bonjour, je suis éduc spé en structure d'hébergement pour des adultes handicapés mentaux travaillant en esat. je viens d'arriver dans l'équipe pluri depuis 2 mois maintenant. ma place en tant que "nouvelle" professionnelle met en éveil peut-être plus que jamais à l'heure actuelle des remises en question de certains fonctionnements dans la pratique éducative. je m'explique: il existe une caisse commune où est entreposé "l'argent de poche" des résidents.(il y en a une trentaine)et cette pratique me dérange plus que jamais.
j'ai en effet monté en équipe dans la structure précédente un projet de mise en place de caisses individuelles (les personnes étaient en foyer de vie donc présentaient de plus grandes dépendances quant à la représentation, la compréhension qu'elles ont de leur argent personnel). et pourtant, je peux m'appuyer en plus de la loi 2002-2, 2005, sur de nombreux arguments sur les effets constructifs que cela a induit tant dans la réflexion pour les professionnels du sens de cet accompagnement éducatif,que des biens-faits dans la pratique pour les résidents (la caisse est un élément qui porte des limites spaciales quant à son contenu, ce qui permet un travail sur la notion de propriété. on ne travaille pas ici sur la valeur de l'argent qui n'est pas acquise mais sur ce qui est véritablement à soi et pas à l'autre...si la caisse est vide, alors le résidant peut avoir plus de facilité à comprendre qu'il n'est pas en mesure de faire des achats,on ne passe pas par la verbalisation où la conceptualisation est sans doute beaucoup plus complexe mais par un support concret...etc...j'ai été témoin que certains résidents pouvaient, au bout de quelques mois, investir leur caisse (l'identifier, donner plus de sens à ses achats,faire des économies pour réaliser certains projets honéreux..., et à moyen et long terme, être en mesure de payer seul à la caisse. j'ai, je pense de nombreux autres arguments concrets à amener...mais voilà...plusieurs choses font entrave: j'ai déjà soumi cette idée (ou sous une autre forme...)à certains de mes collègues , en argumentant et j'ai le sentiment que je touche à un sujet brûlant. et je n'ai pas vraiment eu de réponse satisfaisante au bien fondé d'une caisse commune. je ressens beaucoup de réticence au changement (vous me direz inhérente au métier...oui oui, je sais, en 3 ans d'expérience, j'en ai déjà eu beaucoup ...!!!)mais où le confort personnel primerait sur le sens que l'on donne à cet accompagnement et où donc l'intérêt du résident passe en second. je peux avoir pour réponse: "ça ne peut se faire, ils sont beaucoup trop...multiplier les caisses..pfou...avoir 50000 clefs différentes...mais moi je l'ai fait pour 50 personnes où pour chacune il y avait un sens à cette mise en place, et en plus aucune perte de clefs...
enfin bref, j'aimerai re-soumettre mes idées, mais cette fois-ci en réunion d'équipe, devant tout le monde et j'aurai peut-être aimé avoir de l'aide dans "l'art et la manière" d'amener mes arguments sans passer pour la personne qui montre du doigt ses collègues et leur manière de faire ainsi que le fonctionnement institutionnel qui est visé (car je sais qu'il y a un gros risque que cela soit mal interprété). moi je veux aboutir à de la réflexion, de la discussion, qui peut a fortiori, amener à une réévaluation de notre façon de faire actuellement.
en plus ce qui est en jeu, de mon point de vue, c'est le fait de cumuler mon arrivée dans une équipe déjà existante depuis plusieurs années et en plus d'être la seule éducatrice spécialisée (et ça passe mal: "pourquoi est-elle plus payée que nous alors que dans la pratique on a les mêmes responsabilités? ...ou ça fait 10 ans que je bosse, c'est pas elle qui va nous apprendre des choses, elle se croit supérieure???
enfin bref, j'avais aussi envie de demander l'avis à des directeurs et directrices. merci si vous pouvez me donner votre point de vue.
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