Pour être notifié de nouveaux messages, entrer dans un forum puis cliquer sur "S'abonner au forum" (+ infos)

Article du Monde.fr

La communauté Auxiliaire de Vie Sociale se retrouve sur Les forums du Social depuis plus de 20 ans pour échanger sur les concours, le métier, le diplôme, la formation, la sélection, le salaire, la carrière, les débouchés, la profession, etc.
odalixe

Article du Monde.fr

Message non lu par odalixe » 26 févr. 2010 22:10

Voici un article du Monde d'hier, qui en dit long sur les difficultés et le pourquoi du malaise sur le terrain.
On en est qu'au début de l'hécatombe, et ce qui arrive à certaines associations n'est pas à prendre pour un épiphénomène.
Vous allez comprendre pourquoi.

C'est long à lire, mais tellement explicite sur ce que nous vivons actuellement, et sur ce qui nous attend.

L'article titre ainsi:

L'aide à domicile aux personnes âgées. Silence, on ferme ! par Florence Jany-Catrice
LEMONDE.FR | 25.02.10 | 17h58

" Flambeau des services à la personne par le nombre de salariés (l'enquête concernant l'emploi dénombre 470 000 aides à domicile), par les perspectives annoncées de création d'emplois (l'ensemble des services à la personne devait créer 500 000 emplois en trois ans, selon un contrat d'objectifs et de moyens liant l'Agence nationale des services à lapersonne [ANSP] et l'Etat), l'aide à domicile est-elle en train de sombrer dans l'indifférence générale ?

Regardons-y de plus près. D'abord, l'aide à domicile est l'une des activités du champ des "services à la personne", un ensemble très éclectique (de l'aide à domicile auprès de personnes dépendantes au coaching sportif pour hauts cadres, en passant par le soutien scolaire et le ménage) ainsi nommé depuis la mise en application du plan Borloo dit "de cohésion sociale". En regroupant des activités relevant d'une part de l'action sociale (l'aide à domicile auprès des personnes âgées dépendantes) et, d'autre part, d'un marché lucratif de services pour ménages aisés (les services de ménage, et plus généralement de confort, cible principale du plan Borloo), de nombreux dispositifs publics ont visé à "rationaliser" l'activité indistinctement, mettant en danger les associations qui œuvrent dans ce champ.


On identifie plusieurs raisons de cette fragilisation des acteurs historiques du champ de l'action sociale. D'abord, cette rationalisation a rimé avec l'ouverture du marché, invitant les usagers à "choisir leur offre", provoquant une véritable "chalandisation" du social (M. Chauvière). Ensuite, par l'extension du chèque emploi-service universel et par la banalisation du recours au "gré à gré" (situation dans laquelle l'usager est son propre employeur, et le salarié est couvert par une convention collective minimaliste), le plan Borloo a stimulé l'emploi direct "discount", contribuant ainsi à créer des distorsions fortes dans l'accès aux services. Bien que financeurs de la principale aide sociale du champ (par l'intermédiaire de l'aide personnalisée à l'autonomie [APA]), les conseils généraux n'ont aujourd'hui plus la possibilité de s'opposer au développement de ces emplois dégradés, et sont sommés par les préfectures de laisser le "libre choix" aux usagers.

Dans ces conditions, comment s'étonner que les associations peinent à faire face au dumping économique et social que provoque cette multiplication d'emplois directs précaires ? Leur fragilité est d'ailleurs aggravée par la sédimentation de lois, souvent contradictoires, qui ont modifié des règles du jeu à peine mises en place. Ainsi, par exemple, en souhaitant favoriser la professionnalisation des salariés du champ, la loi de modernisation de l'action sociale de 2002 invitait les employeurs à entrer dans des programmes de qualification diplômante de leurs salariés, en particulier en favorisant, souvent par la validation des acquis et de l'expérience, l'accès au diplôme d'Etat d'auxiliaire de vie sociale. Trois ans plus tard, le plan Borloo a mis à bas cet édifice en centrant davantage son dispositif sur la professionnalisation des structures, et nettement moins sur celle des personnels de service au contact direct des usagers.

