus cotée. Les blondes sont moins appréciées que les brunes, mais ce sont surtout les rousses qui sont pénalisées : « Les rousses laissent à désirer sous plus d’un rapport. Elles exhalent une odeur pénétrante et désagréable qui serait repoussante pour l’enfant, leur lait est séreux, il occasionne facilement la diarrhée. » Et puis « les rousses sont réputées ardentes en amour, mieux vaut s’en méfier ». On palpe, on tâte et on pénètre, rien ne doit échapper à la vigilance du recruteur. On ne recule devant aucun examen pour attester de la « fraîcheur » de la nourrice et de sa bonne moralité. La nourrice doit « être de médiocre beauté », elle ne doit pas concurrencer la mère et, peut-être, séduire le mari de cette dernière ; l’haleine doit être douce et sans odeur, et le choix ne peut se fonder sur un « seul coup de cœur », une rencontre entre parents et nourrice. L’affaire est trop grave pour qu’on la laisse à l’arbitraire. Seuls les médecins sont compétents en ce domaine, car pour juger de la moralité de la nourrice, toutes les cavités corporelles sont à explorer. « Il faut examiner l’anus, les organes génitaux et l’intérieur de la bouche, parties qui sont plus spécialement le siège de l’affection syphilitique… La nourrice sera visitée avant son admission. Aucun scrupule, aucune résistance ne doit arrêter le médecin. Sans une exploration à fond, les maladies contagieuses pénétreront dans les familles les plus pures par la porte de l’allaitement. »
Le lait de la nourrice, comme son enfant, font également partie de l’examen. Mais si le lait de la nourrice ne peut faire l’objet d’une tromperie, on se méfie tout de même de l’enfant présenté. N’a-t-on pas vu des nourrices rusées se servir d’enfants joufflus, en bonne santé, empruntés pour la circonstance à quelque amie complice ?

A cette évocation du passé, nous mesurons la précision des critères, la férocité de la sélection, qui n’a rien à envier à celle d’aujourd’hui, mais nous pouvons aussi réfléchir aux repères qu’une société se donne à un moment donné de son histoire pour valider ou rejeter une candidature.

Répondre