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par Diana » 28 juil. 2005 00:38
Bonsoir Léna, Isa, Chantal, et tout le monde,
J'aimerais vous apporter mon témoignage de toute jeune TISF et déjà désabusée.
Voilà je suis TISF depuis juin dernier. Actuellement j’effectue des remplacements d’été en *****, je n’ai qu’une dizaine d’heures de travail par semaine. Le travail ? des gardes d’enfants et du ménage… la plupart des interventions sont de 3 heures… 3 heures de travail rémunérées à 10.549 € brutes de l’heure… et 2 heures de trajet aller-retour non rémunérées, seulement indemnisées à 0.32€/km… je dois me débrouiller pour arriver chez les gens (des lieux dits pas toujours bien signalés), mon forfait téléphone n’y suffit pas (frais pas pris en compte)… Il m’arrive d’avoir plus de 50 km à faire le matin pour me rendre dans la première famille. À midi j’ai 1 heure d’interruption pour me rendre dans la seconde famille distante de 80 km, je traverse des gros bourgs et une ville assez importante aux heures de pointe… pas le temps de souffler et de déjeuner ! Fort heureusement les gens sont très gentils et ça me plaît de m’occuper de petits enfants. Mais côté financier je perds beaucoup à travailler ainsi !
Je n’imaginais pas ainsi le travail de TISF, ni rencontrer de telles conditions d’emploi !
Au mois d’août j’ai un emploi d’animatrice en Centre de loisirs dans ma commune, c’est un plein temps, moins rémunéré (taux horaire) mais c’est à 5 minutes de chez moi à pied.
La coordinatrice de l’***** aurait souhaité que je poursuive les remplacements en août… mais je crois savoir que je n’ai pas d’avenir dans l’association… j’y ai réalisé mon stage D1 et P1 et je me suis vite rendu compte que les TISF manquaient d’activité et semblaient craindre pour leurs postes. Elles pensent que dans quelques mois leurs postes seront repris par des DEAVS. Dans notre département, il y a 2 types de poste de TISF bien distincts, les TISF intervenant uniquement pour le régime général (un peu plus de la moitié des effectifs de tisf du départ) et les TISF de la prévention. Pour intervenir dans le cadre de la prévention il faut plusieurs années d’expérience dans le régime général. Les départs en retraite ne seront pas remplacés par de nouvelles embauches, et les TISF du général craignent qu’il y ait prochainement des licenciements…
Qui suis-je et pourquoi avoir choisi ce métier ?
J’ai 22 ans. Après avoir obtenu un Bac STT j’ai voulu me réorienter vers un métier du social. J’ai fait une étude sur documentation au CIO et je me suis rendu à des portes ouvertes, écoles de Moniteurs Educateurs et TISF… c’est la rencontre d’une TISF habitant près de chez moi qui a été mon déclic… j’ai trouvé son témoignage bouleversant… D’autre part je ne me sentais pas la carrure d’un éducateur, d’une assistante sociale ou d’une CESF (conditions d’accès aux écoles trop difficiles après un bac stt). N’ayant aucune expérience du social, avant de présenter ma candidature à l’école de tisf de ma région, j’ai choisi de travailler durant un an à l’***** de ma commune. Je suis intervenue dans des familles avec enfants et auprès de personnes âgées. Cette expérience a été très riche d’enseignement et m’a complètement confortée dans mon orientation. De plus le Centre de formation promettait de nombreux autres débouchés en structures… ALORS J’AI SAUTE LE PAS !
De nombreux débouchés en structures ? HUM… j’ai un peu le sentiment d’avoir été dupée. Le diplôme de TISF n’est absolument pas reconnu par les conventions collectives… si bien que, si on a quelques chances d’être embauché à un poste intéressant avec responsabilités, on sera néanmoins exploité car non rémunéré en fonction de notre niveau de formation, et ceci durant de très nombreuses années…FAUT PAS REVER A une reconnaissance du métier dans les conventions collectives, les TISF sont trop peu nombreux en structures et trop disséminés sur le territoire national pour pouvoir un jour faire valoir les droits auxquels ils devraient pouvoir prétendre AU VU DE LEUR DIPLOME D’ETAT ! Pourquoi nous reconnaître nos droits quand on peut utiliser nos compétences pour 4 sous ! En structures on trouve des AMP qui font le boulot de ME et payés comme amp… des ME qui bossent comme ES et payés comme ME, des CESF payés comme ME… des TISF qui ont des responsabilités relevant de postes ASS, CESF ou ES et qui sont payés comme des femmes de ménage !
Pour travailler en structure et être récompensé en fonction de ses capacités et de son investissement, une seule solution : REPRENDRE LES ETUDES.
Pour terminer je dirais que notre formation n’a qu’un seul débouché possible : les associations d’aide à domicile qui ont des conventions collectives où notre statut est vraiment reconnu à sa juste valeur. Mais pour moi hélas c’est foutu, vu les perspectives dans mon département (je ne peux pas trop m’éloigner pour des raisons familiales). Je précise aussi que je n’ai aucune amertume envers l’*****, les associations font se qu’elles peuvent. L’avenir des TISF de mon département est fonction des décisions prises par nos élus du Conseil Général… c’est une question de choix de politique sociale et familiale.
Au plaisir de lire encore vos témoignages et réflexions.
Diana