Les associations se sont retrouvées ainsi avec des salariés formés, qu'il fallait rémunérer en conséquence, dans une situation de disette de fonds publics. En effet, la loi de décentralisation de 2004 a, elle aussi, percuté cette logique, fragilisant plus encore les comptes sociaux des territoires, l'Etat ne compensant pas financièrement l'ensemble des compétences d'action sociale transférées aux conseils généraux. Dans un souci de "maîtrise" des dépenses publiques, ces derniers ont souvent limité et continuent de limiter la croissance des dépenses d'APA, fragilisant d'autant plus ces organisations. Les caisses régionales d'assurance maladie, qui interviennent sur le champ de la dépendance légère (groupes iso-ressources GIR 5 et 6) ne sont pas en reste, refusant souvent d'ajuster les tarifs conventionnés auprès des associations.

Pendant ce temps, par les généreuses déductions fiscales qu'il reconduit tous les ans, l'Etat n'hésite pas à dépenser annuellement près de 3,6 milliards d'euros, selon le dernier rapport de la Cour des comptes (2010), pour financer les services de confort dont profitent pour l'essentiel les 10 % des ménages les plus riches.
Ces dépôts de bilan et ces fermetures ne sont pas un épiphénomène et relèvent d'une restructuration profonde de l'action sociale en France. Comme l'aide à domicile est une activité réalisée à 98 % par des femmes, souvent peu qualifiées, ce sont sur elles que pèseront en dernier ressort les inconsistances et insuffisances des politiques de l'emploi. Ces fermetures se feront dans un silence que ne viendront pas non plus perturber les personnes âgées les plus fragiles socialement, qui iront sans doute se fournir au mieux sur le marché du gré à gré, au pire dans l'emploi au noir, à moins qu'elles ne renoncent à ce qui devrait être un droit, celui d'une vieillesse vécue dans la dignité"

Florence Jany-Catrice est membre du Centre lillois d'études et recherches sociologiques et économiques (Clersé), Université Lille-1.

Claude

Re: Article du Monde.fr

Message non lu par Claude » 27 févr. 2010 13:49

Bonjour Odalixe

Le journaliste du Monde fait une analyse très juste de la situation, cependant je regrette qu'elle soit très partielle. Beaucoup d'autres facteurs expliquent les difficultés des associations de proximités qui ont leur part de responsabilité dans la difficulté qu'elles ont à se faire entendre des pouvoirs publics.

Soit, on peut reprocher beaucoup au présent gouvernement qui veut privilégier les emplois directs et entreprises de profit. Mais le secteur associatif est loin d’être blanc comme neige. Si vous prenez l’exemple de l’***** 29 vous constaterez vite qu’il y a du ménage à faire dans ces grandes institutions associatives, et ceci à l’échelon national et jusqu’au sommet de l’échelle hiérarchique.

Ces associations (regroupées ou non en fédérations départementales chapeautées par une fédération nationale), ces associations n’ont plus rien d’institutions démocratiques, car elles sont gouvernées par des autocrates. Quand le pouvoir est usurpé par des manipulateurs au niveau de beaucoup d’associations locales, c’est tout l’édifice qui se retrouve gangréné. Comment attendre alors que les premiers concernés, les personnes âgées et leurs familles, manifestent un quelconque mécontentement face à l’écroulement du système associatif ? Le terme associatif s’est vidé de sens car ces associations (et leurs fédérations) sont gouvernées par des imposteurs qui ne représentent plus leurs adhérents (que l’on appelle clients-adhérents à l’*****).

Ayant écarté leurs adhérents du droit à être représentés dans la maison (voir de quelle manière les associations invitent leurs adhérents aux assemblées générales et les associent à leurs gestion et projets…), ces institutions ne peuvent plus mobiliser leur base (le peuple des adhérents), car elles n’ont plus de base. Elles sont donc condamnées à s’écrouler. Et le gouvernement à beau jeu de faire ce qu’il veut, il sait bien que ce système associatif n’a plus d’assise légitime et que par conséquent sa mort ne soulèvera pas les foules.

odalixe

Re: Article du Monde.fr

Message non lu par odalixe » 27 févr. 2010 17:04

Merci Claude pour l'attention que vous avez porté à l'article!

N'étant pas du 29, mais d'un département voisin, mon analyse rejoint cependant la vôtre, et je cautionne particulièment votre conclusion: il y a déjà un moment que j'étais sur cette piste-là, à savoir qu'on arrivait à la fin du mode associatif en matière d'aide à domicile.

Cet article du Monde ne fait que corroborer celui de Ouest-France du 12 février qui lui , portait un peu mieux l'accent sur les problèmes de gouvernance, de dérives...etc

Je n'osais l'exprimer, et au moins ce forum à l'utilité de mettre en mots une intuition que je taisais jusque-là.

moi

Re: Article du Monde.fr

Message non lu par moi » 03 mars 2010 13:38

Odalixe, j’ai retrouvé l’article Ouest France du vendredi 12 février 2010


L'aide à domicile auprès des plus fragiles vacille

Des associations qui travaillent auprès des personnes âgées ou handicapées rencontrent des difficultés financières. Le désengagement de l'État auprès des conseils généraux est pointé du doigt.
Mauvaise passe

Chaque jour, ils aident les « petits vieux », les personnes handicapées, à faire leur toilette à la maison, leur apportent leur repas ou font leur ménage. Ce sont des auxiliaires de vie, des femmes surtout, majoritairement embauchées par des associations, comme l'*****, l'Aide à domicile en milieu rural.

Le secteur a le vent en poupe, la population vieillit, l'activité se densifie. Et pourtant : à l'instar de l'***** du Finistère, les associations (250 000 salariés au total) vont mal. Très mal. Déficits, cessations de paiement, liquidations judiciaires... En 2010, entre 300 et 400 structures pourraient rencontrer de graves difficultés.

Financeurs désengagés

Où est le problème ? État, conseils généraux, caisse de retraites « ne financent plus à hauteur des coûts engagés », pointe David Duizidou, président de l'Union syndicale de la Branche professionnelle à domicile (employeurs) et vice-président de l'***** nationale (3 350 associations et 100 000 salariés).

C'est le cas, par exemple, de l'Apa, l'Allocation personnalisée d'autonomie. Une allocation financée par les conseils généraux « avec l'aide de l'État. 50 % auparavant, et seulement 30 % aujourd'hui », dénonce André Flageul, président de l'Union nationale de l'aide à domicile (1 200 associations). Situation d'autant plus intenable que les pouvoirs publics ont demandé aux associations de se professionnaliser, ce qui fut fait, « mais sans en assumer les coûts, qui ont augmenté ».

Gestion artisanale

Le bénévolat fait « l'âme » des associations. Mais ici et là, on pointe aussi des problèmes de gouvernance un peu « artisanale » chez certaines. « Il y a eu, parfois, des dérives financières, trop de personnels administratifs embauchés, ou des directeurs se versant de bons salaires... » dit Maryvonne Nicolle, secrétaire nationale de la fédération santé-sociaux de la CFDT.

Une concurrence accrue

Les associations, acteurs historiques de l'aide à domicile auprès des plus fragiles, ont vu, en outre, le marché s'ouvrir à des entreprises privées, en 2005, avec la déréglementation du secteur par la loi Borloo. Mais le gros de la concurrence vient surtout des « emplois directs », des aides à domicile directement employées par les personnes âgées, vers lesquelles « poussent » les conseils généraux car elles sont moins chères (et moins protégées).

Au-delà des problèmes financiers, les salariées « se retrouvent, elles, avec des emplois du temps de plus en plus serrés, à devoir faire en un quart d'heure ce qu'elles faisaient avant en une demi-heure. On est à la limite de la maltraitance... »,s'inquiète la CFDT.

Choix de société

Que faire ? Les associations veulent que soient revus les modes de financement, et réclament le déblocage de fonds d'urgence. « On va droit dans le mur si on ne se penche pas sur la question », craint David Duizidou. « Une vraie question de société », insistent tous les acteurs du dossier.

« Voulons-nous une action sociale, basée sur la solidarité nationale, qui prenne en charge les plus fragiles ? », demande la CFDT. Ou faut-il considérer que l'aide sociale à domicile, relève, comme aujourd'hui, « d'une marchandisation » au même titre que les travaux de jardinage ou de dépannage informatique, interroge la chercheuse Florence Jany-Catrice, coauteure d'un ouvrage sur le sujet.
Carine JANIN.


Concernant les dérives, il ne parle que de gestion artisanale, c'est un peu léger comme commentaire avec tout ce qu'on apprend sur la gouvernance dans le 29

odalixe

Re: Article du Monde.fr

Message non lu par odalixe » 03 mars 2010 21:57

Merci Moi, de permettre une lecture comparative des deux articles.
Celui-ci est sans doute inspiré par les travaux de la coauteure Florence Jany-Catrice, dont celui du Monde est directement tiré.

Répondre